Roanne: 24h après le dépôt de plainte du père, «aucun policier» n’est venu patrouiller dans le quartier, selon l’avocat de la famille

Par Emmanuelle Bourdy
27 octobre 2022 12:38 Mis à jour: 27 octobre 2022 12:38

Pour avoir voulu se faire justice lui-même au lendemain de l’agression de sa fille de 6 ans, le père de famille fait l’objet d’une enquête. Il estime en outre que la plainte qu’il a déposée à l’encontre de l’auteur des faits, un mineur isolé de 16 ans, n’a pas été prise au sérieux étant donné qu’aucun policier n’est venu dans le quartier.

L’auteur présumé de l’agression était entré par effraction dans la maison de la fillette et s’était livré à des attouchements sexuels sur elle, avant d’être surpris par la maman. Le père de l’enfant avait alors interpellé l’adolescent le lendemain, pendant la nuit, alerté de la présence du suspect par un voisin. Il s’était alors assuré auprès de sa femme qu’il s’agissait bien de l’agresseur sexuel de leur fille, et l’avait passé à tabac.

Quand « on touche à ce que vous avez de plus cher… »

Abdelkrim Grini, le procureur de la république de Roanne, a vivement pointé du doigt l’intervention d’Aniss, le père de famille. Il a indiqué sur BFMTV que « notre État de droit ne permet pas qu’on se fasse justice soi-même ». Il a ouvert une enquête contre Aniss pour « violences aggravées en réunion commises avec une arme par destination ».

Mais pour Jean-François Canis, l’avocat d’Aniss, « on peut peut-être expliquer » l’action du père de la fillette, cette dernière étant « relativement traumatisée ». « Il a complètement perdu la raison, il le reconnaît », a-t-il précisé sur BFMTV, ce mardi 25 octobre. « Quand on touche votre petite fille de 6 ans, on touche à ce que vous avez de plus cher », a-t-il signifié.

L’avocat a raconté que tout s’est passé très vite cette nuit-là. Lorsqu’un voisin lui a dit qu’il avait vraisemblablement retrouvé l’agresseur de sa fille, le père l’a pris en photo et l’a montré à sa femme qui l’a reconnu. Il est alors rapidement sorti et s’est précipité sur l’individu. « Ça dure 30 secondes cette scène, il n’y a pas le temps de la réflexion, il n’y a pas de guet-apens, il n’y a pas d’expédition punitive, c’est une réaction instinctive de quelques secondes, et il est bien évident que je la condamne, je la regrette », a-t-il indiqué, ajoutant que depuis les évènements, son client n’ose pas retourner chez lui.

Le père a eu le sentiment que sa plainte « n’avait pas été prise au sérieux »

S’il admet que son client « a eu tort d’agir ainsi », il s’interroge toutefois : « Je ne sais pas si, placé dans la même position, chacun d’entre nous garderait son sang-froid. » Aniss a également eu le sentiment que sa plainte « n’avait pas été prise au sérieux » étant donné qu’ « aucun policier » n’a effectué de patrouille dans le quartier dans les 24 heures qui ont suivi l’agression de sa fille, renchérit Me Canis.

Un point que dénonce également Philippe David, journaliste et auteur. « Que fait la police ? » a-t-il questionné sur Sud Radio ce mercredi 26 octobre, expliquant que le père avait retrouvé l’individu avant les forces de l’ordre. Il a ajouté : « Et le procureur de la République, qui fait la leçon au père dans les médias, ferait peut-être bien de regarder l’efficacité de ses services. » Pour le journaliste, le coupable, c’est l’État. « Si l’État avait contrôlé la frontière, […] la pauvre petite gamine n’aurait pas été agressée sexuellement », car, « comment expliquer que ce jeune était rentré illégalement en France », s’est-il encore demandé.

L’adolescent a été mis en examen et placé en détention provisoire. Originaire de Guinée, il était arrivé à Roanne quinze jours plus tôt et avait été placé dans une structure pour mineurs isolés située à proximité du domicile de la fillette. Il nie formellement les faits qui lui sont reprochés et veut déposer plainte contre le père de famille. Aniss estime quant à lui avoir agi « dans un état second » et souligne que « tout père de famille » aurait agi de même. « J’aurais pas dû le faire, mais je ne regrette en aucun cas de l’avoir fait », a-t-il mentionné sur BFMTV. Il encourt 7 ans de prison, selon le procureur.

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