Shein
Shein dans la tourmente, 83 députés réclament son interdiction en France
Un front parlementaire sans précédent se dresse contre Shein. Sous l'impulsion de Sandrine Le Feur, présidente de la commission du Développement durable à l'Assemblée nationale, 83 élus issus de multiples sensibilités politiques exigent le bannissement de la plateforme chinoise du territoire français.

La députée française Sandrine Le Feur du parti La République En Marche (LREM) s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 15 mai 2019.
Photo: CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP via Getty Images
Dans une tribune publiée dans La Tribune Dimanche, ces parlementaires – incluant des représentants d’Ensemble pour la République, du Parti socialiste avec Marie-Noëlle Battistel, d’Horizons via Anne-Cécile Violland, des Républicains avec Josiane Corneloup ou encore du MoDem représenté par Erwan Balanant – dénoncent une menace triple : pour les travailleurs, la santé publique et l’environnement.
Le BHV ou la stratégie de façade dénoncée
L’implantation de Shein au BHV, emblématique grand magasin parisien, constitue pour ces députés le déclencheur de leur mobilisation. Loin d’y voir une démocratisation de la mode, ils accusent l’enseigne de « se dédiaboliser » artificiellement. « Le visage le plus brutal de la fast fashion s’offre une respectabilité de façade », tonnent-ils, refusant que cette opération de communication occulte ce qu’ils considèrent comme les ravages causés par le modèle économique de Shein sur la planète, l’emploi local et la santé des consommateurs français.
Des accusations multiples et graves
Les griefs formulés par les signataires s’avèrent particulièrement sévères. Ils pointent du doigt une « concurrence déloyale » qui asphyxierait les acteurs français du textile, tout en dénonçant la commercialisation massive de « produits toxiques » susceptibles de menacer la santé publique. Pour ces élus, le constat est sans appel : face à une telle situation, « l’indignation ne suffit plus » et seule « une interdiction de Shein sur le territoire français » apparaît comme la réponse appropriée.
Une convocation qui se fait attendre
La commission du développement durable a convoqué les dirigeants de Shein pour les confronter à leurs pratiques controversées. Mais cette audition, initialement programmée pour le 26 novembre, a été repoussée au 2 décembre. Les députés soulignent que l’entreprise avait « tenté d’esquiver » cette confrontation, la plateforme invoquant un conflit d’agenda avec une audience judiciaire prévue le même jour.
Le rendez-vous judiciaire qui accable
Mercredi matin, Shein doit comparaître devant le tribunal judiciaire de Paris dans une affaire particulièrement sensible. Le gouvernement demande la suspension du site après la découverte sur la plateforme de poupées sexuelles à l’apparence enfantine et d’armes classées en catégorie A – les plus dangereuses. Cette convocation judiciaire avait également servi de prétexte à Shein pour décliner une audition parlementaire le 18 novembre devant la mission d’information sur les contrôles des produits importés.
Une mobilisation qui s’étend au niveau européen
Le combat ne se limite pas au territoire national. Une proposition de résolution européenne, déposée cette semaine à l’Assemblée par des députés de presque tous les groupes politiques – à l’exception notable de La France Insoumise, du Rassemblement National et de l’UDR – exige davantage de fermeté envers certaines plateformes de commerce en ligne. Ce texte sera examiné mercredi prochain.
Le bilan français de Shein pèse déjà lourd : trois amendes pour un montant cumulé de 191 millions d’euros cette année, sanctionnant notamment de fausses promotions et des informations trompeuses aux consommateurs.
Avec AFP

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