Le rouleau compresseur des prélèvements contraints d’organes guette le régime chinois

12 octobre 2012 14:50 Mis à jour: 29 octobre 2017 14:53

Une atrocité hante la Chine. Il n’est pas encore clairement précisé de quelle manière et à quel moment sera exposée cette atrocité, de même l’effet qu’elle aura sur la politique, au moment où cela se passera, n’est pas encore clairement établi. Mais comme pour d’autres cas historiques de l’histoire de la Chine communiste, ce sera le point d’inflexion et sans doute la dernière grande atrocité du Parti Communiste Chinois (PCC).

C’est bien sûr le crime des prélèvements contraints d’organes. Depuis 2000, le dispositif de sécurité de l’État et les hôpitaux militaires ont tué des prisonniers de conscience pour leurs organes – ou plutôt, ont prélevé les organes de ces personnes, qui par conséquence en sont mortes. Les prisonniers sont pour la majorité des pratiquants du Falun Gong, une discipline spirituelle chinoise.

Pour comprendre la signification de ces crimes, il est nécessaire d’examiner le Falun Gong, ce qui lui est arrivé en Chine ainsi que sa relation avec la lutte de pouvoir qui se déroule actuellement au sein du PCC. Alors nous pourrons considérer les dénouements possibles des révélations sur les prélèvements contraints d’organes et la manière dont ils vont contribuer à balayer les derniers reliquats, de la légitimité du parti.

Le Falun Gong

Le Falun Gong est une méthode de cultivation et de pratique, une discipline du corps et de l’esprit, qui fait partie de la culture traditionnelle chinoise. Le concept de la cultivation et la pratique est résumé sur un des sites internet du Falun Gong en ces termes: «la notion…que les êtres humains peuvent, à travers une pratique spirituelle disciplinée, transcender l’existence ordinaire».

C’est une philosophie de la culture chinoise traditionnelle qui est aussi appelée «une cultivation bio-spirituelle» par certains érudits occidentaux. Falun Gong est donc une combinaison d’exercices physiques et une discipline morale. Les vertus morales nourries par le Falun Gong sont: authenticité, bienveillance et tolérance. Il y a aussi cinq exercices dont deux de méditation.

Cette pratique est devenue extrêmement populaire après avoir été présentée au public en Chine en 1992. En 1998, selon les chiffres de l’administration du sport chinois, il y avait 70 millions de personnes qui la pratiquaient. Du côté du Falun Gong ce chiffre est plutôt estimé à 100 millions.

Cette pratique était un changement propice face au cynisme et à la corruption qui caractérisaient la Chine, avec des personnes qui ne recherchaient que la richesse et qui avaient en général mis de côté toutes formes de philosophie morale unificatrice.

Il n’y avait aucun abonnement, aucun dirigeant, aucune hiérarchie et aucune organisation, seulement une série d’enseignements gratuits et des principes moraux. Beaucoup de pratiquants l’ont appelé «un monde pur».

La Persécution

De 1996 à 1999, une lutte existait au sein du parti entre les extrémistes et les supporters de la pratique. En juillet 1999, la sanction tomba et la campagne d’éradication du Falun Gong débuta.

Cela a été la plus grande mobilisation de sécurité depuis l’ère de Mao, qui a touchée directement jusqu’à 100 millions de personnes qui pratiquaient le Falun Gong, sans compter  leurs familles et leurs amis. De plus, la philosophie traditionnaliste du Falun Gong était idéologiquement opposée au matérialisme dialectique de l’idéologie communiste. Alors les extrémistes du parti ont juré de complètement détruire cette pratique. Les pratiquants étaient souvent des personnes ordinaires: cadres, scientifiques, chercheurs, étudiants – une strate à travers toute la société.

Au moins 60 000 pratiquants du Falun Gong ont été tués pour leurs organes entre 2000 et 2008. En analysant la signification de cette campagne, il est nécessaire de comprendre certains détails. Premièrement, le Falun Gong a fait preuve d’une résistance sans précédent, en termes d’intensité, de portée, de distribution géographique et d’étendue internationale.

Deuxièmement, le PCC en a fait une campagne prioritaire d’une manière qui semblerait surprenante ou ridicule aux personnes extérieures. Troisièmement, cette campagne a été menée essentiellement par une seule personne: Jiang Zemin.

Les factions

Ceci est le premier lien avec la crise actuelle au sein de la gouvernance.

Pour assurer la continuité de sa campagne, Jiang Zemin, a fait en sorte qu’un nombre important, de personnels, d’institutions et de changements politiques, soit accepté, même après qu’il ne soit plus au pouvoir.

D’abord, il a fallu réunir une faction.

Par exemple, en 2002, il a agrandi le comité permanent du Politburo de sept à neuf personnes, et y a installé deux de ses sous-fifres – Luo Gan et Li Changchun. Ils étaient respectivement responsables de la sécurité et de la propagande: les deux branches les plus importantes pour qu’une campagne puisse éradiquer un système de croyance populaire.

La plupart des autres membres du comité permanent étaient aussi ses supporters. Jiang a utilisé son influence pour s’assurer que le mode de direction pratiqué par Mao et Deng, mais  assoupli depuis et orienté vers une approche plus «consensuelle», subsiste.

En 2002, Hu Jintao devint le chef de l’État. Mais, il avait beaucoup moins de pouvoir personnel que pouvait en avoir Jiang. D’autres facteurs plus généralistes ont contribué à ce changement. Mais bien sûr, l’affaiblissement du chef de l’État, était une partie cruciale du complot de Jiang.

La faction de Jiang incluait Bo Xilai, l’officiel disgracié et Zhou Yongkang, le patron de Bo et l’actuel chef de sécurité. Ce fait était connu mais cela éclata sur la scène publique, quand Wang Lijun, le bras droit de Bo Xilai, s’est enfui au consulat américain de Chengdu en février.

Le reporter de la sécurité nationale, Bill Gertz, annonça rapidement que, selon les sources américaines, Zhou et Bo complotaient pour contrecarrer la montée en pouvoir de Xi Jinping et installer Bo en tant que chef du parti. Wang Lijun a été le fidèle qui a effectué les écoutes téléphoniques pour ce plan.

Bo Xilai devait sa carrière à Jiang, qui le récompensa pour son enthousiasme à mener à bien la persécution du Falun Gong. Bo a gravi les échelons de maire de Dalian à ministre du Commerce, en seulement quatre petites années.

Mais Wen Jiabao mit des barrages à l’ascension de Bo. Après que Wen objecta contre Bo en précisant qu’il ne pouvait pas représenter le parti sur la scène internationale, parce qu’il était accusé en justice dans treize pays différents par les pratiquants de Falun Gong, Bo alors fut relégué à Chongqing.

Les prélèvements contraints d’organes

Wang Lijun était très fortement impliqué dans la persécution du Falun Gong dans la province du Liaoning, où il travaillait sous les ordres de Bo. Dans un discours de remerciement, qu’Epoch Times a archivé, Wang reconnaît avoir lui-même dirigé des milliers de transplantations d’organes.

Des experts ont déclaré que ces organes venaient certainement de personnes vivantes et probablement des pratiquants du Falun Gong. Ce jugement était basé sur la localisation de ces activités, le nombre d’exécutions, la recherche dans laquelle Wang était impliquée, la disponibilité des organes et le rôle connu de Wang dans la campagne contre le Falun Gong.

Par ailleurs, Bo Xilai était certainement au courant des activités de son subordonné Wang.

Des chercheurs, faisant semblant d’être des officiels communistes ont confirmé que les hauts membres du parti étaient au courant des prélèvements contraints d’organes. Ils ont par exemple demandé  à Li Changchun, si l’utilisation de «l’implication de Bo Xilai dans les meurtres et les prélèvements d’organes des pratiquants du Falun Gong, pour condamner Bo, en ce moment».

Li leur répondit: «Zhou Yongkang en est spécifiquement responsable. Il le sait très bien».

Bien sûr que Zhou était responsable d’enquêter sur le sort de son allié, c’est ce que Bo aurait voulu.

Cette année, après la tentative de défection de Wang Lijun le 6 février, des choses étranges se sont passées.

En mars, Huang Jiefu, le vice-ministre de la Santé, a annoncé que la Chine arrêterait d’utiliser les organes de prisonniers dans les cinq ans à venir. Des déclarations semblables avaient déjà été annoncées, mais cette fois-ci le moment choisi c’est fait beaucoup remarqué.

A peu près au même moment, des recherches sur l’internet sur des sujets très sensibles et en relation avec ce scandale, furent autorisées. Par exemple, il était devenu possible de rechercher sur Baidu «prélèvement sur les vivants», «prélèvements meurtriers» et «prélèvement sur les vivants, Wang Lijun». Des résultats pertinents sont apparus et ces pages n’ont pas été bloquées par le Grand Pare-Feu.

Le régime chinois est célèbre pour l’hermétisme de sa censure et les expressions ci-dessus font partie des plus sensibles dans le lexique politique. Pour beaucoup d’observateurs, l’idée qu’elles furent débloquées – au sommet de la lutte des factions au sein du parti, sur la manière de gérer les cas de Bo Xilai et de Wang Lijun – non-intentionnellement est inconcevable.

La Révélation

À ce stade de l’histoire, nous devons revoir ce que nous savons et quelles conclusions peuvent en être tirées.

Evidemment, nous avons un chiffre impressionnant de corps. Au moins 60 000 pratiquants de Falun Gong ont été tués pour des organes entre 2000 et 2008, estiment les chercheurs. Le chiffre véritable n’est pas connu.

Le centre d’information sur le Falun Dafa a confirmé qu’il y a plus de 3500 pratiquants qui ont été tués par la torture et l’abus, tout en sachant que le nombre véritable est beaucoup plus important – le centre d’information suggère que cela atteint en fait des dizaines de milliers. Des millions de personnes ont été envoyées aux camps de travaux forcés et en prison. Une génération d’orphelins a été créée en plus des familles brisées.

Nous avons les preuves que la persécution du Falun Gong et la réaction du Falun Gong sont importantes aux yeux du PCC. Les témoins de la montée de la carrière politique de Bo Xilai, qui fut essentiellement due à son implication dans cette campagne ; le mal que s’est donné le PCC pour persécuter le Falun Gong ainsi que le fait que les prélèvements contraints d’organes sont devenus, plus tôt en ce début d’année, le bâton avec lequel une faction veut battre l’autre. Les membres de la faction extrémiste qui inclut Jiang Zemin, Zhou Yongkang et Bo Xilai y sont fortement impliqués.

Eventuellement la vérité sur toute cette affaire sortira. La question qui se pose est, que va-t-il se passer par la suite? Comment cela va-t-il affecter la Chine et la future direction du parti?

Il existe un précédent historique possible, suggéré par Gutmann.

En 1940, la police secrète de l’État soviétique a assassiné plus de 20 000 officiers polonais dans la forêt de Katyn en Russie. Staline avait attribué la faute aux nazis et le régime soviétique avait maintenu ce mensonge pendant les cinquante ans qui ont suivi.

En 1989, la vérité fut révélée au grand jour et en 1990, Gorbatchev a reconnu les faits. Le massacre fut alors utilisé dans la lutte de pouvoir entre Eltsine et Gorbatchev. Cette révélation a renforcé la résistance polonaise et écrasé le pouvoir moral des derniers extrémistes soviétiques.

L’impact de ces révélations pourrait avoir un effet semblable pour le PCC.

Gutmann écrit: «C’est la forêt de Katyn de la Chine – le moment où Wen, comme Gorbatchev déballe les premiers mots de sa confession pour un crime tellement historique, un mensonge tellement immense, que le parti n’aura aucun lieu de retraite contre le rouleau compresseur qui va certainement arriver».

Le grand bilan du PCC sera bientôt en jeu et la révélation de ces atrocités aideront à pousser le régime dans le précipice. Sa légitimité sera brisée et ne pourra plus jamais être réparée.

Version anglaise: Organ Harvesting Juggernaut Awaits Chinese Regime

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