Que risque le père de la fillette, agressée sexuellement à Roanne, pour avoir voulu faire justice lui-même ?

Par Emmanuelle Bourdy
29 octobre 2022 15:51 Mis à jour: 29 octobre 2022 15:51

L’affaire de ce père de famille de Roanne (Loire), accusé d’avoir tabassé un adolescent suspecté d’avoir agressé sexuellement sa fille de 6 ans, fait couler beaucoup d’encre. Le procureur de la République de la ville, Abdelkrim Grini, déplore que ce père ait fait justice lui-même. Me Julia Courvoisier, avocate pénaliste au barreau de Paris, estime quant à elle cette réaction « totalement inadmissible ».

Ce père de famille résidant à Roanne a avoué avoir roué de coups l’adolescent de 16 ans soupçonné d’attouchements sur sa fille, aidé de trois autres personnes. Ce passage à tabac a entraîné une interruption totale de travail (ITT) de 10 jours pour l’adolescent. Le procureur de la République de Roanne a ouvert une enquête contre le père pour « violences aggravées en réunion et avec usage d’une arme ». Il a été placé en garde à vue avec ses trois amis, ce jeudi matin à Roanne.

« Une réaction humainement compréhensible, mais totalement inadmissible »

Selon l’article 122-5, une personne qui, face à « une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui », accomplit « dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui », n’est pas « pénalement responsable ». Encore faut-il que les « moyens de défense employés » ne soient pas disproportionnés par rapport à « la gravité de l’atteinte ». L’article 122-6 mentionne que les actes violents peuvent être « couverts » s’ils sont accomplis « pour repousser une entrée par effraction, violence ou ruse dans son logement, ou encore en guise de défense face aux auteurs d’un vol ou pillage violent ».

Dans l’affaire de Roanne, il n’est pas question de « légitime défense », ni d’ « autodéfense ». Par conséquent, ainsi que l’explique Me Julia Courvoisier à Actu.fr, « se faire justice soi-même, c’est une réaction humainement compréhensible, mais totalement inadmissible ».

« C’est ce qui le différencie des animaux »

« Se faire vengeance, comme dans le cas de Roanne, cela n’a aucun intérêt pédagogique, car la justice, elle donne une sanction, elle réinsère aussi à travers des mesures d’accompagnement socio-éducatif. Si la colère est humaine, la vengeance, c’est la guerre dans la rue », martèle l’avocate au barreau de Paris. D’ailleurs, elle estime que « tabasser un mineur à plusieurs n’empêchera pas la délinquance de prospérer ». « Ce père qui n’a pas su contrôler sa colère et a vu rouge, c’est inquiétant et cela dit quelque chose de la société », lance-t-elle.

« L’être humain civilisé a décidé de réfléchir, de se questionner, de douter, de comprendre et d’essayer d’avoir des réponses pour juger au mieux les criminels. Et il ne peut pas le faire dans l’émotion et la colère. C’est ce qui le différencie des animaux », déclare-t-elle encore auprès d’Actu.fr.

Le père de la fillette agressée a notamment reproché à la police sa lenteur, mais pour Me Julia Courvoisier, dans ce dossier, « la justice n’a pas été défaillante », le mineur isolé ayant été rapidement mis en examen pour « agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans » et placé en détention provisoire. Le père de famille encourt sept ans de prison et 100.000€ d’amende pour « s’être fait justice soi-même ».  

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