« Si on dérange tant que ça »… « dégagez ! » : les propos d’une élue socialiste belge sur le voile provoquent la polémique

Nouveau conseil communal de Molenbeek-Saint-Jean (Belgique), décembre 2024.
Photo: Crédit photo HATIM KAGHAT/BELGA MAG/AFP via Getty Images
Lors du conseil communal de Molenbeek mercredi dernier, l’échevine Saliha Raïss (Vooruit) est intervenue pour dénoncer des commentaires racistes, notamment dirigés contre des femmes portant le voile. Elle a accusé le Mouvement Réformateur (MR) de les laisser passer sur ses réseaux sociaux, contribuant ainsi à les cautionner.
Ce mercredi, quelques minutes avant l’intervention de Saliha Raïss, Josiane Dostie, élue du Parti du travail de Belgique (extrême gauche), a d’abord pointé du doigt certains messages publiés sur la page Facebook du MR local et jugés racistes. Elle a demandé à Didier Milis, responsable local du parti, de modérer ces commentaires, autrement dit de contrôler les interventions des internautes sur les plateformes du parti.
« C’est du racisme que vous cautionnez et banalisez », a dénoncé Saliha Raïss en interpellant directement les élus libéraux. Elle a estimé que l’absence de modération équivalait à une forme de complicité et a critiqué leur passivité face à de tels propos. « Si on dérange tant que ça, si on ne veut même plus nous voir, la Région compte 19 communes. Si à Molenbeek c’est si invivable, alors changez de bord, allez ailleurs », a-t-elle ajouté, avant de lancer, sourires aux lèvres, un « Dégagez ! »
De son côté, Didier Milis a aussitôt réfuté ces accusations, tout en reconnaissant que certains commentaires « inacceptables » avaient échappé à sa vigilance et n’avaient donc pas été modérés à temps. Ces messages ont depuis été supprimés. Il a cependant jugé la réponse de l’échevine « choquante », déclarant : « Moi, je m’entends dire que le belgo-belge que je suis doit quitter ma commune parce qu’une personne n’a pas les mêmes convictions que moi ? »
« Je ne pense pas devoir recevoir des leçons après avoir travaillé plus de vingt-cinq ans dans le quartier des Marolles en tant qu’enseignant et directeur d’école », a ajouté le responsable local du MR, rappelant son expérience dans ce quartier populaire de Bruxelles.
Dans un message publié ultérieurement sur sa page Facebook, Didier Milis a relayé et commenté l’intervention de Saliha Raïss, estimant que « la diversité se résume à une seule communauté pour la majorité socialo-communiste ».
Les réactions ont rapidement suivi au niveau national. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a réagi sur X, se disant préoccupé par les propos de l’échevine. Il l’a accusée de vouloir « imposer une nouvelle norme culturelle », a dénoncé « une négation de la neutralité de l’État » et a appelé à mettre fin à ce qu’il qualifie de « communautarisme ». « Voilà la notion de vivre ensemble selon la gauche… », a-t-il également écrit sur sa page Facebook.
« La neutralité de l’État est importante dans notre société, et nous devons la préserver. La charia et la culture islamique ne sont pas au-dessus de tout », a quant à elle déclaré sur X Daria Safai, députée N-VA au Parlement fédéral belge. Elle estime que « le voile n’est pas un simple vêtement innocent » mais « cache une idéologie qui protège les femmes du ‘regard lubrique’ des hommes et les relègue à un sexe de seconde zone ».
Saliha Raïss, dont les propos visaient uniquement ceux qui dénigrent régulièrement la commune et ses habitants, et non « les Belges » dans leur ensemble, est restée ferme dans sa position. Selon elle, les responsables politiques doivent assumer les commentaires tolérés sur leurs plateformes. « Ne pas aimer sa commune et la dénigrer publiquement, ça ne fait pas partie de nos valeurs », a-t-elle affirmé.

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