Réaffirmer le patriotisme et la souveraineté, rejeter l’OMC

Par J.G. Collins
16 avril 2024 12:25 Mis à jour: 16 avril 2024 12:26

En mai 1994, lors du débat sur l’entrée des États-Unis dans l’Organisation mondiale du commerce, le Washington Post écrivait :

« Les États-Unis sont la plus grande nation exportatrice du monde et l’incapacité à résoudre les griefs existants a été la cause d’énormes pertes et frustrations pour les exportateurs américains au fil des ans. L’OMC est la solution. »

Le Washington Post, toujours un peu supérieur quand il s’agit d’écrire sur les Républicains, expliquait alors à ses lecteurs que certains Républicains s’opposaient à l’entrée des États-Unis dans l’OMC :

« Vous ne serez pas très surpris d’apprendre que la question patriotique de la souveraineté nationale fait l’objet d’une grande attention ces jours-ci de la part des protectionnistes [républicains] qui se battent pour conserver les réglementations qui restreignent le commerce et la concurrence ».

Il y a deux ironies dans l’article du Washington Post.

La première consiste à qualifier ces Républicains opposés à l’OMC de « protectionnistes » alors qu’ils étaient justement tout sauf des protectionnistes. En effet, la plupart d’entre eux étaient de stricts idéologues du marché libre, même si, très souvent, ils étaient en faveur d’un commerce « libre mais équitable ».

Contrairement à certains membres du Parti républicain américain actuel, qui embrassent le « libre-échange » sans restriction, et y adhèrent avec une ferveur quasi-religieuse, Ronald Reagan a adopté des notions traditionnellement conservatrices : respecter l’équité en matière de commerce extérieur. Il a négocié des quotas volontaires et des droits de douane sur tous les produits, des voitures japonaises jusqu’aux pinces à linge. À l’époque, le Japon opposait d’énormes barrières non tarifaires aux importations d’automobiles américaines, et les pinces à linge faisaient l’objet d’un dumping sur le marché américain à des prix inférieurs aux coûts des producteurs étrangers, avec pour objectif de détruire les fabricants américains. Reagan n’était pas « protectionniste » ; il se contentait d’atténuer les avantages commerciaux déloyaux que nos partenaires commerciaux étrangers utilisaient pour tricher dans le commerce et nuire aux entreprises américaines.

La deuxième ironie que le Washington Post n’a pas vue dans son éditorial est que, de l’aveu même du journal : « Les États-Unis sont la plus grande nation exportatrice du monde ». C’était peut-être vrai en 1994, à l’époque de l’éditorial, mais ce n’est certainement plus le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est la République populaire de Chine qui détient cette palme, et ce en grande partie depuis qu’elle a rejoint l’OMC en décembre 2001, et certains membres lui ont accordé des concessions spéciales avantageuses en tant que « pays en développement ».

Deuxième réflexion sur l’erreur de l’OMC

Les Républicains ont fini par céder à la pression des médias et des grands donateurs et ont acté l’adhésion du Congrès à l’OMC en 1994. Mais un quart de siècle plus tard, ces mêmes Républicains reconnaissent aujourd’hui que l’adhésion de la Chine à l’OMC a été une erreur. L’un deux, Newt Gingrich a déclaré à The Hill :

« Nous pensions qu’en les faisant entrer dans un système fondé sur des règles, leur culture s’imprégnerait progressivement et que ce serait un grand pas dans la bonne direction. En fait, les Chinois ont décidé de corrompre l’OMC plutôt que de se laisser changer par elle ».

L’avantage substantiel de la Chine dans le commerce des marchandises avec les États-Unis depuis qu’elle est entrée dans l’OMC avec des avantages spéciaux peut être vu ici. Sur ce graphique, la courbe bleue représente les importations américaines en provenance de la Chine, et la ligne rouge ses exportations vers la Chine :

(Source: OECD International Trade: Imports and Exports: Value (Goods): Total for China; retrieved from FRED, Federal Reserve Bank of St. Louis)
(Source : Commerce international de l’OCDE : Importations et exportations : Valeur (biens) : Total pour la Chine ; extrait de FRED, Federal Reserve Bank of St. Louis)

L’Amérique a renoncé à son énorme avantage

Mais ce que M. Gingrich, le Washington Post et les législateurs n’ont pas compris en 1994, lorsque les États-Unis ont adhéré à l’OMC, c’est que les États-Unis étaient, et sont encore aujourd’hui, le plus grand marché de consommation par habitant au monde. Cela donne aux États-Unis un niveau extraordinaire d’influence et de pouvoir de négociation qu’ils ont cédé lorsqu’ils ont adhéré à l’OMC. Ce fut une erreur et un abandon indigne de la « question patriotique de la souveraineté » que le journal a rejeté avec tant de suffisance.

Cela n’aurait jamais dû être permis.

Une meilleure politique commerciale

Une meilleure politique commerciale consisterait à rétablir la souveraineté des pays développés en matière de politique commerciale, en rendant aux parlements des différents pays le pouvoir de réglementer leur commerce avec les pays étrangers.

Avec un système de traités, nous pourrions effectivement définir la norme mondiale pour les accords commerciaux internationaux et « peaufiner » le modèle d’accord avec nos partenaires commerciaux pour répondre à nos besoins spécifiques, si nécessaire, à partir d’une position de force – et restreindre tout accord commercial à des pays en particulier. En outre, les parlements pourraient voter des sanctions à l’encontre des partenaires commerciaux qui enfreignent les termes de leur traité individuel sans que l’on ne soit obligé d’obtenir l’autorisation de bureaucrates étrangers non élus à Genève comme c’est le cas actuelement.

Enfin, les pays occidentaux pourraient tout simplement rejeter toute règle de l’OMC concernant, par exemple, notre choix de subventionner des secteurs d’importance stratégique, tels que la défense, l’aérospatiale et les minerais essentiels. Nous pourrions également décider, pour nous-mêmes, d’accorder ou non des concessions commerciales spéciales à des partenaires commerciaux étrangers qui se décrivent eux-mêmes comme « en développement ». (La Chine, par exemple, s’est décrite comme étant « en développement » et a donc invoqué des aménagements commerciaux spéciaux. Cette description a été contestée par les États-Unis et l’Australie, entre autres, mais l’OMC n’a rien fait pour rejeter la demande de la Chine).

En résumé

Les accords commerciaux sont toujours complexes, notamment en raison des détails relatifs aux milliers de biens et de services qui doivent être pris en compte. Il a fallu sept ans pour négocier l’OMC. Compte tenu de cette complexité, je pense qu’une grande partie de tout traité modèle que nous pourrions adopter comme position de négociation de base pour nos traités commerciaux bilatéraux sera adoptée, dans une large mesure, à partir des dispositions existantes de l’OMC.

Mais au lieu de confier à Genève l’autorité, dans le cadre d’un traité modèle national et patriotique, ces déterminations seraient déterminées par les autorités du pays.

Le Washington Post n’est peut-être pas daccord, mais il est temps de prendre du recul par rapport à l’OMC et de réaffirmer le patriotisme et la souveraineté que la presse écrite dénigre si volontiers.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.