Peindre le poème épique de Dante «La Divine Comédie»

Le divin Dante à la Galerie nationale d'art

Par Lorraine Ferrier
9 juin 2023 16:31 Mis à jour: 9 juin 2023 16:31

Où allons-nous, au paradis ou en enfer ? C’est ce qu’explore le poète Dante Alighieri dans son poème épique La Divine Comédie, qu’il a achevé vers 1321, l’année de sa mort.

Dante a écrit 100 chants (sections), d’une moyenne de 142 lignes, pour son poème qui retrace le voyage du pèlerin Dante à travers l’Enfer jusqu’au Purgatoire et au Paradis. Le poète romain Virgile, symbole de la connaissance humaine, guide Dante à travers l’Enfer et le Purgatoire. Béatrice, l’amour d’enfance de Dante, qui représente les mystères divins, guide le pèlerin du sommet de la montagne du Purgatoire (le jardin d’Eden) jusqu’au Paradis. Saint Bernard de Clairvaux guide Dante à travers l’Empyrée, les niveaux les plus élevés du paradis, pour voir Dieu et les âmes de ceux qui ont été sauvés.

James Sales, dans l’article « Moralité, politique et déclin : les fondements de la morale rationnelle » d’Epoch Times, écrit : « En fait, on peut dire que tout le poème de Dante, La Divine Comédie, traite de la perversion de la raison (l’intellect) qui mène à l’Enfer, à la damnation et à la misère sans fin qui caractérise une grande partie de la condition humaine, dans cette vie comme dans la suivante. »

Le divin Dante de Washington

Les artistes interprètent depuis longtemps les chants de La Divine Comédie sur toile, sur papier et dans la pierre. La Galerie nationale d’art à Washington possède un certain nombre de ces œuvres, dont 20 sont actuellement exposées dans le cadre de l’exposition « Going Through Hell: The Divine Dante (La traversée de l’enfer : le divin Dante) ».

Des extraits du poème accompagnent certaines des œuvres exposées, soulignant les inspirations de l’artiste et nous rappelant les conséquences divines de nos actes.

Tout au long du poème, Dante utilise les croyances chrétiennes et la mythologie gréco-romaine, ainsi que les récits sociaux et politiques de son époque pour illustrer le chemin étroit qui mène à l’ascension.

Les visiteurs de la galerie peuvent avoir l’impression d’être guidés dans l’exposition par Dante lui-même, lorsqu’ils lisent des citations murales telles que celle qui a conduit le pèlerin Dante aux limbes :

« Descendons maintenant dans le monde aveugle d’ici-bas »,
commença le poète, tout pâle.
« Je serai le premier, et toi le second. »
(« L’Enfer », chant 4)

Une dizaine d’années après que Dante a écrit La Divine Comédie, des frères dominicains ont commandé à Buonamico Buffalmacco une fresque du Jugement dernier et de l’Enfer sur les murs du Camposanto (cimetière) de Pise, en Italie. Dans l’exposition, une gravure d’un artiste inconnu montre la vision graphique de Buffalmacco de l’Enfer dans toute son infamie.

L’Enfer, 1336-1341, par Buonamico Buffalmacco. Fresque montée sur toile dans le Campo Santo, à Pise, en Italie. Une copie de la représentation de l’enfer par Buffalmacco (à droite) figure sur une gravure de l’exposition « Dante: Going Through Hell » à la Galerie nationale d’art, Washington, D.C. (Sailko/CC BY 3.0)
L’Enfer, d’après la fresque du Camposanto, à Pise, Italie vers 1480 ou 1500, artiste inconnu. Gravure ; 23 cm par 30.7 cm. Collection Rosenwald, Galerie nationale d’art, Washington, D.C. (Domaine public)

Même en noir et blanc, c’est une image très graphique et répugnante, pleine de tourments et de tortures. Une série d’anneaux concentriques montre certains des châtiments infligés pour différents péchés dans les neuf niveaux de l’Enfer de Dante. Au centre, un Lucifer cornu dévore et évacue les âmes pécheresses.

« De la bouche de chaque [trou]/
sortent les pieds d’un pécheur
et ses jambes jusqu’au mollet. »
(« L’Enfer », chant 19)

D’autres œuvres d’art exposées se penchent sur les conséquences de péchés spécifiques, comme la luxure décrite par Dante dans le chant 5 de l’« Enfer ». Une plaque murale à côté de la gravure de William Blake Le cercle des luxurieux : Paolo et Francesca fait allusion à leur chute dans l’adultère.

« Combien de douces pensées,
quel grand désir,
les ont amenés à ce passage malheureux ! »
(« L’Enfer », chant 5)

Le cercle des luxurieux : Paolo et Francesca, 1827, par William Blake. Gravure ; 44 cm par 60.7 cm. Collection Rosenwald, Galerie nationale d’art, Washington, D.C. (Domaine public)

Le couple lisait la légende arthurienne de Lancelot du Lac lorsque, poussés par le désir, Paolo et Francesca tombèrent amoureux. Tous deux étaient déjà mariés. Le mari de Francesca a assassiné le couple dans un crime passionnel. Blake a représenté le couple au moment de leur étreinte, sur le point d’être puni. Blake a interprété le châtiment de Dante comme étant l’aspiration du couple dans un tourbillon avec d’autres âmes lascives, et l’étreinte éternelle qui s’ensuivra.

L’exposition comprend également le tableau de Jean-Jacques Feuchère intitulé Dante méditant sur La Divine Comédie. Feuchère a baigné de lumière une moitié du tableau, où Virgile porte une robe et une couronne de laurier, et Béatrice un voile. Elle lève une main vers le ciel, où l’artiste a peint les étoiles les plus brillantes, peut-être un clin d’œil au chant 4 du « Paradis » de Dante, où il cite la philosophie de Platon selon laquelle « les âmes semblent retourner aux étoiles (…) ».

Dante méditant sur la Divine Comédie, 1843, par Jean-Jacques Feuchère. Plume et encre brune avec lavis brun et aquarelle sur mine de plomb, rehaussée de gouache blanche, sur trois feuilles de papier vergé jointes ; 42 cm par 36.3 cm. Don de la Fondation Christian Humann (1996), Galerie nationale d’art, Washington, D.C. (Domaine public)

Feuchère a mis le reste du tableau dans l’obscurité, montrant les bêtes et les royaumes d’ombre de l’au-delà. Dante, vêtu d’une robe rouge, est assis au centre du tableau, entre le bien et le mal, le paradis et l’enfer. Il est tourné vers la lumière plutôt que vers les ombres, réfléchissant peut-être aux leçons de La Divine Comédie. Il est conscient du serpent féroce qui s’apprête à frapper son pied, indiquant probablement les tentations et le danger toujours présents du péché.

Gretchen Hirschauer, conservatrice des peintures italiennes et espagnoles à la galerie et commissaire de l’exposition, résume bien cette situation difficile universelle dans un courriel : Les écrits de Dante « reflètent un sens intemporel de la condition humaine ».

Si La Divine Comédie nous parle de la perversion de la raison, les récits correctifs et les mises en garde du poème restent des antidotes pour nos transgressions d’aujourd’hui. Et si chacune de nos transgressions nous conduit en enfer, vivre avec bonté nous rapproche assurément des portes du paradis.

L’exposition « Going Through Hell: Le Divin Dante » à la Galerie nationale d’art, Washington, D.C. se poursuit jusqu’au 16 juillet. Pour en savoir plus, visitez le site NGA.gov.

Tout au long de l’exposition, la galerie a utilisé des extraits de La divine comédie traduits par Charles S. Singleton, Princeton University Press, 1970.

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