Pour un collectif de linguistes, l’avenir de l’orthographe est dans le correcteur automatique

Par Epoch Times avec AFP
25 mai 2023 15:36 Mis à jour: 25 mai 2023 15:54

À rebours des discours pessimistes, un collectif d’universitaires ayant pris le nom de Linguistes atterrés estime que l’avenir de l’orthographe est dans le correcteur automatique, un outil qu’ils appellent à utiliser dès l’école.

« Le français va très bien, merci » (éditions Gallimard, collection Tracts), qui paraît jeudi, est le titre de leur manifeste, qui a déjà suscité une réponse de consœurs et confrères aux vues opposées.

Comme leurs homologues économistes, les Linguistes atterrés sont rétifs à une certaine orthodoxie. Ces 18 auteurs prennent pour cible des « idées fausses sur la langue française », selon lesquelles par exemple « les francophones écrivent de plus en plus mal ».

« Il faut en finir avec le mythe d’un âge d’or de l’orthographe. Les écrivains du XIXe siècle ne la connaissaient pas. Ils remettaient leurs textes à des spécialistes, des professionnels, qui étaient les imprimeurs et les éditeurs », explique par exemple Anne Abeillé, une des signataires, à l’AFP.

Apprendre aux élèves à utiliser un correcteur

Aujourd’hui l’ « orthographe est restée figée à 1835, alors que la langue ne cesse d’évoluer. Il y a donc un décalage de plus en plus grand », selon elle. Pour ces linguistes, l’urgence serait plutôt d’apprendre aux élèves à utiliser un correcteur, vu qu’ils écriront toute leur vie avec un clavier.

« Au lieu de vouloir piéger les élèves, de distinguer qui sait quel mot prend deux t, entre carotte et compote, donnons-leur les moyens d’écrire en ayant confiance », avance Maria Candea, une autre « linguiste atterrée ».

Si on les suit, aucun intérêt à considérer « carote » et « compotte » comme fautifs. « La forme correcte d’aujourd’hui est souvent la faute d’hier », écrivent-ils, en rappelant un exemple comme « formage » devenu « fromage ».

Une autre idée qui fait son chemin mais pas en France

D’autres propositions devraient alimenter le débat. Entre autres : supprimer l’accord du participe passé après l’auxiliaire avoir et le complément antéposé. Ainsi, « les fleurs que j’ai offert » et « les fleurs que j’ai offertes » seraient deux formes correctes.

Si l’idée fait son chemin depuis quelques années en Belgique ou au Canada, elle est très minoritaire en France.

Disparition de la dictée ou une par jour ?

Les Linguistes atterrés prônent également la disparition de la dictée, qu’ils trouvent contreproductive. C’est le contraire des recommandations du ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye, qui en souhaite une par jour.

Une vingtaine de linguistes défendant l’orthographe traditionnelle ont signé en réponse une tribune dans Le Figaro jeudi. Pour eux, il y a une forme de renoncement à vouloir être plus bienveillant envers les fautes. « À ce train-là on peut supprimer l’enseignement de l’orthographe… », déplorent-ils.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.