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Russie-Ukraine : les pourparlers de trêve dans l’impasse, selon les experts

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Des démineurs du service d'urgence ukrainien chargent des mines antichars et d'autres matériaux explosifs trouvés dans la ville de Bucha pour les faire exploser sur un site militaire dans la région de Kiev, le 13 avril 2023.

Photo: SERGEI SUPINSKY/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 11 Min.

Une troisième série de négociations de cessez-le-feu soutenues par les États-Unis entre des responsables russes et ukrainiens à Istanbul la semaine dernière n’a pas réussi à produire de percées significatives.
Selon les experts, les pourparlers du 23 juillet, qui n’ont duré que 40 minutes, reflètent l’impasse persistante sur le champ de bataille, où les deux parties se battent dans une situation de quasi-stagnation.
« Si vous regardez les lignes [de front], il y a eu très peu de mouvement au cours des trois dernières années », a déclaré à Epoch Times Robert Peters, analyste de la politique de défense à la Heritage Foundation, basée à Washington.
Je pense que les Russes ont progressé de 14 kilomètres sur le front en trois mois. Et ils ont déployé beaucoup d’hommes pour y parvenir.
« Les Russes réalisent-ils quelques petits gains ? Certes, mais à ce rythme, il leur faudra le reste du siècle pour s’emparer de la majeure partie de l’Ukraine », a-t-il ajouté.
« Nous nous trouvons fondamentalement dans une impasse. »
Andrew Corbett, professeur au département d’études de défense du King’s College de Londres, a exprimé un point de vue semblable.
Il estime que le conflit a atteint un « stade similaire » à celui observé en 1916 lors de la Première Guerre mondiale.
« Les deux camps doivent continuer à se battre, même si aucun des deux n’est susceptible de remporter une victoire militaire claire sur le terrain », a déclaré M. Corbett à Epoch Times.
« Mais tous deux perdraient de manière catastrophique s’ils s’arrêtaient. »
« L’Ukraine recherche des capacités militaires plus importantes et une assistance de l’Europe et des États-Unis pour changer le statu quo sur le terrain. »
« Et il semble que la Russie s’attende à ce que le soutien [occidental] à l’Ukraine diminue, en particulier de la part des États-Unis. »
Aucune concession
Deux jours avant les négociations de cessez-le-feu, un porte-parole du Kremlin a décrit les termes respectifs du cessez-le-feu des deux parties comme étant « diamétralement » opposés.
Tout d’abord, Moscou exige que Kiev retire toutes ses forces des quatre régions de l’Ukraine que la Russie a partiellement occupées – et prétend avoir annexées – en 2022.
Moscou exige également des garanties que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’alliance occidentale de l’OTAN.
« Nous insistons sur ce qui est notre revendication légitime, à savoir […] aucune implication de l’Ukraine dans l’OTAN », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 28 juillet, dans des propos rapportés par l’agence de presse russe TASS.
« Et, bien sûr, la reconnaissance des réalités qui sont reflétées dans notre Constitution est une exigence absolument non négociable », a déclaré M. Lavrov, faisant référence à la revendication territoriale de la Russie – désormais inscrite dans sa Constitution – sur les régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia.
Kiev a jusqu’à présent rejeté catégoriquement ces demandes, promettant de récupérer tout le territoire perdu par la force des armes, malgré la supériorité numérique considérable de la Russie.
« Les Ukrainiens n’ont montré aucun signe de leur volonté de jeter l’éponge », a déclaré M. Peters.
« Ils se disent prêts à discuter [avec la partie russe], mais je pense qu’il s’agit d’une manœuvre tactique qui leur permet d’obtenir la bienveillance de l’Occident. »
M. Peters estime que les parties belligérantes finiront par accepter un accord de cessez-le-feu dans lequel la Russie – après avoir épuisé une grande partie de ses ressources militaires – « absorbera certaines parties de l’Ukraine qu’elle occupe actuellement ».
Mais une fois le cessez-le-feu en place, a-t-il ajouté, « la Russie sera confrontée à une Ukraine qui constituera un tampon très lourdement armé entre elle et l’OTAN ».

Des journalistes au travail avant le troisième cycle de négociations de cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine au palais Ciragan à Istanbul, le 23 juillet 2025. (Chris McGrath/Getty Images)

La lutte pour Pokrovsk
Au cours du mois dernier, les forces russes ont revendiqué des gains progressifs à Donetsk et à Louhansk, qui constituent ensemble la région orientale du Donbass.
La Russie a également affirmé que ses forces avaient capturé des positions à Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk, des régions que Moscou n’a nullement revendiquées.
Kiev n’a pas encore reconnu les pertes territoriales, ce qu’Epoch Times n’a pas pu vérifier de manière indépendante.
Tous les regards sont désormais tournés vers la ville stratégique de Pokrovsk, dans la région de Donetsk, où les forces russes semblent être entrées pour la première fois la semaine dernière, selon l’Institut pour l’étude de la guerre, basé à Washington.
Le 25 juillet, l’institut – qui suit l’évolution de la situation le long de la ligne de front – a déclaré que les forces russes semblaient mener « des missions limitées de sabotage et de reconnaissance à Pokrovsk dans le cadre des efforts russes en cours pour encercler la ville ».
Moscou est resté muet sur les incursions signalées, mais le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a récemment admis que des combats acharnés se déroulaient actuellement près de cette ville, plaque tournante du transit et de la logistique en Ukraine.
Dans un discours vidéo du 25 juillet, M. Zelensky, citant le commandant militaire ukrainien Oleksandr Syrskyi, a déclaré que Pokrovsk était désormais le principal point focal de la guerre.
Selon Abdullah Agar, un éminent commentateur militaire turc, conserver Pokrovsk « sera essentiel à la capacité de l’Ukraine à stabiliser le front ».
« Si les forces russes s’emparent de Pokrovsk, toute la ligne défensive de l’Ukraine dans l’ouest de Donetsk risque de s’effondrer », a expliqué M. Agar à Epoch Times.
« Cette situation ne peut pas être inversée sans une certaine forme d’implication extérieure au niveau stratégique ou politique. »
Il a qualifié la position de première ligne de Kiev de « critique ».
« Pendant ce temps, les signaux de soutien occidental [à l’Ukraine] semblent très incertains et incohérents », a affirmé M. Agar.
« La position politique de l’Ukraine s’en trouve affectée, entraînant une instabilité interne et une certaine confusion. »

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’entretient avec le président américain, Donald Trump, lors d’une réunion bilatérale à Turnberry, en Écosse, le 28 juillet 2025. (Christopher Furlong/Pool/AFP via Getty Images)

Donald Trump fait pression sur Kiev et Moscou
Le président américain, Donald Trump, est revenu au pouvoir en janvier en s’engageant à mettre rapidement fin à la guerre, qui avait commencé avec l’invasion de l’est de l’Ukraine par la Russie début 2022.
Début mars, après une réunion controversée avec M. Zelensky à la Maison-Blanche, M. Trump avait ordonné une pause dans l’aide américaine à l’Ukraine dans une tentative apparente de pousser Kiev à faire des concessions à la table des négociations.
Lorsque M. Zelensky a déclaré qu’un accord pour mettre fin à la guerre était encore « très, très loin », M. Trump a affirmé que son homologue ukrainien « ne souhaitait pas qu’il y ait la paix tant qu’il a le soutien de l’Amérique ».
Mais à la mi-juillet, M. Trump a fait volte-face en annonçant son intention de fournir à l’Ukraine des équipements militaires « haut de gamme » – notamment des batteries de missiles Patriot fabriquées aux États-Unis – qui seront financés par les alliés de Washington au sein de l’OTAN.
Il a également menacé d’imposer des droits de douane élevés aux pays qui continueraient à commercer avec la Russie si Moscou ne parvenait pas à accepter un accord de cessez-le-feu dans les 50 jours suivants.
À l’époque, M. Lavrov semblait minimiser la menace, affirmant que le nombre de sanctions occidentales imposées à la Russie était « déjà sans précédent ».
« Nous allons y faire face », avait déclaré le chef de la diplomatie russe dans des propos cités par TASS.
Néanmoins, le 28 juillet, M. Trump a réitéré son ultimatum tout en réduisant le délai pour que la Russie se conforme à ses engagements à « environ […] 10 ou 12 jours à compter d’aujourd’hui ».
« Il n’y a aucune raison d’attendre », a-t-il déclaré aux journalistes en Écosse, où il a rencontré le Premier ministre britannique, Keir Starmer. « Je veux être généreux, mais nous ne voyons aucun progrès. »
Selon M. Corbett, les deux parties du conflit « se tournent désormais vers des acteurs extérieurs pour faciliter une victoire ».
« Les combats vont donc probablement se poursuivre avec des gains fractionnaires périodiques jusqu’à ce que l’Occident intervienne de manière décisive, soit en soutenant correctement l’Ukraine, soit en laissant ce soutien diminuer au point où la Russie prendrait l’avantage décisif », a-t-il indiqué.
Avec Reuters et Associated Press