Palazzo del Te : un palais près de Mantoue en Italie

Dans cet épisode de « Plus grand que nature », l'architecture à travers les âges, nous visitons le palais de plaisance d'un duc

Par James Howard Smith
26 avril 2024 17:06 Mis à jour: 26 avril 2024 17:06

Au début du XVIe siècle, le duc de Mantoue, Federigo Gonzaga, fait appel à l’artiste Giulio Romano pour créer un palais de plaisance pour ses « honnêtes loisirs », afin d’y organiser des réceptions et d’y accueillir des invités de marque. À l’époque, la ville de Mantoue était une île située au milieu de quatre lacs en Italie centrale. Le palais devait être construit sur une île plus petite, appelée Teieto, juste en dehors des murs de la ville. Gonzague souhaitait créer un lieu qui serait « non pas une habitation pour les hommes, mais une maison pour les dieux », comme l’a écrit l’historien de l’art Vasari dans ses Vies des artistes. Pour Romano, c’était une occasion en or de libérer la créativité qu’il avait cultivée lorsqu’il travaillait sous la direction de Raphaël à Rome.

L’ensemble du palais est disposé symétriquement sur un axe central avec deux cours, l’une à l’arrière de l’autre. Le bâtiment principal reprend la description vitruvienne d’une maison à cour intérieure, où quatre entrées s’ouvrent sur la cour, une sur chacun des quatre côtés. La cour carrée à deux étages donne une impression de grandeur et de robustesse grâce aux colonnes doriques géantes et aux murs en pierre de taille grossièrement taillés.

En passant par l’arc central qui sépare les deux cours, le contraste de la cour brute et pondérée accentue l’expérience de la Loggia de David, délicieusement ornementée.

Cette loggia se trouve au centre du complexe et a une présence grandiose, car elle surplombe un étang à poissons qui rappelle un monticule devant un grand château. Un pont mène à la vaste cour d’honneur qui, bien qu’elle ne soit plus qu’une modeste pelouse, était autrefois remplie d’un jardin élaboré de fleurs et de plantes, avec un jardin secret. La cour et le complexe sont complétés à l’extrémité par une Esedra, une double colonnade semi-circulaire qui délimite l’espace tout en offrant une vue au loin.

Dans une vue aérienne, on aperçoit l’arrière du palais et le paysage. La vaste cour est centrée sur l’axe principal, et le pont traverse l’étang à poissons jusqu’à la Loggia de David, avec la cour principale et le bâtiment au loin. (D-Visions/Shutterstock)
Des pilastres doriques, ou colonnes encastrées géantes, entourent l’entrée voûtée et soutiennent l’entablement, la bande horizontale au-dessus. Remarquez les triglyphes (trois lignes verticales répétées dans l’entablement), dont l’un se glisse entre chacune des colonnes. Cette perturbation inhabituelle de la ligne remet en question la stabilité du monde qui les entoure. (J.H. Smith)
La loggia des Muses s’ouvre au nord sur la cour d’entrée. Les pilastres doriques géants, la pierre de taille et les trois ouvertures cintrées confèrent à la façade une présence imposante. (J.H. Smith)
Comme une dentelle finement travaillée, l’ornementation complexe adoucit le matériau et invite les visiteurs à explorer les détails de l’arc. Ici, les rosettes dans l’arc, les angles et la décoration florale apportent du raffinement à la Loggia de David. (J.H. Smith)
Dans la Loggia de David, dans une niche entre les rangées de colonnes, la Vertu, sous les traits d’une jeune fille, se tient debout, animant gracieusement l’espace. (J. H. Smith)
Un pont mène de la Loggia de David, que l’on voit ici de l’autre côté des étangs à poissons, à la Cour d’honneur. La Serliana, ou fenêtre palladienne, un arc avec une paire de colonnes de chaque côté, se répète et soutient la dynamique de la façade. (J.H. Smith)
L’Esedra, une double colonnade semi-circulaire composée d’une série d’arcs, est un élément central qui maintient l’espace et complète la vaste cour d’honneur. Une porte menant au jardin secret est visible à l’extrême gauche. (J.H. Smith)
Un jardin secret se trouve au cœur du palais. Une loggia entoure le jardin de la cour formelle jusqu’à ce qu’elle atteigne une grotte, un endroit semblable à une caverne située dans le mur du fond. (J.H. Smith)
La pièce maîtresse du palais est la Chambre des géants, où se déroule une bataille épique. Au plafond, Romano a représenté une ancienne légende grecque, la chute des géants, tirée des Métamorphoses d’Ovide. Les géants ont tenté d’assaillir l’Olympe en empilant le mont Ossa sur le mont Pélion. Jupiter fait appel aux immortels de l’Olympe pour repousser l’assaut et mettre fin aux tentatives arrogantes des géants. (J.H. Smith)
Romano crée une scène immersive en étendant la fresque du sol au plafond. Les coups de tonnerre, les cours d’eau rapides et l’effondrement final des montagnes laissent les géants en déroute. C’est une leçon et un rappel de leur place dans ce monde, qui se trouve sous les cieux et le grand cosmos. (J.H. Smith)
Dans la Chambre des empereurs, le plafond orné représente les dirigeants et les fonctionnaires de l’époque comme des exemples de vertu et d’honneur. L’image centrale illustre une histoire de Pline l’Ancien qui raconte que César ordonna de brûler les lettres de Pompée. César venait de vaincre Pompée et ne voulait pas lire sa correspondance. (J.H. Smith)
Seuls les invités les plus importants se rendaient dans la chambre de Cupidon et Psyché. La scène sur le mur du fond représente la préparation du banquet champêtre. En bas à droite, Voluptas (Plaisir), la fille de Cupidon et Psyché, est allongée sur un lit. Un verset à droite entoure la pièce : « [Le duc] avait ordonné cette construction pour ses loisirs honnêtes après de durs labeurs, afin de reprendre des forces en paix » (Honesto ocio post labores ad reparandam virt[utem] quieti constraui mandavit). (J.H. Smith)
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