Tout ceci n’est pas normal et personne ne doit l’accepter

Par Aaron Kheriaty
25 mai 2022 20:57 Mis à jour: 28 mai 2022 14:26

Des lépreux de l’Ancien Testament à la peste de Justinien dans la Rome antique, en passant par la grippe espagnole de 1918, c’est la première fois dans l’histoire de la gestion des pandémies que nous avons mis en quarantaine des populations saines.

Si les anciens ne comprenaient pas les mécanismes des maladies infectieuses – ils ignoraient tout des virus et des bactéries – ils ont néanmoins trouvé de nombreux moyens d’atténuer leur propagation. Ces mesures éprouvées allaient de la mise en quarantaine des malades au déploiement de ceux qui avaient une immunité naturelle (ceux qui s’étaient remis de la maladie) pour les soigner.

Le confinement n’a jamais été une mesure de santé publique normal ou anodin. En 1968, la pandémie de grippe H2N3 a entraîné entre 1 et 4 millions de morts. Les entreprises et les écoles n’ont jamais fermé. Les grands événements n’ont pas été annulés. Une chose que nous n’avons jamais faite jusqu’en 2020 est de confiner des populations entières. Et nous ne l’avons pas fait parce que cela ne fonctionne pas. En 2020, nous ne disposions d’aucune preuve concrète de son efficacité, nous n’avons que des modèles mathématico‑théoriques erronés, très erronés, à plusieurs niveaux.

Les conséquences économiques dévastatrices ne sont pas les seules conséquences sociales majeures induites par les confinements. Sur l’ensemble du globe, la classe dirigeante a vu dans le Covid une opportunité de révolutionner radicalement la société. Rappelons‑nous comment le terme « nouvelle normalité » est apparu quasi immédiatement dans les premières semaines de la pandémie. Au cours du premier mois, Anthony Fauci suggérait, ce qui ne manquait pas d’être ridicule, que peut‑être nous ne reviendrions jamais à la poignée de main. Plus jamais.

Ce qui est apparu pendant les confinements n’était pas seulement une méthode nouvelle et non testée pour tenter de contrôler une pandémie en mettant en quarantaine des personnes en bonne santé. Si nous considérons les confinements en dehors du contexte immédiat dans lequel ils étaient censés fonctionner au début de l’année 2020, leur véritable signification apparaît clairement.

Les changements survenus pendant les confinements étaient les signes d’une expérience sociale et politique plus large « dans laquelle un nouveau paradigme pour gouverner les populations et les phénomènes était en jeu », comme l’a décrit le philosophe italien Giorgio Agamben. Un nouveau paradigme qui a commencé à émerger dans le sillage du 11 septembre 2001.

Les caractéristiques de base étaient déjà esquissées en 2013 dans un livre de Patrick Zylberman, professeur d’histoire de la santé à Paris, intitulé « Tempêtes Microbiennes » (« Microbial Storms », Gallimard 2013). La description du Pr Zylberman était remarquablement prédictive et ressemble en tout point à la première année de la pandémie. Son ouvrage expliquait comment la sécurité biomédicale, une partie marginale de la vie politique et des relations internationales, prendrait une place centrale dans les stratégies et les calculs politiques au fil des ans.

En 2005 déjà, par exemple, l’OMS avait largement surestimé les conséquences de la grippe aviaire, annonçant  des dizaines de millions de victimes. Pour prévenir cette catastrophe imminente, l’OMS avait formulé des recommandations qu’aucun pays n’était prêt à accepter à l’époque, notamment le confinement de toute la population. Sur la base de ces tendances, le Pr Zylberman a prédit que la « terreur sanitaire » serait utilisée comme un instrument de gouvernance.

Plus tôt encore, en 2001, Richard Hatchett, qui était membre du Conseil national de sécurité de George W. Bush, recommandait déjà le confinement obligatoire de toute la population. M. Hatchett dirige aujourd’hui la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations, une entité influente qui coordonne les investissements mondiaux dans les vaccins en étroite collaboration avec l’industrie pharmaceutique. Cette coalition est un produit du Forum économique mondial, en collaboration avec la Fondation Bill‑et‑Melinda‑Gates.

Comme beaucoup d’autres, M. Hatchett considère la lutte contre le Covid‑19 comme une « guerre », par analogie avec la guerre contre le terrorisme.

Une sorte de terreur médicale dominatrice a été jugée nécessaire pour faire face aux pires scénarios, qu’il s’agisse de pandémies naturelles ou d’armes biologiques. Giorgio Agamben résume les caractéristiques politiques du paradigme émergent de la biosécurité :

« 1) Des mesures ont été formulées sur la base du risque possible dans un scénario hypothétique, avec des données présentées promouvant un comportement permettant de gérer une situation extrême ;
2) la logique du « pire des cas » a été adoptée comme un élément clé de la rationalité politique ;
3) une organisation systématique de l’ensemble des citoyens était requise pour renforcer autant que possible l’adhésion aux institutions du gouvernement. Le résultat recherché était une sorte de super esprit civique, les obligations imposées étant présentées comme des démonstrations d’altruisme. Sous un tel contrôle, les citoyens n’ont plus droit à la sécurité sanitaire, mais la santé leur est imposée comme une obligation légale (biosécurité). 
»

C’est précisément la stratégie pandémique que nous avons adoptée en 2020. Les mesures de confinement ont été établies sur la base d’une modélisation du pire scénario de l’Imperial College de Londres, qui prévoyait, entre autres, 2,2 millions de décès aux États‑Unis. Ce qui n’est jamais arrivé.

En conséquence, tous les citoyens du monde ont renoncé à des libertés et à des droits qui n’ont pas été abandonnés, même par les citoyens de Londres, lors du bombardement de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale (Londres a adopté des couvre‑feux mais n’avait jamais procédé à un confinement). La santé comme contrainte légale a été acceptée avec peu de résistance. Aujourd’hui, pour de nombreux citoyens, le fait que tout cela n’a servi à rien en termes de santé publique n’est pas vraiment inquiétant.

L’importance de ce qui s’est passé au cours des deux dernières années nous a peut‑être échappé. Peut‑être sans nous en rendre compte, nous venons de vivre la conception et la mise en œuvre d’un nouveau paradigme politique – un système bien plus efficace pour contrôler la population que tout ce qui avait été fait auparavant par les nations occidentales.

Dans le cadre de ce nouveau modèle de sécurité biomédicale, « la cessation totale de toute forme d’activité politique et de relation sociale [est devenue] l’acte ultime de participation civique ». Ni le gouvernement fasciste italien d’avant‑guerre ni les nations communistes de l’Est n’ont jamais rêvé de mettre en place de telles restrictions.

La distanciation sociale est devenue non seulement une pratique de santé publique, mais aussi un modèle politique et le nouveau paradigme des interactions sociales, « une matrice numérique remplaçant l’interaction humaine, qui par définition sera désormais considérée comme fondamentalement suspecte et politiquement ‘contagieuse’ », selon les termes d’Agamben.

Pour le bien de la santé et de l’épanouissement humain, cette nouvelle normalité ne doit jamais être normalisée.

Publié à l’origine sur la plateforme Substack de l’auteur, repris de l’Institut Brownstone.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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