Se faire et donner sa propre opinion

25 mars 2017 15:51 Mis à jour: 9 avril 2017 09:32

La profession de journaliste amorce actuellement un tournant crucial. En France, les journalistes exercent de façon non censurée et la profession jouit toujours d’une certaine réputation et crédibilité. En 1971, une charte des journalistes était signée par les principaux syndicats de la profession, venant de toute l’Europe. Cette charte établissait les droits et devoirs du journaliste, dont le premier et non des moindres, celui de ne pas hésiter à prendre des risques pour respecter la vérité.

Ensuite, viennent la vérification des sources, le non plagiat, le fait de ne pas «confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou de propagandiste», autant de principes que chaque citoyen pourrait utiliser pour apprendre à se faire sa propre opinion et à la communiquer. Les droits du journaliste comprennent également «le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique» et la garantie de ne pouvoir être contraint à «exprimer une opinion qui serait contraire à sa conscience». Voilà pour la théorie.

Différents types de journalisme

Il n’y a pas si longtemps, un journaliste pouvait faire la pluie et le beau temps dans les colonnes de l’actualité. Il allait à la pêche aux infos, à la chasse au scoop, remuait ciel et terre pour mener ses enquêtes. La vérité pour lui se trouvait toujours sur le terrain. Aujourd’hui, l’information existe sous forme de flux constant de données défilant à toute vitesse. Les journalistes peuvent tout à fait rester derrière leurs écrans d’ordinateur et s’appuyer sur les réseaux et outils informatiques pour trouver et fournir des récits d’actualité. Faire des reportages a un coût important en ressources et en temps, cela devient un luxe que de moins en moins de rédactions peuvent se payer.

Y a-t-il alors seulement besoin de journalistes? Il existe des chroniqueurs, des bloggeurs et autres e-journalistes qui peuvent tout à fait reprendre des communiqués de presse, citations et rapports existant sur le net, puis relayer l’information à droite à gauche en temps réel. On trouve également des blogs où l’on peut commenter et faire exister une information de façon différente. Dans le monde des médias modernes, il semble que pour exister, il suffit de se faire remarquer, quelque soit le contenu.

La répétition et l’uniformisation des contenus appauvrissent la compréhension

La passion des sondages et des critiques des théories politiques est très répandue en France. Dans les chaînes d’info en continu, y compris les chaînes généralistes, la même information est susceptible d’être répétée en boucle. A-t-on le temps de réfléchir, de prendre du recul? On en oublie parfois le principal. Le métier de journaliste n’est pas de donner une opinion ou de fournir du contenu servant à remplir le temps d’antenne entre les publicités. Il est plutôt de proposer aux lecteurs, téléspectateurs et auditeurs des éléments de compréhension afin d’alimenter leur propre réflexion et qu’ils puissent ainsi faire leur choix en toute connaissance de cause.

La répétition automatique et l’attrait du sensationnalisme ont le don de plonger le lecteur dans l’attente systématique, parfois angoissante, de nouvelles fraîches sur tel ou tel sujet que l’on suit au fil des jours. On se retrouve ainsi scotchés à nos téléviseurs pour savoir si telle politique du gouvernement fonctionne, ce que tel ou tel ministre a fait ou dit, ce qu’en disent les différents journalistes politiques de différents bords. Le fait de vouloir être informé en temps réel devient une tendance de plus en plus suivie, comme si nous attendions d’apprendre quelque chose qui risquerait de nous échapper. Peine perdue, le rythme des médias nous conditionne et nous fait voir le monde à travers des formats répétitifs de l’information, nous faisant presque oublier qu’ils ne peuvent en aucune manière transmettre la vérité de ce qui se passe réellement sur le terrain. Cela ne tient en fait qu’à l’expérience sensible individuelle et à l’exercice qui consiste à prendre du recul pour analyser les informations.

Il ne s’agit pas ici de critiquer les programmes médiatiques qui ne manquent ni de qualité ni de sérieux. Les dérives sont plus à chercher dans le système lui-même. La grande abondance des faits et le contexte financier fait qu’il est difficile d’éviter la commercialisation de l’information, la surenchère, le plagiat et la répétition. Tout cela au risque de noyer le téléspectateur dans un verre d’eau.

La liberté de s’informer, un enjeu majeur

D’après Reporter sans frontières, «près de la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès à une information libre.» En 1848, alors que la constitution française était en cours de rédaction, Victor Hugo a âprement défendu l’importance de la liberté de la presse devant l’Assemblée nationale: «La liberté de la presse est la garantie de la liberté des Assemblées. Les minorités trouvent dans la presse libre l’appui qui leur est souvent refusé dans les délibérations intérieures».

En France, plus de 150 ans ont passé depuis. Aujourd’hui, il est peut être difficile, dans notre pays, d’imaginer combien de journalistes dans le monde souffrent pour ne pas avoir cette même réalisation, celle d’une presse libre. Car les enjeux d’une presse libre sont les enjeux d’une nation. On peut lire sur le site de Reporters sans frontières: «Dans certains pays, les tortionnaires cessent leur triste besogne le jour où la presse les dénonce. Ailleurs, ce sont les hommes politiques corrompus qui abandonnent leurs pratiques illicites lorsque les journalistes d’investigation publient des informations compromettantes».

D’après RSF, en 2012, 90 journalistes, 6 collaborateurs, 48 net-citoyens et citoyens journalistes ont péri. Les journalistes emprisonnés et intimidés se comptent par centaines. Dans des pays comme la Russie, le Mexique, au Moyen-Orient et dans des pays africains, la liberté de la presse n’existe tout simplement pas, et ceux qui cachent l’information ou aident à la maintenir cachée n’ont jamais eu de bonnes intentions. Des dizaines de journalistes d’Epoch Times situés en Chine ont également été emprisonnés et torturés par le gouvernement chinois depuis les années 2000.

À défaut de pouvoir informer leurs concitoyens du fait de la censure, les journalistes de ces pays subissant la dictature peuvent trouver une oreille attentive chez les lecteurs occidentaux. Une raison de plus pour les écouter. Les hommes libres sont peut-être l’espoir de ceux qui ne le sont pas.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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