Le régime chinois annonce une campagne de purge, indiquant des luttes intestines entre factions

Par Nicole Hao
24 juillet 2020 16:07 Mis à jour: 24 juillet 2020 16:07

De hauts responsables chinois ont récemment annoncé que le Parti communiste allait entamer une purge de la puissante Commission des affaires politiques et juridiques (PLAC), une agence du Parti qui supervise l’appareil de sécurité du pays, dont la police, les tribunaux et les prisons.

Le Parti achèvera cette purge d’ici le premier trimestre 2022, juste avant son 20e Congrès national, une conférence qui se tient tous les cinq ans pour déterminer la prochaine succession des dirigeants du Parti.

La Commission centrale politico-juridique (PLAC) était autrefois le fief des rivaux politiques de l’actuel chef du Parti Xi Jinping, à savoir les fonctionnaires qui étaient loyaux à l’ancien chef du Parti Jiang Zemin.

Depuis que le dirigeant Xi a pris le pouvoir en 2012, il a lancé une vaste campagne de lutte contre la corruption qui a destitué nombre de ses opposants, incluant des hauts fonctionnaires de la Commission centrale politico-juridique (PLAC). Ces dernières années, le pouvoir de l’agence a été réduit lorsque Xi Jinping a retiré le chef de la PLAC du Comité permanent du Politburo, la plus haute instance décisionnelle du Parti.

Mais selon les experts, l’annonce d’une prochaine purge indique que Xi Jinping lutte toujours pour assurer la conformité et maintenir maintenir les responsables de la PLAC dans la ligne du Parti.

Les délégués du Parti communiste chinois assistent à la conférence législative du régime à Pékin, en Chine, le 28 mai 2020. (Kevin Frayer/Getty Images)

Campagne

Le 8 juillet, le secrétaire général de la PLAC, Chen Yixin, a organisé [article en chinois] une réunion à Pékin pour lancer la campagne de « purge ».

Tous les comités locaux du Parti établissent des commissions à la Commission centrale politico-juridique.« Les commissions de la PLAC [dans tout le pays] sont impures, injustes et manquent de force exécutive. Certains membres enfreignent même la loi et la discipline. Très mauvais cavaliers, ils ont un mauvais impact et ont fait de gros dégâts », a déclaré M. Chen. « Nous devons tourner la lame et nous mettre face à nous-mêmes […] afin de traiter le problème. »

Selon l’annonce de Chen Yixin, la première phase se déroulera de juillet à octobre au sein de cinq districts de cinq provinces, ainsi que deux prisons dans la ville de Harbin, au nord-est du pays. Ensuite, de 2021 au premier trimestre de 2022, la campagne se poursuivra dans l’ensemble du pays.

Chen Yixin a souligné que la campagne ciblera « six malaises tenaces » : 1) les fonctionnaires de la PLAC interférant avec le système judiciaire 2) les fonctionnaires gérant des sociétés 3) les fonctionnaires possédant des actions de sociétés privées ou prêtant de l’argent avec intérêts 4) les conjoints ou les enfants des fonctionnaires gérant des entreprises illégales 5) les fonctionnaires raccourcissant les peines des prisonniers ou les libérant après avoir reçu des pots-de-vin ou d’autres faveurs spéciales 6) et les fonctionnaires « contrôlant » les affaires criminelles.

Bien que l’initiative semble être une campagne de lutte contre la corruption, la mention de l’élimination des « mauvais cavaliers » du Parti fait référence à l’élimination des fonctionnaires qui mettent en danger la stabilité du Parti communiste chinois.

Le commentateur des affaires chinoises Tang Jingyuan, basé aux États-Unis, affirme que le Parti pourrait chercher à atteindre deux objectifs avec cette campagne d’épuration.

« L’un est d’éliminer les fonctionnaires qui ont le pouvoir mais ne suivent pas l’exemple de Xi Jinping, » a-t-il précisé, car le chef Xi pourrait craindre que la PLAC ne devienne une faction anti-Xi et ne « devienne le deuxième Comité central du Parti », en référence au comité de plus de 200 hauts fonctionnaires du Parti.

L’autre objectif est de détourner l’attention du public chinois des crises actuelles telles que la dépression économique, la pandémie, les inondations et autres catastrophes.

Le PCC veut convaincre les gens que toutes les mauvaises choses ont été faites par ces soi-disant « mauvais cavaliers », a déclaré M. Tang dans une interview.

Le Comité permanent du Politburo du Parti communiste chinois, la plus haute instance décisionnelle de la nation (de gauche à droite) : Han Zheng, Wang Huning, Li Zhanshu, le leader chinois Xi Jinping, le Premier ministre Li Keqiang, Wang Yang et Zhao Leji rencontrent la presse au Grand Hall du peuple à Pékin le 25 octobre 2017. (Wang Zhao/AFP via Getty Images)

Sécurité politique

Au début de cette année, le Parti a également lancé un effort visant à la cohésion du Parti communiste chinois.

Le 21 avril, Xinhua, une grande agence de presse de l’État, a rapporté que le Comité central du PCC avait mis en place une « commission de coordination de la construction de la Chine pacifique ». Le président de la PLAC, Guo Shengkun, a dirigé cette équipe.

Le 6 juillet, le site Internet de la Cour suprême chinoise People’s Court News a rapporté que l’équipe de coordination avait mis en place une branche de « sécurité politique », dirigée par Lei Dongsheng, vice-secrétaire général de la Commission centrale politico-juridique (PLAC).

Au sein du PCC, la « sécurité politique » fait référence à la sécurité et à la stabilité des règles du PCC. Selon le rapport, M. Lei a déclaré que le « politiquement correct » était une priorité.

Jusqu’à présent cette année, deux hauts fonctionnaires qui ont fait carrière dans le système de la PLAC ont été récemment évincés.

Le vice-ministre chinois de la Sécurité publique Sun Lijun a été arrêté le 19 avril pour une enquête interne du Parti, avant d’être officiellement démis de ses fonctions le 8 mai. Entre-temps, le ministre de la Justice Fu Zhenghua, membre de la faction Jiang Zemin qui s’était opposé au régime de Xi Jinping, a été démis, entre le 20 avril et le 5 mai, de plusieurs fonctions qu’il avait occupées au sein du système judiciaire.

Meng Jianzhu, président de la PLAC de 2012 à 2017 et affecté à un autre poste clé de la faction Jiang, aurait promu Sun Lijun et Fu Zhenghua. Plusieurs autres subordonnés de Meng Jianzhu ont été licenciés en mai et juin.

Sun Lijun a été licencié parce qu’il était impliqué dans une tentative de coup d’État dans laquelle la faction Jiang cherchait à remplacer Xi Jinping, a informé une source fiable de Pékin à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times en avril.

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