Rien ne va plus chez les Verts

30 août 2015 11:37 Mis à jour: 18 octobre 2015 11:02

Certains rêvaient d’une écologie politique. Mais après le départ la semaine dernière des deux cadres Europe Écologie Les Verts (EELV), l’antynomie n’a jamais été aussi flagrante. Écologie et politique n’ont jamais fait bon ménage, depuis les débuts des Verts-Parti écologiste avec Brice Lalonde en 1982 jusqu’à la création d’EELV en 2010 sous l’impulsion de Daniel Cohn-Bendit, et les derniers épisodes ne font que confirmer une dérive vers l’extrême gauche de sa ligne politique.

Le début de la fin
Ce sont la défiance avec le gouvernement et l’alliance avec le Front de gauche pour les régionales qui ont sonné le glas pour le parti. La tendance à l’implosion avait déjà commencé au cours de la présidentielle de 2012, lorsque Nicolas Hulot, meilleur espoir pour l’écologie politique en France avait été lynché par le parti qu’il était venu aider.

C’est la préfiguration d’un nouveau parti des Verts qui s’annonce après le départ les 27 et 28 août de François de Rugy et Jean-Vincent Placé d’EELV.

Pour Jean-Vincent Placé sénateur de l’Essonne « EELV se fourvoie dans une dérive gauchiste ». Le sénateur montre effectivement une vision politique plus pragmatique pour l’écologie et entend « animer l’écologie réformatrice qui assume la mondialisation, qui est pour l’Europe fédérale, qui aime la République, qui aime la laïcité, qui bien sûr s’inscrit dans l’économie de marché et veut bien sûr faire changer les choses ».

Pour François de Rugy, député vert de Loire-Atlantique et co-président du groupe à l’Assemblée, « le cycle ouvert par Daniel Cohn-Bendit [pour EELV] en 2008 est arrivé à son terme. » Il y a selon lui un déni de réalité et une dérive idéologique de la part des cadres du parti : « il y a des gens, par calcul politicien, pour qui être anti-PS est un axe stratégique plus fort que toute autre considération. »

Une dérive gauchiste sans l’appui des électeurs
Les deux parlementaires souhaitaient ouvertement une présence d’EELV au gouvernement et ont décidé de se désolidariser du parti après l’alliance de Cécile Duflot avec le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon pour les régionales 2015.

80% des sympathisants souhaitent que les écologistes soient au gouvernement

Une situation qui va selon eux à l’encontre des exigences des électeurs. Un état des lieux confirmé par un sondage paru le 20 août dans Ouest-France selon lequel 80 % des sympathisants souhaiteraient que les écologistes soient au gouvernement, et 8 % seulement qu’ils se rapprochent du Front de Gauche.

Pour Daniel Cohn-Bendit qui a lancé la formation écologiste d’EELV en 2008, « c’est un énorme gâchis, un gâchis incroyable ». L’ancien eurodéputé écologiste et chroniqueur à Europe 1 n’était pas tendre : « Europe Écologie-Les Verts est devenu une caricature des partis politiques. […]L’idée, c’était de créer une force politique où on était justement capable de débattre […] Aujourd’hui, on est dans la tactique politique ».

L’impossible réconciliation avec le PS
Et la situation ne semble pas s’arranger malgré la présence d’Emmanuelle Cosse, secrétaire générale d’EELV à l’université d’été de La Rochelle du Parti Socialiste le 29 août. Venue apparemment pour éteindre les tensions et montrer un attachement politique au PS, la rencontre s’est terminée en pugilat en coulisse.

La discussion entre Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement, le député socialiste Olivier Faure, la députée écologiste Eva Sas et David Cormand, numéro 2 d’EELV avait pourtant voulu renouer les liens entre les formations politiques. Mais les échanges ont vite tourné au vinaigre.

« Aujourd’hui, ce n’est pas l’autonomie que l’on vous reproche, c’est votre stratégie de remplacement du PS » a expliqué Jean-Marie Le Guen. « Tu confonds loyauté et soumission, Jean-Marie » a répondu Cormand. « Je ne suis pas sûr que l’on va construire quelque chose ensemble demain » a conclu Eva Sas.

Une fin de non recevoir et un aveu d’échec quant à la structuration du parti autour d’une ligne politique viable malmenée par les intérêts individuels exacerbés. Une aubaine pour le parti socialiste qui voit ses propres divisions éclipsées.

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