Jeudi dernier, 390 000 manifestants selon la Préfecture, 1,2 million selon les syndicats, ont manifesté à nouveau contre la loi El Khomri. Plusieurs villes françaises ont vu déferler des cortèges composés d’étudiants, de salariés, de syndicats et de sympathisants du retrait de la loi. Malgré des boulevards parisiens construits plus larges au XIXe siècle pour endiguer l’affrontement des forces de l’ordre et des manifestants, de nombreux dégâts ont été observés. Vitrines brisées, fumigènes allumés, forces de l’ordre attaquées, plusieurs personnes ont été mises en garde à vue et les pertes économiques se compteraient en millions d’euros.
La journée de manifestation contre la loi Travail du 31 mars s’est transformée le soir en veillée. Même si vendredi matin les forces de l’ordre ont évacué les quelques centaines de manifestants place de la République à Paris, le #NuitDebout sur les réseaux sociaux a continué à rassembler le vendredi soir.
Le compte Twitter officiel#NuitDebout qui relate le mouvement en direct, a publié vendredi matin : « Évacuation dans le calme de la place de la République. La #NuitDebout ne fait que commencer. »
Cette initiative pour occuper l’espace public de manière prolongée a également continué dans la nuit de samedi. Les manifestants témoignent d’un parallélisme avec le mouvement espagnol des « Indignés » qui a occupé la Puerta des Sol à Madrid pendant plusieurs mois.
Rassemblement derrière la #NuitDebout
La #NuitDebout est aussi une conjecture de plusieurs collectifs citoyens qui entendent maintenir la flamme de l’indignation et pousser le gouvernement à reculer. Cependant, différentes idées ont émergé des cortèges et de plus en plus de manifestants présents ont exprimé un ras le bol plus général. Chômage chronique, politique sécuritaire résultant des attentats, éducation, etc. les jeunes se prennent à rêver d’un nouveau mai 68.
Un parfum de mai 68
En 1968, les tanks de l’Armée rouge envahissaient l’Europe centrale dans l’indifférence générale. En Chine, dans la phase finale de la révolution culturelle de Mao Zedong, 17 millions de jeunes intellectuels ont été déportés dans les campagnes pour être « rééduqués par le travail ». En France, les étudiants manifestaient contre une société qu’ils jugeaient trop autoritaire et pendant plusieurs semaines ils ont défié les autorités, jetant des pavés et occupant les universités.
Aujourd’hui, le monde a changé et les protagonistes aussi. Les manifestants veulent maintenant s’organiser autour d’idées constructives pour le futur. Plus qu’une revendication du retrait de loi, la #NuitDebout pourrait devenir un laboratoire, une pépinière d’idées, une expérience de cette liberté d’entreprendre, de penser et de se regrouper, unique en France, prompte à faire comprendre aux jeunes que leur avenir est entre leurs mains.
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