Russie-Ukraine: des années de relations tumultueuses

26 novembre 2018 17:11 Mis à jour: 26 novembre 2018 17:20

La Russie et l’Ukraine, dont les relations connaissent une flambée de tensions après la capture par Moscou de navires ukrainiens dans le détroit de Kertch, porte d’accès à la mer d’Azov, vivent des rapports tumultueux depuis la fin de l’Union soviétique en 1991. Le 1er décembre 1991, l’Ukraine se prononce par référendum pour l’indépendance de l’Union soviétique, reconnue dès le lendemain par le président russe Boris Eltsine. Le 8 décembre, la Russie, l’Ukraine et le Bélarus signent un accord établissant une Communauté des États Indépendants (CEI).

Mais après la fin de l’URSS le 25 décembre 1991, l’Ukraine va s’efforcer pendant cinq ans de se soustraire à la tutelle politique de son grand voisin, vieille de 300 ans. Le pays ne s’engage pas à fond au sein de la CEI, perçue comme une structure dominée par la Russie pour tenter de ramener dans son giron les anciennes républiques soviétiques. Le 31 mai 1997, la Russie et l’Ukraine signent un traité d’amitié et de coopération qui les réconcilie, sans toutefois lever l’ambiguïté de leurs relations: les liens de Kiev avec l’Otan.

Le traité et les textes annexes règlent notamment l’épineux litige du partage de l’ex-flotte soviétique de la mer Noire, ancrée à Sébastopol en Crimée. La Russie restera propriétaire de la majorité des navires, mais paiera à l’Ukraine un loyer pour l’utilisation du port de Sébastopol. La Russie, qui reste le plus important partenaire commercial de Kiev, conservera toutefois son « arme économique » vis-à-vis de l’Ukraine, totalement dépendante du pétrole et gaz russes.

Le 9 juillet, l’Otan et l’Ukraine signent une « charte de partenariat spécifique », prévoyant des réunions politiques régulières et une coopération particulière entre les deux parties. Le président Eltsine soutient cet accord tout en répétant son opposition à une adhésion de l’Ukraine ou de toute autre ex-république soviétique à l’Alliance atlantique. En 2004, l’élection présidentielle en Ukraine, entachée de fraudes et donnant vainqueur le candidat favorable à la Russie Viktor Ianoukovitch, provoque une contestation sans précédent. Le scrutin est annulé.

La victoire, le 26 décembre, de l’opposant pro-occidental Viktor Iouchtchenko, leader de la « révolution orange », marque le début d’une nouvelle ère politique en Ukraine après dix ans de règne du président Léonid Koutchma tourné vers Moscou. En janvier 2005, Viktor Iouchtchenko effectue sa première visite à l’étranger en Russie, en un geste de réconciliation.

En janvier 2006, le géant russe Gazprom cesse ses livraisons à l’Ukraine après plusieurs mois de contentieux portant sur le prix. La coupure perturbe l’approvisionnement de plusieurs pays européens, en pleine vague de froid. Gazprom accuse l’Ukraine, qui dément, d’avoir « prélevé illégalement » du gaz destiné à l’Europe. En janvier 2009, la Russie arrête de nouveau ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour non paiement de dettes, et interrompt la totalité de ses envois à l’Europe via le territoire ukrainien. Nouvelle coupure de gaz en 2014.

En novembre 2013, la soudaine suspension par le gouvernement du pro-russe Viktor Ianoukovitch de négociations sur un accord d’association avec l’Union européenne, suivie par son refus de le signer, déclenche un mouvement de contestation pro-européen. La place centrale de Kiev, le Maïdan, devient le haut-lieu du soulèvement.

La révolte se termine en février 2014 avec la fuite en Russie de M. Ianoukovitch suivie de sa destitution, après la mort d’une centaine de manifestants et d’une vingtaine de policiers dans de violents affrontements. Le 26 février 2014, pro-russes et pro-ukrainiens s’affrontent à Simféropol, capitale de la péninsule de Crimée, république autonome et russophone du Sud.

Des forces spéciales russes contrôlent les points stratégiques et forcent les militaires ukrainiens à déposer les armes ou à rejoindre les nouvelles forces sous contrôle de Moscou. Le 16 mars, un référendum, non reconnu par Kiev et les Occidentaux, plébiscite le rattachement de la Crimée à la Russie, acté deux jours après par Moscou.

Le 6 avril 2014, une rébellion pro-russe éclate dans deux régions industrielles de l’est de l’Ukraine, à majorité russophone, avant de prendre un caractère armé. Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les rebelles en envoyant des hommes et du matériel par la partie de la frontière qui échappe au contrôle de l’Ukraine. Moscou dément, ne reconnaissant la présence que de « volontaires » russes partis combattre de leur propre initiative. Le conflit a fait plus de 10.000 morts en quatre ans et demi.

D.C avec AFP

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