Paris – Une princesse saoudienne condamnée pour des violences sur un artisan : « Il faut le tuer, ce chien, il ne mérite pas de vivre »

Par Paul Tourège
13 septembre 2019 16:26 Mis à jour: 13 septembre 2019 19:39

Poursuivie pour des violences exercées par son personnel à l’encontre d’un artisan venu faire des travaux dans une résidence de la famille royale saoudienne avenue Foch, la princesse Hassa bint Salmane a été condamnée à une amende assortie d’une peine de prison avec sursis.

Les faits remontent au 26 septembre 2016. Entrepreneur en bâtiment, Ashraf Eid se présente au domicile parisien où loge la princesse Hassa bint Salmane, demi-sœur du prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane, pour effectuer des travaux.

La situation s’envenime lorsque la princesse saoudienne surprend l’ouvrier portable à la main, la fonction appareil photo enclenchée. Elle l’accuse alors de vouloir prendre des clichés d’elle afin de les revendre à la presse.

Des allégations contestées par l’intéressé qui affirme au contraire avoir pris une simple photo de la salle de bain où il devait réaliser des travaux. L’artisan affirme que la princesse Hassa bint Salmane appellera ensuite Rani Saïdi, son garde du corps et homme de confiance, avant de lui ordonner de le molester.

« Il faut le tuer, ce chien ! il ne mérite pas de vivre », aurait déclaré la sœur du prince héritier d’Arabie Saoudite selon les dires de l’entrepreneur en bâtiment. Celui-ci prétend également que, non content de le rouer de coups, l’homme de main de la princesse lui aurait intimé l’ordre de s’agenouiller pour baiser les pieds de sa maîtresse tout en pointant une arme de poing contre sa tempe. Il indique avoir refusé malgré les menaces.

Retenu plusieurs heures dans l’appartement appartenant à la famille royale saoudienne situé 81, avenue Foch, dans le XVIe arrondissement, l’artisan avait finalement été autorisé à quitter les lieux, sans toutefois pouvoir récupérer son téléphone. Il s’était par la suite présenté au commissariat afin de déposer plainte.

Les prévenus condamnés par le tribunal correctionnel

Placée en garde à vue dans son hôtel particulier, la princesse saoudienne avait finalement été libérée au bout d’une heure à la demande du parquet de Paris, et ce, avant même d’être entendue par les enquêteurs.

Si la princesse et son garde du corps ont été jugés cet été par le tribunal correctionnel de Paris, le verdict n’a été rendu que le 12 septembre. Absente lors de l’audience – elle fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis décembre 2017 –, la quadragénaire a été reconnue complice des violences exercées par l’intermédiaire de son garde du corps. Le tribunal l’a condamnée à une amende de 10 000 euros assortie d’une peine de prison de dix mois avec sursis.

Présent au moment du prononcé du jugement, Rani Saïdi a pour a part écopé d’une amende de 5 000 euros et de huit mois de prison avec sursis. Pendant son procès, il avait vigoureusement nié les faits de violence qui lui étaient reprochés « en dépit de traces sur les poignets et d’ecchymoses sur le visage du plaignant qui s’était vu prescrire une Incapacité totale de travail (ITT) de cinq jours », écrit Le Point.

« Quand j’ai entendu la princesse crier au secours, je suis arrivé, je les ai vus se tenir les mains, avec le portable. J’ai saisi [l’artisan], je l’ai maîtrisé », avait-il expliqué.

Les avocats de la princesse saoudienne annoncent leur intention de faire appel du jugement

Avocat de la princesse Hassa bint Salmane, Maître Emmanuel Moyne a regretté la décision prise par le tribunal, estimant qu’elle reposait «uniquement sur les allégations infondées voire mensongères du plaignant qui n’est même pas venu lui-même les soutenir le jour du procès », avant d’annoncer son intention de faire appel du jugement.

« […] La décision du tribunal correctionnel est d’autant plus incompréhensible que la véritable victime dans cette affaire est la princesse. En filmant la princesse à son insu, M. Eid a porté atteinte à l’intimité de sa vie privée. Par ailleurs, elle a subi deux années de procédure exclusivement à charge ainsi qu’un traitement médiatique qui a injustement altéré son image », renchérit Maître Lisa Janaszewicz, qui assurait également la défense de la princesse saoudienne.

L’avocat de Rani Saïdi, Maître Yassine Bouzrou, envisagerait lui aussi d’interjeter appel selon BFMTV.

« Heureusement que nous sommes en France »

De son côté, l’avocat du plaignant a tenu à saluer « le courage » de son client, expliquant qu’il avait « eu raison de faire confiance à la justice ».

« Justice est faite. Heureusement que nous sommes en France. La République protège correctement ses citoyens y compris face aux puissants. Je suis fier d’être français », s’est réjoui Ashraf Eid dans les colonnes du Point.

L’artisan attend désormais la tenue d’une audience civile fixée au 5 mars 2020 pour obtenir d’éventuels dommages et intérêts.

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