Notre santé est trop importante pour être confiée à l’État

Par PIERRE GARELLO
2 février 2023 17:17 Mis à jour: 2 février 2023 19:27

Après les laboratoires de biologie médicale, après les aides-soignants, après les urgentistes, c’est au tour de l’industrie du médicament de « mettre en garde le gouvernement » sur la situation périlleuse dans laquelle se trouvent les entreprises de ce secteur ; situation qui met en danger l’accès aux médicaments pour les affiliés à la Sécurité sociale—c’est-à-dire, tous les Français puisqu’aucun d’entre eux n’a le choix de son affiliation. Et il ne s’agit pas d’un danger qui ne serait que potentiel : les pénuries sont déjà là.

Il faut que les prix soient de vrais prix, pas des tarifs administrés

À la suite des pénuries de masques, de gel et autres respirateurs, on aurait pu penser que les agences gouvernementales et les fonctionnaires en charge de gérer notre santé auraient su tirer les bonnes leçons ; que nenni ! Quelque chose ne fonctionne visiblement toujours pas et chacun y va de son explication.

Pour la CGT les premiers coupables sont sans doute les grandes entreprises de ce secteur qui sacrifient tout, y compris les salaires de leurs employés, sur l’autel de la rentabilité. Pour les agences de régulation ou encore l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, il faudrait repenser l’organisation de la production et éventuellement confier à l’État la fabrication de certains médicaments. L’industrie du médicament met évidemment en avant une explication tout autre, pointant du doigt en particulier le niveau trop faible des « prix administrés » — nous ferions mieux d’appeler cela des tarifs négociés, voire, le plus souvent des tarifs imposés — qui plombe la rentabilité des entreprises françaises et détourne les producteurs étrangers de notre marché (y compris ceux pour lesquels le coût de la main d’œuvre et les taxes sont bien moindres que chez nous). Et les génériques n’échappent pas, loin s’en faut, au naufrage puisque pour bon nombre d’entre eux, y compris les plus essentiels, la vente dans l’Hexagone se ferait à perte à en croire leurs producteurs.

N’en déplaise à la CGT, voir dans la recherche de rentabilité la source de nos difficultés c’est faire fausse route. La vérité est que nous avons absolument besoin de ces signaux de rentabilité que sont les pertes et les profits pour nous indiquer les investissements qui répondent aux besoins les plus urgents et les plus importants ; nous avons besoin de ces signaux pour inciter l’industrie à la recherche de nouveaux produits, de nouvelles techniques de production, bref, pour inciter à innover. Mais pour accomplir cette tâche essentielle, encore faut-il que ces signaux de rentabilité ne soient pas biaisés et donc que les prix soient de vrais prix, pas des tarifs administrés. Le « modèle est à bout de souffle !» clament les industriels ; pour être plus précis nous devons dire que c’est le modèle des prix administrés et d’une assurance monopolistique dont les tarifs sont eux aussi administrés, qui est à bout de souffle. Dit autrement, le problème c’est notre conception de la « Sécurité sociale ».

Le système de « sécurité sociale » que nous avons « démocratiquement » choisi pour assurer nos dépenses de santé, et plus généralement pour avoir accès à des soins de santé qu’on nous promettait toujours plus performants, repose principalement sur un monopole légal, financé par des prélèvements obligatoires (URSSAF, CSG…) et une gestion publique de nombreuses prestations (formation et sélection des soignants par le secteur public, rémunération de certains d’entre eux par l’État, gestion des hôpitaux publics…). Dans une telle organisation, les graves dysfonctionnements que nous observons aujourd’hui avec la pénurie de médicaments comme hier avec les laboratoires de biologie médicale et avant hier avec les respirateurs ou les aides-soignantes ne sont pas des anomalies, des accidents de parcours mais des situations « normales », dues à la conception même du système, à sa centralisation, à sa gestion fonctionnarisée…

En un mot, il faut privatiser. L’État remplira ainsi bien mieux la mission qu’il s’est donnée

Triste spectacle. D’autant plus triste qu’il est parfaitement prévisible. Le monde de la santé est sans aucun doute d’une grande complexité, ainsi que le sont la quasi-totalité des secteurs de notre économie (éducation, agriculture, agro-alimentaire, distribution, culture, transport, énergie…) Il est aussi d’une grande richesse en termes d’innovation, de diversité, de potentiels, de capital, physique et humain. Une telle complexité, une telle richesse, ne peuvent exister et ne peuvent être gérées correctement que par le marché. Vouloir réguler l’offre, réguler la demande, fixer les prix – des biens et services, mais aussi des cotisations – est pure folie. Il est possible de faire bien mieux, les comparaisons internationales le prouvent, les pénuries que nous traversons le prouvent également. Il faut pour cela respecter les signaux du marché que sont les profits et les pertes, et les prix… En un mot, il faut privatiser. L’État remplira ainsi bien mieux la mission qu’il s’est donnée d’offrir un accès pour tous à une santé de qualité ; d’autant qu’il lui restera la possibilité de venir directement en aide à ceux qui ne pourraient par eux-mêmes accéder à ces soins. Une tâche bien plus gérable que celle qui consiste à se substituer au marché. La santé est bien trop importante pour que l’on en confie la gestion à l’État.

Article écrit par Pierre Garello avec l’aimable autorisation de l’IREF.

L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.

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