Politique de sécurité routière : l’automobiliste français de plus en plus restreint et frustré (+vidéos)

17 août 2015 17:43 Mis à jour: 12 septembre 2018 17:43

 

En juillet, la mortalité sur les routes françaises a bondi de 19,2% par rapport au même mois l’an passé. Conditions climatiques moins favorables et relâchement des comportements semblent expliquer cette soudaine hausse des chiffres après des années de baisse consécutive. Pour certains, promptes à taper sur le gouvernement, l’État devrait arriver à  » superviser  » tous les comportements de chacun de ses citoyens. Ce dernier, s’il ne peut mettre un gendarme derrière chaque citoyen a néanmoins été épinglé par un rapport de l’Inspection générale de l’administration dénonçant un « manque de volonté politique » sur le dossier.

Le modèle de répression routière français a peut être atteint son maximum dans la forme qu’il a actuellement. Il n’est pas possible en effet de prévoir l’imprévisible, même au prix de plus de répression et de plus de restrictions sur les comportements – ce qui, on le sait bien n’est du goût des Français. Une solution néanmoins, pour prévenir du nombre de morts sur la route pouvant être évités est de s’intéresser à d’autres politiques de sécurité routière, par exemple celle de nos voisins d’Outre Rhin. Des arguments défendus par la Ligue de Défense des Conducteurs, favorable à une conduite responsable et proposant sur leur site une pétition contre la limitation à 90km/h sur l’autoroute.

Une politique allemande plus souple et moins répressive
Il est tout de même étonnant d’observer que chez nos voisins allemands, le nombre de décès sur la route est toujours inférieur à la France – alors qu’ils ont 20 millions d’habitants de plus et autorisent sur de larges portions d’autoroutes aucune limitation de vitesse (la vitesse restant limitée à 100 km/h sur le réseau secondaire, et à 60 km/h en cas de travaux).

La politique allemande de sécurité routière est en fait plus souple et moins répressive que la politique française. Cela peut sembler paradoxal, mais cela responsabilise davantage le conducteur, plutôt que de faire peser sur lui la peur et l’interdit de la réprimande. Pour la conduite, les voisins allemands sont donc plus tolérants.

Par exemple en France, la politique de répression routière est basée en premier lieu sur l’amende. Pour chaque dépassement de la vitesse inférieur à 20km/h (sans distinction entre les petits et les grands dépassements de cette tranche) l’automobiliste français perd un point de permis et écope d’une amende allant de 68 à 135 euros.

En Allemagne, pour le même excès de vitesse, il n’y a pas de perte de point sur le permis (l’Allemagne en compte 18 sur son permis quand la France en compte 12) et une amende allant seulement de 12 à 35 euros.

Une évaluation différenciée de la dangerosité
Quand la France punit sans distinction en appliquant une même loi en tous cas de figure, l’Allemagne assouplit son code de la route en fonction de la dangerosité de la conduite. Il y a, par exemple, une différence sur l’amende entre le fait de « glisser » sur un stop – c’est-à-dire y passer lentement (ce qui coûte une amende de 10 euros  et le fait de « griller » un stop, avec cette fois-ci une amende de 50 euros et le retrait de 3 points du permis.

Le code de la route allemand sanctionne donc plus lourdement l’erreur de l’automobiliste qui pourrait entraîner la mise en danger d’autrui. Elle ne condamne pas de la même façon, tous les automobilistes, sans distinction.

Des autoroutes gratuites et des infrastructures gérées par l’État
Au niveau des infrastructures, la différence entre la France et l’Allemagne pourrait être aussi une clé de l’équation.

En France, alors que les sommes récoltées par la répression routière atteignaient en 2013 1,7 milliards d’euros, le budget d’entretien des routes nationales et départementales n’a été que de 340 millions d’euros en 2014. Quand aux autoroutes si elles sont bien entretenues, elle restent toujours payantes et même de plus en plus en chères.

A contrario, en Allemagne, toutes les infrastructures routières sont gérées par l’État et sont gratuites. 5 milliards d’euros sont en train d’y être investis pour maintenir une bonne qualité du réseau.

Responsabiliser les conducteurs plutôt que les culpabiliser
Les Allemands passent aussi par une prévention plus pédagogique au bord des grands axes routiers. Plutôt que de faire sur des clips cherchant à choquer le conducteur – comme on le voit en France, la politique de prévention routière Outre-Rhin veut responsabiliser le conducteur. Elle lui rappelle par exemple qu’il y a des familles, ainsi que sa propre famille sur les autoroutes; elle fait des clips humoristiques pour rappeler que les drogues au volant sont une mauvaise idée. Elle permet aussi au conducteur de rouler à la vitesse qu’il souhaite sur certaines portions d’autoroutes (les radars allemands se situant à l’approche et dans les agglomérations).

Un exemple de spot pour la prévention routière en Allemagne:

Preuve que la limitation de la vitesse sur des portions d’autoroute sécurisées n’est une cause accidentogène, au contraire cela peut contribuer à donner confiance à la conduite de l’automobiliste, plutôt que de la frustration et dans tous les cas de la restriction. La différence est donc importante entre la responsabilisation positive du conducteur, et la prévention par une répression plus forte, et des images négatives le culpabilisant ou infantilisant.

Au niveau européen la France fait partie des pays les plus répressifs, mais reste placée à la 8e position en terme de sécurité routière. Elle a d’ailleurs été critiquée dans un rapport de l’Inspection générale de l’administration pour son  » absence de volonté  » sur le long terme; nous pouvons comprendre par son absence de vision sur le long terme.

Le gouvernement français semble en effet toujours répondre à chaud sur le sujet et par des mesures répressives, plutôt que de changer le modèle vers une politique plus souple et responsabilisante.

Il y a bien sûr pour chaque conducteur un respect nécessaire des règles de conduite, comme celle de la limitation des vitesses, le fait prendre le au volant en ayant bu, de ne pas prendre de drogues, de se reposer en cas de fatigue, de mettre sa ceinture de sécurité, etc.

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