La projection d’un film souligne à quel point les instituts Confucius ne sont pas conforme avec les valeurs australiennes

Par Henry Jom
3 novembre 2019 23:24 Mis à jour: 4 novembre 2019 00:48

MELBOURNE, Australie – Le jeudi 31 octobre, un documentaire d’investigation mettant en lumière le fonctionnement opaque des controversés « instituts Confucius » (IC), a été projeté à l’église écossaise du centre des affaires de Melbourne.

Co-organisé par la liaison Australie-Hong Kong et la communauté vietnamienne d’Australie, la projection du documentaire primé In the Name of Confucius (Au nom de Confucius) a vu une Melbournienne, Sonia Zhao, enseignante de mandarin née en Chine et ancienne enseignante des instituts Confucius au Canada, se retirer du programme parrainé par le PCC en raison de ses conditions contractuelles selon lesquelles les enseignants ne pouvaient être des pratiquants de Falun Gong ni être associés à eux.

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Le Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, est une ancienne pratique de méditation chinoise qui a pour base les principes moraux d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance. Le Falun Dafa a été sévèrement réprimé en Chine depuis 1999.

Sonia Zhao, comme les enseignants travaillant pour les IC, devaient éviter des sujets comme le massacre de la place Tiananmen, le Tibet et le Falun Gong durant les cours, conformément à la politique des IC. Si un élève insistait pour obtenir une réponse, les enseignants étaient tenus d’énoncer la ligne du Parti.

Les actions qui ont suivi le parcours de la défection de Mme Zhao de l’institut Confucius ont mené à la première fermeture d’un institut Confucius dans un campus universitaire nord-américain, comme le décrit le film.

Actuellement, environ 27 instituts Confucius sont en activité dans les universités européennes, soit 15 en France, dont 3 à Paris.

En Australie, il existe des instituts Confucius dans 14 universités australiennes et des salles de classe Confucius dans 67 écoles australiennes.

Les instituts Confucius doivent être fermés

Daniel Wild, directeur de la recherche à l’Institute of Public Affairs, a déclaré que les instituts Confucius ne devraient pas être autorisés à opérer sur les campus et dans les écoles australiennes.

« [Les instituts Confucius] ne sont pas compatibles avec nos valeurs de liberté et de liberté de l’information sur nos campus universitaires », a déclaré M. Wild.

« Il y a une crise sur les campus universitaires quand il s’agit d’ingérence étrangère, et l’institut Confucius en est l’un des principaux vecteurs […] L’argent vient, mais assorti de conditions. »

Selon le site web Business Insider, le Hanban – qui est lié au ministère de l’Éducation du PCC et administre les programmes des instituts Confucius – a versé 150 000 $ US pour créer un institut Confucius au sein du Département de l’éducation. Il finance également des assistants d’enseignement pour les écoles et fournit 10 000 $ US pour chaque nouvelle classe Confucius.

Le 22 août, le ministère de l’Éducation de Nouvelle Galles du Sud annoncé la suppression des instituts Confucius liés au PCC dans les écoles publiques de Nouvelle Galles du Sud après un examen d’une année.

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En dépit de l’adoption par le Parlement australien d’une loi sur les ingérences étrangères, Paul Monk, ancien analyste des services de renseignement au sein de l’Organisation du renseignement de défense du gouvernement fédéral, a déclaré que cette loi n’avait pas été appliquée.

« Ces dernières années, l’Australie a été la première au monde à adopter des lois visant à réprimer systématiquement l’ingérence chinoise dans le pays. »

Paul Monk (à droite) s’adresse aux spectateurs qui assistent à la projection du documentaire Au nom de Confucius à Melbourne, Australie, le 31 octobre 2019. (De gauche à droite) John Xiao, PDG du Melbourne Epoch Times ; Daniel Wild, directeur de recherche à l’Institute of Public Affairs ; Phong Nguyen, vice-président de la section victorienne de la communauté vietnamienne en Australie ; Paul Monk, ancien analyste principal du renseignement à la Defence Intelligence Organization du gouvernement fédéral. (Grace Yu/Epoch Times)

« La loi a été adoptée, mais[le gouvernement australien] ne fait pas grand-chose avec cette loi », a déclaré M. Monk.

En vertu du système de transparence des influences étrangères (FITS), entré en vigueur le 10 décembre 2018, « toute personne qui entreprend certaines activités pour le compte d’un mandant étranger dans le but d’influencer un processus politique ou gouvernemental sera tenue de s’enregistrer dans le cadre du programme », selon une déclaration du ministère du 23 novembre 2018.

À ce jour, aucun des instituts Confucius en partenariat avec les 13 universités australiennes ne s’était enregistré.

Le Premier ministre australien de l’époque, Malcolm Turnbull (à droite), et le Premier ministre de la république populaire de Chine, Li Keqiang, se préparent à quitter le Parlement de Canberra le 23 mars 2017 pour la cérémonie de bienvenue. (Mark Graham/AFP/Getty Images)

Pourtant, il a été rapporté que les instituts Confucius emploient des pratiques d’embauche discriminatoires, répandent la propagande communiste et s’adonnent à l’espionnage. Toutes les modalités, du recrutement des enseignants au matériel pédagogique, sont contrôlés par le ministère du PCC.

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La vulnérabilité de l’Australie face à l’influence du Parti communiste chinois

Selon M. Monk, l’Australie est devenue vulnérable au PCC et à ses programmes à mesure que la Chine s’ouvrait sur le monde :

« Pendant la majeure partie des 35 dernières années, ici et partout dans le monde, les gens ont voulu que la Chine s’ouvre, ils voulaient la voir se développer et prospérer, ils voulaient qu’elle soit intégrée [dans] le système australien.

« Et ils ont supposé qu’à mesure que ces choses se produiraient, le Parti communiste se libéraliserait progressivement et deviendrait plus amical et attrayant. »

M. Wild a ajouté que l’Occident s’était ouvert à la Chine en partant du principe que la Chine ressemblerait davantage à l’Occident et adopterait des politiques ouvertes sur la liberté et les libertés civiles.

« Ce que nous pouvions prévoir d’après les politiques économiques et étrangères, c’était que la libéralisation économique entraînerait une libéralisation politique en Chine. »

« Ce qui se passe, c’est que l’Occident ressemble de plus en plus à la Chine. La Chine est en train de nous changer », a dit M. Wild.

« La Chine devient ainsi un leader mondial dans la fabrication de l’intelligence artificielle (IA) et de diverses technologies afin de ne pas dépendre de l’Occident. Alors l’Occident deviendra plus un tiers-monde. »

John Xiao, PDG d’Epoch Times Melbourne, a ajouté que la nature du communisme doit être comprise pour comprendre comment la Chine communiste influence le reste du monde.

« Non seulement ils ne changent pas, mais ils veulent conquérir le monde, et c’est la Chine contre le monde. Pas la Chine avec le monde. Ils veulent un nouveau modèle socialiste pour conquérir le monde. »

Sur les manifestations à Hong Kong

Les récentes manifestations à Hong Kong n’auraient pu être ignorées alors que le sujet de l’événement était orienté vers la liberté contre la tyrannie.

Les manifestations, qui ont commencé début juin lorsque des millions de personnes sont descendues dans la rue, sont en grande partie un recul contre l’influence de Pékin. Les manifestants appellent également à une plus grande démocratie, telle que le suffrage universel, ainsi qu’à une enquête indépendante pour faire la lumière sur les cas de violence policière contre des manifestants.

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Phong Nguyen, vice-président de la section victorienne de la communauté vietnamienne en Australie (VCA), estime que le peuple de Hong Kong finira par l’emporter.

« Je crois que Pékin n’osera pas intervenir [à Hong Kong]. Pourquoi ? Parce que dès que Pékin interviendrait, le reste du monde […] boycotterait la Chine. »

M. Xiao a ajouté que bien que la démocratie vienne de l’Ouest, « c’est Hong Kong qui la défend aujourd’hui ».

« Hong Kong est l’exemple parfait dont le monde entier peut s’inspirer », a déclaré M. Xiao.

Au cœur des protestations de Hong Kong se trouvent la revendication des libertés civiles, a fait remarquer M. Monk, et c’est la Grande-Bretagne qui leur avait accordées, et non de Chine.

En ce qui concerne l’infiltration du PCC en Australie, M. Monk a déclaré que le groupe de travail visant à réduire l’influence étrangère n’avait pas reçu le budget.

« Pourquoi cela ? C’est parce que l’influence de la Chine est très importante [en Australie] », a dit M. Monk.

« Et il y a eu beaucoup de lobbying en coulisse pour décourager les politiciens, les gens d’affaires, les universitaires de prendre position sur cette question. »

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