Migrants: les transferts de migrants de Paris en région dénoncés par les associations et les élus

Par Vincent Solacroup
6 février 2024 15:30 Mis à jour: 6 février 2024 15:39

Un campement informel sous un pont de Paris où vivaient plus de 100 migrants a été démantelé mardi matin et une cinquantaine d’exilés ont été transférés en province. Cette politique de transfert a été dénoncée par les associations ainsi que par des élus.

Depuis plusieurs mois, des associations dénoncent un « nettoyage social » de la région francilienne, progressivement vidée selon elles de ses populations les plus précaires vivant à la rue en vue des Jeux olympiques 2024, tandis que les autorités font valoir que 120.000 personnes sont hébergées chaque nuit au titre de l’urgence en Île-de-France.

Des élus ont également dénoncé cette politique et ont indiqué leur refus d’accueillir des migrants en région. Le maire de Lavaur, Bernard Carayon (LR) a décidé d’organiser la fronde en adressant une lettre aux maires de France et en les appelant  à « faire part de leur refus d’accueillir des immigrés » dans leur village. Il juge cette politique d’une grande hypocrisie, qui vise à infliger aux campagnes, déjà bien mal en point, les problèmes des banlieues. « Vouloir transporter les migrants de Paris en zone rurale, c’est indigne. Ce ne sont pas des meubles que l’on déménage. Tout ça pour rendre la ville plus propre et les étrangers moins visibles : c’est révoltant », avait fustigé Bernard Carayon.

Mardi matin, les autorités ont procédé à l’évacuation du campement formé sous le pont Charles-de-Gaulle, qui relie la Gare de Lyon et la Gare d’Austerlitz, dans le 13e arrondissement de Paris, a indiqué sur X (ex-Twitter) le collectif Accès au droit, un observatoire inter-associatif qui a publié les photos de dizaines de tentes et de matelas à même le sol, encadrés par un dispositif policier.

Des bus vers Strasbourg, Angers et Orléans

Parmi les personnes vivant sur ce site, 46 ont été orientées en région à bord de trois bus à destination de Strasbourg, Angers et Orléans, tandis qu’une centaine d’autres personnes sont « reparties vers d’autres campements », selon les associations. « On continue d’éloigner les exilés de Paris. Après trois semaines de prise en charge, il se passera quoi ? Un retour à la rue ? », ont-elles questionné sur le réseau social.

Depuis leur création en avril 2023, plus de 3300 personnes ont été orientées vers des structures d’accueil temporaire hors d’Île-de-France, des « sas » ouverts par le gouvernement pour orienter les personnes migrantes à la rue en région parisienne.

« Beaucoup des exilés rencontrés ce matin avaient des contrats de travail en Île-de-France et ne pouvaient se permettre de quitter la région et de perdre leur emploi. S’ils ne montent pas dans les bus, c’est bien qu’il y a un problème avec la destination », a déploré auprès de l’AFP Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du monde, présent sur place.

Contactée, la préfecture de la région d’Île-de-France, responsable de ces opérations dites de mise à l’abri, n’a pas répondu dans l’immédiat.

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