Une analyse du génome de 83 échantillons d’hommes préhistoriques européens vivant pendant l’Holocène – il y a 11800 ans – a permis de comprendre les changements causés par l’arrivée des agriculteurs sur le continent.
L’étude de l’Université de Harvard dirigée par Iain Mathies de l’École de médecine et Iosif Lazaridis, du Département de génétique, avait pour objectif de découvrir les changements dans les caractéristiques physiques et immunologiques des génomes d’ascendance européenne, après que le continent ait connu une vague de migration il y 8500 ans.
En ce qui concerne la pigmentation de la peau blanche portée par deux ensembles d’allèles, présents dans la plupart des génomes européens actuels (le caractère l 64 présent sur l’allèle rs1426654 du gène SLC24A5 et sur l’allèle rs16891982 du gène SLC45A2), les chercheurs ont découvert que ceux-ci sont absents ou rarement présents chez les chasseurs-cueilleurs d’Europe occidentale, ce qui suggère qu’une partie des chasseurs-cueilleurs du continent européen pouvaient avoir eu la peau foncée, ceci avant l’arrivée des agriculteurs et de la sédentarisation.
Selon eux, « l’allèle dérivé du SLC45A2 apparaît pour la première fois dans nos données dans le Néolithique ancien et augmente régulièrement jusqu’à aujourd’hui, avec une fréquence allélique de « 1 » sur toute la population européenne – sauf en Espagne. » (Ndr. Une fréquence allélique de « 1 » signifie que le gène est présent dans toute la population).
En revanche, l’allèle dérivé du SLC24A5 augmente rapidement (avec une fréquence d’environ 0,9) au moment du Néolithique ancien. Selon l’équipe des chercheurs, cela suggère que la majeure partie de l’augmentation de cet allèle était dû à sa haute fréquence chez les premiers agriculteurs ayant émigré en Europe.
De plus, cet allèle révélant la peau blanche était commun chez les premiers chasseurs-cueilleurs et agriculteurs européens de Scandinavie, mais pas chez les chasseurs-cueilleurs situés géographiquement plus au Sud et à l’Ouest du continent.
La détermination de la couleur des yeux bleus des Européens (porté par l’allèle rs12913832 dans le locus OCA2 du gène HERC2) peut également contribuer à la peau claire et une pigmentation claire des cheveux. Cet allèle est positivement présent avec un coefficient de 0,036, selon une étude précédente sur l’ADN des anciens habitants de Europe de l’Est. Cette nouvelle analyse a révélé une présence mineure de cet allèle sur le continent, mais avec une prépondérance dans le nord, qui s’est répété depuis 8000 ans jusqu’à aujourd’hui.
À leur grande surprise, ils ont découvert que les chasseurs-cueilleurs, qui vivaient dans les pays scandinaves du nord de l’Europe il y a environ 8000 ans, possédaient une fréquence élevée d’un dérivé de l’allèle du gène EDAR, qui est le signal le plus fort correspondant aux populations de l’est-asiatique. Cette expression génétique est connue pour venir de l’Asie de l’Est. Quatre des sept échantillons de la ville de Motala en Suède ont ce gène qui détermine l’épaisseur des dents et des cheveux en Asie.
En ce qui concerne le trait génétique SPN (rs4988235), responsable de la persistance de la lactase, c’est-à-dire permettant la tolérance à la lactase, aucune preuve n’a été détectée chez les agriculteurs du début de la période néolithique, même chez le peuple Yamnaya (des Russes ukrainiens) qui avaient domestiqué le bétail. Cela veut dire que les Européens n’étaient pas tolérants au lait.
Version originale : Piel y ojos de europeos eran oscuros, excepto en el Norte y Este
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