Pourquoi certains seniors rebondissent après une crise de santé - et d’autres pas

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Au-delà de l’exercice, de l’alimentation, et même d’une bonne génétique, le facteur le plus déterminant pour qu’un senior se remette pleinement d’une crise de santé majeure n’est pas physique – il est émotionnel. Une nouvelle étude, qui a suivi des milliers de personnes âgées pendant trois ans, révèle que le bien-être psychologique et émotionnel l’emporte sur presque tous les autres facteurs pour prédire qui rebondira après des maladies telles que le cancer, le diabète ou des blessures invalidantes.
« Les participants qui bénéficiaient d’un bien-être psychologique et émotionnel au début de l’étude avaient près de cinq fois plus de chances d’atteindre un bien-être optimal à la fin de celle-ci, comparativement à ceux qui n’en bénéficiaient pas », a expliqué dans une interview accordée à Epoch Times Esme Fuller-Thomson, auteure principale de l’étude et professeure en travail social, médecine et soins infirmiers à la Factor-Inwentash Faculty of Social Work de l’Université de Toronto.
Le bien-être émotionnel désigne un état dans lequel une personne est capable de gérer efficacement ses émotions, possède un sens profond à sa vie et entretient des relations de soutien avec autrui. Le bien-être psychologique englobe non seulement cet aspect émotionnel, mais aussi des éléments tels que la résilience mentale, le sentiment de bonheur général, la satisfaction de vie et le développement personnel.
Ce qui distingue les participants résilients
L’étude, basée sur les données de la Canadian Longitudinal Study on Aging, a suivi plus de 8 000 adultes âgés de 60 ans et plus, qui déclaraient au départ un faible bien-être dans les domaines physique, psychologique, social et dans leur propre évaluation de leur état. Les résultats, publiés dans la revue PLOS One, montrent que près d’un quart des participants ont retrouvé un bien-être optimal en l’espace de 3 ans, même en gérant des maladies chroniques telles que l’arthrite, le diabète ou le cancer.
Dans cette étude, le bien-être optimal était défini par plusieurs critères : bénéficier d’un soutien social adéquat, avoir une vision positive du vieillissement, jouir d’une bonne santé physique et mentale, éprouver du bonheur et de la satisfaction dans la vie, ne pas être limité dans les activités quotidiennes et ne pas souffrir de douleurs invalidantes ni de troubles mentaux sévères.
Les participants qui déclaraient un niveau élevé de bien-être psychologique et émotionnel au début de l’étude étaient ceux qui avaient le plus de chances de retrouver ce bien-être optimal.
Parmi les autres facteurs associés à l’atteinte d’un bien-être optimal après un problème de santé, on retrouve :
• Être âgé de moins de 70 ans
• Disposer d’un revenu plus élevé
• Être marié
• Pratiquer une activité physique régulière
• Ne pas fumer
• Ne pas souffrir de diabète, d’obésité, de troubles du sommeil, d’arthrite ou d’ostéoporose
Ces résultats montrent que la restauration du bien-être global repose sur plusieurs facteurs et soulignent la nécessité d’une approche holistique – corps, esprit et âme – qui prend en compte à la fois les besoins physiques, émotionnels et sociaux, explique Fuller-Thomson.
L’étude présente cependant certaines limites. Par exemple, la recherche a été menée au Canada, où le système de santé est universel et financé publiquement. Les résultats pourraient donc différer pour les personnes âgées vivant dans des pays où les patients doivent financer eux-mêmes leurs soins médicaux. De plus, l’étude s’appuyait sur des mesures de bien-être auto-déclarées, ce qui peut avoir influencé les résultats.
Des étapes concrètes pour renforcer la résilience émotionnelle
Selon une étude récente publiée dans Acta Psychologica, plusieurs stratégies peuvent être mises en place par les personnes âgées afin d’améliorer leur bien-être psychologique et émotionnel durant leurs années dorées.
• Accepter et s’adapter : reconnaître et accepter que les changements de santé font partie de la vie, tout en comprenant que ces transformations peuvent impacter le bien-être global si elles ne sont pas prises en charge correctement. L’étude souligne que les individus peuvent mieux maîtriser ces changements – ce qui favorise le bien-être psychologique – en pratiquant des exercices adaptés à leur âge pour renforcer leur santé physique, en adoptant quelques modifications alimentaires et en suivant rigoureusement le traitement prescrit par leur médecin.
• Gérer le stress : recourir à des techniques de relaxation, comme la respiration consciente ou la méditation, pour faire face à l’anxiété et au stress engendrés par les situations difficiles ou les problèmes de santé. Apprendre à gérer les émotions désagréables grâce à des mécanismes d’adaptation positifs peut renforcer la résilience mentale, ce qui améliore le bien-être émotionnel.
• Rester connecté : s’engager dans le bénévolat ou participer davantage à des activités sociales, car les interactions avec les autres renforcent le sentiment de valeur personnelle et de but, ce qui peut améliorer le bien-être psychologique et émotionnel.
• Cultiver la positivité : pratiquer la gratitude au quotidien ou prendre chaque jour un moment pour apprécier les bonnes choses de la vie. Ces habitudes, associées à une attitude positive face aux défis quotidiens, favorisent la paix intérieure.
Les recherches suggèrent que cultiver une vision positive du vieillissement consiste à accepter ce processus et à le voir comme une opportunité de créer de nouvelles connexions sociales, de partager sa sagesse avec les autres et d’apprendre de nouvelles choses. Accepter son âge plutôt que de le considérer comme un processus négatif peut permettre aux personnes âgées de vivre pleinement leur vie.
Cependant, malgré tous les efforts, certaines personnes peuvent avoir du mal à améliorer leur santé émotionnelle ou psychologique. Dans ce cas, il est conseillé de consulter un professionnel de la santé mentale. Ces spécialistes peuvent diagnostiquer et traiter les troubles sous-jacents, et proposer des thérapies basées sur des preuves pour soulager les symptômes.
Autres obstacles au bien-être
Si le bien-être émotionnel s’est révélé être le facteur principal du rétablissement, l’étude a également mis en lumière plusieurs obstacles à la guérison, parmi lesquels figurent les maladies chroniques, l’isolement social, un faible statut socioéconomique et une mauvaise perception de sa propre santé.
Alors que certains facteurs influençant le bien-être, comme le revenu, sont difficiles à modifier, d’autres, tels que l’alimentation et l’activité physique, peuvent être améliorés avec de la volonté.
« La santé n’est pas statique – elle est dynamique », explique Jason Sonners, chiropracteur et fondateur de HBOT (thérapie à l’oxygène hyperbare) aux États-Unis, qui n’a pas participé à l’étude. « Que vous soyez en bonne santé ou confronté à des problèmes, un effort proactif et constant est nécessaire pour construire et préserver sa santé. »
Même de petites actions quotidiennes dans les domaines de la nutrition, du mouvement et de l’état d’esprit peuvent déclencher des changements puissants, précise Jason Sonners. « Rien ne garantit un résultat, mais ne rien faire mène presque toujours à une dégradation de la santé. »
Conséquences pour les politiques publiques
L’étude remet en question la croyance répandue selon laquelle vieillir mène inévitablement à une mauvaise santé physique et à une dégradation du bien-être. Elle souligne que de nombreux seniors peuvent atteindre, et atteignent, un bien-être optimal grâce à une combinaison adéquate de soutien social et de changements de mode de vie, explique Mabel Ho, auteure principale de l’étude, dans une interview accordée à Epoch Times.
Mabel Ho est tout juste diplômée en doctorat à la Factor-Inwentash Faculty of Social Work et à l’Institut de la vie et du vieillissement de l’Université de Toronto. « Cela met aussi en lumière l’importance des politiques et des programmes qui soutiennent les personnes âgées dans le maintien ou la récupération de leur bien-être en fin de vie. »
Jason Sonners estime que les décideurs publics peuvent agir en encourageant les comportements sains et en rendant les outils de prévention et d’optimisation plus accessibles. Cela passe notamment par un meilleur accès à une alimentation saine, aux opportunités d’exercice, à l’éducation, aux compléments alimentaires, ainsi qu’aux thérapies telles que les techniques de respiration guidée.
Les professionnels de santé peuvent, quant à eux, aider en se concentrant sur l’éducation et l’autonomisation des patients âgés afin qu’ils adoptent un rôle proactif dans leur santé, souligne Sonners.
« Ils doivent accompagner les patients pour leur faire comprendre que vieillir ne signifie pas forcément déclin, et qu’avec les bonnes stratégies, ils peuvent être en meilleure santé à 70 ans qu’ils ne l’étaient à 60 ans. »
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