Les experts en art restent perplexes face à un retable du XVIe siècle intitulé La Vierge à l’Enfant avec les saints Louis et Marguerite.
La National Gallery de Londres a récemment acquis cette œuvre de dévotion pour environ 19.5 millions d’euros. L’association American Friends of the National Gallery, London a contribué au financement de l’acquisition.
Le public pourra admirer le retable pour la première fois depuis plus de 60 ans, lorsque la galerie l’exposera dès le 10 mai. Ils découvriront également certains éléments surprenants de l’œuvre qui expliquent pourquoi son artiste reste un mystère.

Le retable
L’artiste a représenté une chapelle en plein air, avec le roi de France Saint Louis, Sainte Marguerite et deux anges musiciens entourant la Vierge et le Christ trônant.
La Vierge est pleine de grâce. Elle est vêtue de rouge, symbole de son humilité et de sa présence sur terre. Elle tient délicatement une fleur entre le pouce et l’index. Le Christ est assis sur ses genoux et joue avec un chardonneret, un animal de compagnie courant à l’époque médiévale et motif artistique symbolisant le chardonneret qui a arraché une épine de la couronne d’épines du Christ au Calvaire.
Saint Louis semble réaliste ; il pourrait presque s’agir de son portrait. Il porte une robe bleue brodée de fleurs de lys d’or et le collier de l’ordre de Saint-Michel, un ordre de chevalerie dynastique français.
La pieuse Sainte Marguerite sort de l’estomac du dragon qui l’a avalée. Sa prestance et sa robe opulente démentent l’épreuve terrifiante qu’elle a subie. Elle tient une croix incrustée de bijoux, symbolisant peut-être sa foi et le signe de croix qu’elle a fait et qui lui a permis de s’échapper miraculeusement.
L’ange à côté de Saint-Louis joue de la guimbarde, l’autre tient un livre de cantiques ouvert à Ave regina caelorum, Mater regis angelorum (Salut, Reine des Cieux, Mère du Roi des anges). Le peintre a réalisé des notations artistiques plutôt que des notations musicales précises pour la partition.
Détails charmants et singuliers
L’artiste a habilement rendu des détails exquis : les doubles nœuds de la chaîne de saint Louis, les pierres précieuses de la croix de sainte Marguerite et la lumière du soleil effleurant sa joue.
Il a également inclus des éléments inhabituels. Les figures du spectre de saint Louis pourraient symboliser le Jugement dernier, un thème étrange pour la ferronnerie d’art à l’époque. Le filet à paillettes de Sainte Marguerite, sa couronne de marguerites et l’oiseau sont tous des éléments inhabituels. L’oiseau pourrait faire référence à celui qui est descendu du ciel pour couronner Marguerite dans La légende dorée, un recueil de 153 hagiographies (biographies de saints) écrites par le chroniqueur italien et archevêque de Gênes Jacobus de Voragine entre 1250 et 1280.
Bien entendu, le retable regorge de références bibliques. Les chapiteaux de la chapelle en plein air sont sculptés d’épisodes de l’Ancien Testament : Adam et Ève, Caïn et Abel, Les raisins de Canaan et L’ivresse de Noé. Les marches en bois austères et les têtes de clous qui mènent à la Vierge à l’Enfant trônant sont particulièrement intéressantes ; elles pourraient symboliser la crucifixion du Christ. Selon la galerie, « aucun autre exemple de cette imagerie n’a survécu ».
Comprendre le retable
Le retable a été documenté pour la première fois en 1602, à l’abbaye de Drongen, à Gand, dans l’actuelle Belgique. Il n’est pas certain que le retable avait été commandé pour l’abbaye, mais il y a plusieurs liens frappants : les armoiries du monastère affichent la fleur de lys et un cygne (peint sur le pilastre de droite). De plus, en 1608, les moines ont consacré l’autel de l’abbaye à la Vierge et à Sainte Marguerite.
Les experts pensent qu’un artiste français ou néerlandais a peint l’œuvre vers 1510. Ils privilégient l’attribution à un artiste néerlandais car le bois de chêne utilisé pour le panneau provenait de la région de la Baltique ; les artistes français préféraient peindre sur des panneaux de bois locaux.
Selon la galerie, « L’excentricité générale du panneau et les visages dramatiquement raccourcis des saints et des anges rappellent les premières œuvres de Jan Gossaert (actif en 1508 et mort en 1532). […] La composition et l’exécution polyvalente, alternant des zones peintes en douceur et des détails minutieux avec des passages plus dynamiques, rendent également hommage à la tradition néerlandaise de Jan van Eyck (actif en 1422 ; mort en 1441) et Hugo van der Goes (actif en 1467 ; mort en 1482). L’impression générale de plasticité, de monumentalité et les ombres fortes rappellent l’œuvre de peintres français comme Jean Hey (Maître de Moulins) (actif en 1482, mort après 1504). »
L’auteur du retable reste pour l’instant un mystère. Pour les amateurs d’art et les fidèles, il s’agit, à n’en pas douter, d’une glorieuse œuvre de dévotion.
La Vierge à l’Enfant avec les saints Louis et Marguerite sera exposée à la National Gallery de Londres dès le 10 mai. Pour en savoir plus, visitez NationalGallery.org.uk
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