Le numéro 2 de la « Gestapo » chinoise limogé et placé sous enquête

Par Nicole Hao
18 mars 2021 01:40 Mis à jour: 18 mars 2021 03:47

Peng Bo, le directeur adjoint de la police secrète chinoise connue pour ses agissements semblables à ceux de la Gestapo, vient d’être limogé. Le gouvernement chinois a annoncé le 13 mars qu’il ferait l’objet d’une enquête.

Peng Bo, âgé de 62 ans, est le premier haut fonctionnaire du Parti communiste chinois qualifié de « tigre » à se retrouver piégé par les nouvelles directives politiques issues des « deux sessions » (clôturées le 11 mars). Les « deux sessions » désignent une réunion plénière annuelle entre deux organismes ayant des relations proches, la CCPPC (Conférence consultative politique du peuple chinois) et l’ANP (l’Assemblée nationale du peuple), et représentent le rassemblement politique le plus important du pays.

Une fois publiquement démis de ses fonctions, les médias ont effacé ses traces, les données officielles de son parcours et ses photographies – un coup pour le moins inhabituel de la part du PCC.

Lors d’un podcast diffusé le 13 mars, Heng He, observateur auprès de la version d’Epoch Times en langue chinoise, a déclaré : « C’est vraiment extraordinaire. Même Zhou Yongkang et Bo Xilai n’ont pas subi un tel traitement. »

Zhou Yongkang et Bo Xilai comptent parmi quelques fonctionnaires de très haut rang ayant été limogés par le PCC.

« Suspecté d’avoir gravement violé la discipline »

La Commission centrale d’inspection de la discipline (CCDI), l’organe de surveillance anti-corruption du PCC, a déclaré le 13 mars que Peng Bo était « soupçonné d’avoir gravement violé la discipline et les lois et qu’il ferait l’objet d’une enquête et d’une investigation ». Il s’agit là de l’énoncé habituel que la CCDI emploie pour balayer des fonctionnaires.

Selon ce communiqué, Peng Bo aurait été le directeur adjoint de l’ainsi nommé « Groupe central en charge de la prévention et de la gestion des sectes », un organe de la Sécurité intérieure qui est sous le contrôle du Comité central du PCC et du Conseil d’État.

C’est la toute première fois que le lien de Peng Bo avec cette entité est rendu public.

Les pratiquants de Falun Gong tiennent une banderole condamnant le Bureau 610 lors d’une manifestation en face de l’ambassade de Chine à Washington, le 21 avril 2004. (Minghui.org)

Une structure que l’on connaît surtout pour son Bureau 610. Le Bureau 610 a été créé le 10 juin 1999 pour persécuter et éradiquer le Falun Gong, une pratique spirituelle qui enseigne aux gens à vivre selon trois principes : l’Authenticité, la Bienveillance et la Tolérance.

Comme il appartient à la police secrète, le Bureau 610 n’aura évidemment pas d’enseigne, de site internet ou autre, il est donc presque impossible de savoir qui y travaille à partir des données divulguées au public.

Avant d’être responsable du Bureau 610, Peng Bo était le directeur adjoint de l’Administration chinoise du Cyberespace (CAC) ; l’organisme en charge de régulariser, censurer, surveiller et contrôler l’Internet en Chine.

Nous avons pu trouver la publication du parcours de Peng Bo sur le site de la CAC, parmi les données mises en cache dans notre système informatique.

Par le passé, Peng Bo a travaillé au Beijing Youth Daily, une gazette publiée par la municipalité de Pékin, puis au journal China Industrial and Commercial Times consacré aux finances, appartenant à la Fédération nationale de l’industrie et du commerce de Chine ; il a ensuite travaillé pour la maison d’édition China Youth Press, affiliée au Comité central de la Ligue de la jeunesse communiste, puis pour le bureau de propagande du Comité central du PCC.

De septembre 2012 à août 2015, il est le directeur adjoint de la CAC ; il devient ensuite le chef de la propagande à la Commission centrale des affaires politiques et juridiques (PLAC) du PCC jusqu’en septembre 2018.

L’Administration chinoise du Cyberespace a supprimé le parcours professionnel de Peng Bo de son site Web, le 13 mars 2021. (Capture d’écran / cache Web du CAC)

Selon le Beijing News, un autre journal lié à la municipalité de Pékin, dans un article du 13 mars, le comité central du PCC a probablement commencé à enquêter sur lui dès l’été 2016.

« La perspicacité et le discernement politique de certains fonctionnaires [du Bureau 610] ne sont pas bons. Ils doivent apprendre à anticiper les événements problématiques importants et à y faire face », indique l’article qui cite un document interne datant de l’année 2016 du comité central du PCC : « [Le comité] a réceptionné les preuves du manque de compétences de certains fonctionnaires et les a remis au CCDI et au Département de l’organisation centrale pour une enquête plus approfondie. »

Le Département de l’organisation centrale est la structure du PCC qui, s’alignant sur les directives du chef de l’État Xi Jinping, permet d’employer ou de renvoyer des fonctionnaires.

Les médias chinois hors de la Chine continentale ont établi que Peng Bo était dévoué à Liu Yunshan, membre retiré du Comité permanent du Politburo et à Meng Jianzhu, le chef à la retraite du PLAC. Or, tous deux appartiennent à la faction de Jiang Zemin, qui est en guerre ouverte avec celle de Xi Jiping pour le pouvoir. Les observateurs considèrent l’enquête à laquelle est soumise Peng Bo comme le tout dernier coup en date de « la campagne anti-corruption » menée par Xi Jiping ; une campagne qui dure depuis quelques années et qui est focalisée depuis le début sur ses opposants politiques.

Le déclin des « tigres »

Le 14 mars, le Jiefang Daily, un journal attaché à la municipalité de Shanghai, a rapporté que le PCC avait limogé plusieurs « tigres » du Bureau 610 ces dernières années.

D’après les communiqués du PCC, les anciens directeurs Zhou Yongkang, Li Dongsheng, Zhang Yue, Sun Lijun, Xu Yongyue et Zhou Benshun ont tous été écartés du Bureau 610. Parmi eux, Zhou Yongkang – un ancien chef du Bureau 610, chef du PLAC et membre du Comité permanent du Politburo – a été condamné  à vie pour abus de pouvoir et corruption en juin 2015.

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