Nos relations avec la Chine et la Russie : une naïveté ?

Par Tamuz Itai
13 mai 2022 18:42 Mis à jour: 14 mai 2022 10:43

En géopolitique, il faut avoir une vision globale pour obtenir des évaluations raisonnables. Par exemple, on peut voir que l’Iran a survécu toutes ces années sous le coup de sanctions plus ou moins strictes, en partie parce que les régimes russe et chinois continuaient d’ignorer ces sanctions en achetant son pétrole, en lui vendant des armes et en assurant sa protection diplomatique.

De ce point de vue, si un pays peut être aidé à échapper aux sanctions occidentales strictes, cela non seulement réduit l’effet de ces sanctions sur le pays ciblé, mais accroît en même temps l’influence de ceux qui le soutiennent.

C’est ce qui s’est passé également avec les sanctions actuelles contre la Russie. Après avoir signé des accords de « coopération sans limites » entre la Russie et la Chine le jour de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, et après avoir attendu la fin de ces Jeux, la Russie a attaqué l’Ukraine. Cependant, lorsque Visa et Mastercard se sont retirées de la Russie à la suite de cette invasion, par exemple, le réseau chinois UnionPay a pris leur place pour traiter les transactions en Russie.

Et, bien sûr, la Chine achète désormais le pétrole et le gaz russes à moitié prix, ce qui accroît son avantage concurrentiel sur les marchés du monde entier.

Depuis le début de l’invasion, le Parti communiste chinois (PCC) utilise sa tactique habituelle de « deux pas en avant, un pas en arrière » : il soutient la Russie, puis montre qu’il diminue un peu ce soutien. Cela donne aux gouvernements occidentaux l’illusion que la Chine pourrait peut-être jouer un rôle constructif de médiateur dans la guerre menée par la Russie en Ukraine.

L’État-parti chinois, bien sûr, vise depuis des décennies l’hégémonie mondiale en considérant l’Occident, et surtout sa première puissance – les États-Unis – comme son principal rival. Il fait tout pour nuire aux intérêts, aux alliances et à la stabilité de l’Amérique et d’autres pays occidentaux. Cela inclut évidemment le soutien aux gouvernements et aux organisations dont les actions sapent l’Occident de l’extérieur et de l’intérieur, indépendamment de toute leur similitude idéologique avec le Parti communiste chinois.

Par exemple, l’Iran est dirigé par un régime religieux ouvertement islamique, alors que le PCC coopère et soutient ce régime en étant anti-religieux et en persécutant les musulmans ouïghours en Chine.

Ainsi, le régime chinois s’octroie la position recherchée : être invité à modérer les régimes « fous » tels que la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Et il joue ce rôle avec plaisir, tout en exigeant de l’Occident un prix très élevé pour ses services – en particulier, sous la forme d’une tolérance occidentale des campagnes chinoises visant la domination mondiale ou d’horribles violations des droits de l’homme qui se passent en Chine. En fait, tous les régimes susmentionnés ne seraient pas aussi audacieux sans le soutien économique, diplomatique et militaire réel et continu du PCC.

Cela s’applique également à d’autres cas.

Prenons, par exemple, Israël. Les gouvernements israéliens successifs expliquaient le renforcement de leurs liens avec le PCC par l’idée que, à part des gains économiques, de bonnes relations rentables avec le régime chinois rendraient ce dernier moins favorable à l’Iran. Toutefois, cela n’a pas fonctionné, puisque la stratégie fondamentale de l’État-parti chinois est dirigée contre l’Amérique et l’Occident, tandis que l’Iran est un ennemi de l’Amérique et d’Occident.

Aucune amabilité de la part d’Israël ne pourra changer cette stratégie de base.

Si l’approfondissement des liens avec Israël peut permettre au régime chinois d’obtenir de nombreux équipements et technologies – y compris des technologies à double usage telles que la cybernétique – et, en même temps, creuser un fossé entre Israël et les États-Unis, ce régime fera d’une pierre deux coups.

Il semble que de plus en plus de gouvernements occidentaux commencent à écouter leurs services de renseignement et de sécurité, et se rendent compte que si l’on ne s’attaque pas à la source de soutien de Vladimir Poutine, du régime iranien et de la Corée du Nord, leurs sanctions auront un effet réduit et risquent de permettre à Pékin d’en profiter et prendre des « parts de marché » à l’Occident.

Tamuz Itai est un journaliste et chroniqueur qui vit à Tel Aviv, en Israël.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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