Fini les vacances, le resto, le coiffeur, le shopping…, les petits salaires particulièrement touchés par l’inflation

Par Epoch Times avec AFP
12 octobre 2023 17:00 Mis à jour: 13 octobre 2023 11:07

« Plus de vacances », « d’apéro », « de restos » ou « de viande » : des salariés qui travaillent entre le Smic et le salaire médian racontent un quotidien rattrapé par l’inflation, marqué par une longue litanie de renoncements.

« Ce n’est pas parce que tu travailles que tu t’en sors. Moi, ça me fout les boules ! », s’agace Leyla (prénom d’emprunt), 51 ans, diplômée d’un Bac+2. Or avec ses 1800 euros net, auxquels s’ajoutent 200 euros de prime d’activité, l’assistante commerciale, célibataire et mère de deux jeunes étudiants, est à la peine, même si elle touche plus qu’un Smic (1383 euros net).

Prévue pour relancer le dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux, la conférence sociale, organisée lundi à Paris, doit mettre au cœur de ses travaux la question des bas salaires.

14% des ménages en situation de privation matérielle et sociale

Selon les dernières données de l’Insee, 49,4% des salariés français du privé gagnaient moins de 2000 euros net mensuels dont 30,8% entre 1500 et 2000 euros, un peu moins du salaire médian. « Quand tu retires le crédit immobilier (640 euros), l’impôt foncier (169), l’essence (120), l’internet et le téléphone (60), l’électricité (160), l’eau (40), les assurances (environ 150 euros), il me reste 600 euros pour me nourrir et me soigner », détaille la quinquagénaire qui vit en périphérie d’Orléans.

Alors pour s’en sortir, elle fait des choix : « Plus de vacances, plus d’apéro, plus de restos, plus de coiffeur, plus de shopping, … » Elle a même fait le choix de ne « plus manger trois fois par jour quand les enfants ne sont pas là ». Leyla, à la tête d’une famille monoparentale, glisse avec la hausse des prix vers le bas de la vaste catégorie de la classe moyenne. Elle pourrait même faire partie, selon ses déclarations, des 14% des ménages en situation de privation matérielle et sociale en 2022, d’après l’Insee.

Rénaldo Bocquier, 57 ans, sa femme et ses trois enfants encore à charge « vivaient bien », avant le Covid-19. « On n’a jamais flambé, on ne s’est jamais versé des salaires de folie » lorsqu’avec sa conjointe ils avaient une entreprise d’installation de matériel de cuisine pour des professionnels en Centre Val-de-Loire. Depuis la fermeture de sa structure il y a trois semaines, il cherche un emploi activement. Sa femme continue de travailler. Vivant en périphérie d’Orléans, le foyer a besoin de deux voitures qui pèsent sur son budget.

Sélection des produits « en fonction des prix »

Croisé à un forum pour l’emploi, l’ancien dirigeant « ne fait plus les courses comme avant » et achète dans un magasin de hard-discount « une sélection de produits non pas en fonction de nos besoins mais en fonction des prix ». À Bordeaux, Émilie Cirany, 35 ans, dit à l’AFP « acheter des produits qui sont presque périmés, donc moins chers, et les congeler ».

Installée sur une petite plage de sable avec sa famille, l’assistante juridique a fait une croix sur les sorties payantes du week-end. « On ne prend même plus la voiture, sauf pour aller en Espagne une fois par mois pour faire le plein de courses, moitié moins chères qu’en France pour certains produits ménagers notamment », dit-elle.

Après 17 ans d’ancienneté professionnelle, Mme Cirany gagne environ 1700 euros par mois. Avec son mari, ils n’atteignent pas les 3000 euros mensuels. « Vers le 15 ou 20 du mois, il ne nous reste presque plus rien sur notre compte », déplore la trentenaire, qui répond à des sondages en ligne pour gagner des bons de réduction à la caisse des magasins. Leyla est convaincue que « les mois à venir seront durs ». Elle se demande si elle ne va pas finir par vendre sa maison, parce qu’« être propriétaire, en étant seule, ça va être au-dessus de mes moyens ».

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