Durant une randonnée de 15 000 km, une femme parcourt le Grand Sentier du Canada

Melanie Vogel en est au 15e mois de sa randonnée en solo d'environ 3 ans sur le plus long sentier de loisirs du monde

22 octobre 2018 19:13 Mis à jour: 5 septembre 2019 23:29

J’étais à Sudbury, en Ontario, pour un événement qui s’est produit récemment lorsqu’une énorme tempête a fait rage. Plus tard, j’ai découvert qu’il s’agissait probablement d’une partie de la tornade qui a laissé, le 28 septembre, un sillage de désolation dans certaines régions d’Ottawa. Le vent était si fort que les branches des arbres se brisaient sur le sol et que la pluie tombait en trombe.

J’ai vite couru à la cafétéria voisine, mais la porte ne s’ouvrait pas. Une femme à l’intérieur m’a vue me débattre avec la porte et l’a ouverte pour me laisser entrer. Je l’ai remerciée, soulagée de trouver un refuge à l’abri de la tempête hurlante, et nous avons tout de suite entamé une conversation qui allait bien au-delà du temps qu’il faisait ce jour-ci.

J’ai rejoint cette femme grande et mince à sa table et elle a commencé à me raconter sa fascinante histoire.

‘Une incroyable liberté personnelle’

Elle s’appelle Mélanie Vogel et elle marche seule à travers le Canada en empruntant le Grand Sentier du Canada, qui s’étend d’est en ouest jusqu’au nord sur 24 000 km.

Elle a commencé à Cape Spear, dans la péninsule d’Avalon, près de Saint-Jean (Terre-Neuve), le point le plus à l’est du pays, et elle terminera au point zéro à Victoria, sur l’île de Vancouver (Colombie-Britannique), après 15 000 kilomètres.

Elle porte un sac à dos d’environ 22 kg qui semble presque aussi grand qu’elle. J’ai essayé de le soulever mais je l’ai trouvé trop lourd.

Lorsque je l’ai rencontrée à Sudbury, elle faisait déjà de la randonnée pédestre depuis un an et trois mois. Elle estime qu’il lui faudra entre deux ans et demi et trois ans pour atteindre la côte Ouest.

Pourquoi fait-elle ça ?

« J’ai voyagé 2 ans en Asie, de 2011 à 2013, et j’ai eu le sentiment qu’un grand nombre de mes valeurs avaient changé au cours de cette période », a-t-elle dit. « En fait, j’ai eu la piqûre des voyages et je voulais vraiment repartir en voyage. »

L’idée de marcher sur le Sentier lui est soudainement venue à l’esprit.

« J’ai toujours voulu voir le Canada. J’ai lu un article sur le Grand Sentier et je n’ai jamais cessé d’y penser depuis. En juillet 2016, j’ai finalement pris ma décision. ‘D’accord, je vais marcher à travers le Canada, juste comme ça’, et j’ai commencé à me préparer », a-t-elle dit.

Elle a passé 11 mois à se familiariser avec le Grand Sentier – le plus long sentier de randonnée du monde, qui compte plus de 400 sentiers différents – et à se préparer au voyage en s’entraînant à la survie, en s’assurant qu’il n’y ait pas d’ours et en faisant des démarches pour obtenir des sponsors, ou encore pour se procurer de l’équipement.

« Puis est venu le jour où j’ai réservé mon vol et j’ai pensé : ‘Ok, maintenant c’est pour de vrai, je vais vraiment le faire' », dit-elle. « Alors que l’avion décollait de Toronto le 31 mai [2017], j’avais des larmes de bonheur qui coulaient sur mes joues. J’allais vers ma prochaine grande aventure. »

Melanie, 43 ans, a quitté l’Allemagne pour le Canada en 2008. Elle vit à Toronto et travaille dans une organisation à but non lucratif. Grande voyageuse, elle a déjà visité 32 pays. Voyager, dit-elle, lui donne le sentiment d’ « une incroyable liberté personnelle ».

« Je me suis toujours senti qu’en voyageant je me rapprochais de mon authenticité, de mon vrai moi, et c’est ce que j’aime dans le voyage. Maintenant que je suis sur la route, j’ai tout le temps de le faire. Marcher dans la nature est très inspirant pour moi parce qu’on se trouve dans un endroit si paisible. »

Mélanie Vogel avec son sac à dos de 22 kilos. (The Epoch Times)

Une marche méditative

Le Grand Sentier sillonne une variété de paysages : urbains, ruraux et sauvages. Il y a de nombreuses petites communautés et villes ainsi que quelques grandes villes le long du sentier, donc Melanie a souvent l’occasion d’acheter des provisions, d’utiliser le Wifi et de recharger ses appareils électroniques. Même si elle essaie de rester autant que possible hors ligne sur le sentier, elle documente les événements de tous les jours sur son site Web, betweensunsets.com, et sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram et Twitter.

La nuit elle campe, bien qu’il ne lui soit pas toujours facile de trouver un endroit convenable pour installer sa tente. Parfois, les gens qui vivent près du sentier l’invitent chez eux pour une bonne nuit de sommeil dans un lit.

« Je rencontre des gens sur le sentier, ou des gens me contactent sur Facebook et m’invitent à séjourner chez eux. Le soutien et l’hospitalité des Canadiens est assez incroyable », a-t-elle dit.

La randonnée sur le sentier a contribué à renforcer sa résilience mentale et physique. Quand elle a commencé le voyage, elle parcourait en moyenne 15 kilomètres par jour ; maintenant, elle est capable de marcher 25 à 50 kilomètres en une fois.

Pour sa sécurité, Mélanie porte un spray pour éloigner les ours, un couteau de poche, un sifflet et une balise de détresse. Mais elle ne s’inquiète pas trop des animaux, car elle sait comment se protéger. Elle a ajouté que les gens lui ont dit qu’elle devrait faire du bruit lorsqu’elle marche pour effrayer de plus gros animaux comme l’orignal et l’ours, mais qu’en fait, elle essaie parfois d’avancer tranquillement dans l’espoir de rencontrer de la faune.

« Marcher à travers un pays si grand et si sauvage, bien sûr que je veux voir de la faune », dit-elle.

« Une femme indigène m’a dit que pour sa part, quand elle voyage elle demande aux animaux de la laisser traverser leur habitat en toute sécurité lorsqu’elle traverse la forêt. Elle a dit qu’on pouvait soit le dire à haute voix, soit le penser, et c’est ce que je fais maintenant. Ce rituel et d’autres rituels spirituels m’apportent une grande paix d’esprit. C’est presque comme si tu envoyais ta demande paisible dans l’univers et qu’elle rebondissait en harmonie, comme si c’était ainsi que ça devait arriver. »

Mélanie décrit les longues heures passées seule sur le sentier comme « une marche méditative ». « L’effort que nous mettons dans les exercices de yoga et de méditation pour le centrage corps-esprit se fait tout naturellement sur le sentier », dit-elle. « Je n’ai jamais été aussi satisfaite de ma vie que l’année qui vient de passer. »

Cependant, il y a encore des moments où elle est dépassée par ses pensées, et quand cela arrive, elle se distrait en chantant ou en se concentrant davantage sur son environnement.

« Je peux me laisser emporter par l’émerveillement ou par les explorations le long du sentier. Il peut s’agir de petites choses, comme une tortue, un serpent, ou même une chenille qui croise mon chemin, ou voir un renard ou un cerf. J’aime aussi observer la forme et la croissance des arbres et des plantes qui bordent le sentier. Trouver la beauté dans la nature est incroyablement satisfaisant et me fait me sentir profondément connectée. »

Prochain voyage

Voyageuse dans l’âme, Mélanie réfléchit déjà à ce que sera son prochain voyage une fois la randonnée terminée. L’une des nombreuses idées qu’elle a, c’est de rentrer à vélo à Toronto au lieu de prendre l’avion. Une autre possibilité est de continuer vers le nord sur le sentier.

« J’ai prévu de passer de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique, mais il y a aussi la possibilité d’aller vers le nord jusqu’à l’océan Arctique », dit-elle.

« C’est plus de 3 000 kilomètres de plus, donc je ne suis pas sûre, mais il y a des moments où je me dis, ce serait cool de faire les trois océans en une fois, non ? Parce que je pourrais le regretter si je ne le fais pas, n’est-ce pas ? »

Avant que nous nous quittions finalement après notre longue conversation, la tempête s’était un peu calmée et je l’ai accompagnée jusqu’à son point de départ sur le sentier. Nous avons marché le long du sentier ensemble pendant un moment, puis nous nous sommes dit au revoir en nous faisant un gros câlin.

En la regardant partir, je me suis sentie impressionnée par son endurance et par le fait qu’elle s’acquittait toute seule de cette tâche monumentale. Le lendemain, j’ai moi-même fait une petite randonnée et j’ai commencé à me sentir fatiguée après seulement quelques heures. Je m’émerveillais de voir comment Mélanie pouvait faire cela jour après jour en portant 22 kilos sur son dos pendant un si long voyage, sur tous les terrains et par tous les temps. J’admire beaucoup sa persévérance.

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