Un tunnel « secret » se cache derrière la tête de Lincoln à Rushmore

Par Michael Wing
2 mai 2023 19:30 Mis à jour: 5 mai 2023 13:03

Le Mont Rushmore dans le Dakota du Sud ne se résume pas à quatre têtes de granit sur une colline.

Les têtes géantes sont très impressionnantes, car elles représentent des hommes clés de l’histoire américaine. Mais ces sculptures éminentes des Black Hills ont une histoire qui n’est pas connue de tous et qui recèle quelques joyaux cachés.

Outre la saga pittoresque du sculpteur, un artiste fugitif hors de l’État, il existe ce que certains appellent un tunnel « secret » s’enfonçant à quelque 30 mètres au cœur de la montagne, derrière la tête d’Abraham Lincoln.

Ce n’est pas une blague.

Aujourd’hui, il n’est pas possible d’escalader la montagne pour explorer ce tombeau à la manière d’Indiana Jones. Les visites sont interdites au public et les employés de l’État, armes de poing, veillent à ce que personne ne s’écarte des sentiers battus. Mais rassurez-vous, il est là.

En fait, ce passage secret n’est pas vraiment secret ; beaucoup connaissent son existence, mais certainement pas tous. Il est là à dessein, il a une raison d’être et est accompagné d’une histoire plutôt captivante.

Une salle des archives

Le sculpteur du mont Rushmore, l’Américain d’origine danoise Gutzon Borglum, avait pratiquement terminé les têtes quand, 1 an avant de terminer le projet en 1941, il a commencé à travailler clandestinement sur ce qui devait être une grande salle des archives pour le monument.

Dans un recoin situé derrière l’image lithique de Lincoln, la salle s’enfonce profondément dans le granit vivant. Elle comporterait des portes jumelles de 4 mètres de haut, au-delà desquelles se trouverait une chambre dont le plafond s’élèverait à 30 mètres au-dessus de la tête. De glorieuses statues d’Américains célèbres, dont des chefs amérindiens et d’importantes personnalités politiques, jalonneraient ce hall. Dans cet espace majestueux seraient exposés, entre autres écrits, les documents fondateurs de la nation : la Déclaration d’indépendance, la Constitution et la Déclaration des droits.

Le mémorial national du Mont Rushmore domine le paysage du Dakota du Sud. (Scott Olson/Getty Images)
Le Mont Rushmore pendant sa construction. (MPI/Getty Images)
(À gauche) Le sculpteur américain Gutzon Borglum et plusieurs membres de son équipe travaillant au Mont Rushmore. (Frederic Lewis/Getty Images) ; (À droite) Des ouvriers sculptent les yeux du président Theodore Roosevelt à l’aide de marteaux pneumatiques pendant la construction du mont Rushmore. (Frederic Lewis/Getty Images).

Elle a été créée comme une capsule temporelle destinée à informer l’avenir. M. Borglum déplorait que des merveilles telles que la grande pyramide de Gizeh et les têtes de l’île de Pâques n’aient aucune explication pour les civilisations ultérieures. L’homme moderne n’aurait plus qu’à se creuser la tête, à réfléchir en vain et à se laisser déconcerter à jamais par une sagesse ancienne perdue dans le temps. M. Borglum imagine nos ancêtres — des centaines, voire des dizaines de milliers d’années plus tard, peut-être après la disparition de l’Amérique — démystifiés lorsqu’ils découvriraient cette richesse dans le Mont Rushmore.

Pourtant, son œuvre est restée inachevée. En raison de l’effort de guerre, les fonds se sont taris et le Congrès lui a ordonné de terminer les têtes et d’en finir. Il persista cependant son forage jusqu’à ce que la Chambre des représentants l’apprenne et mette fin à son incursion. Il insista sur le fait que son achèvement était nécessaire.

Bien que le grand projet de l’artiste ait survécu sur papier, seul un passage approximatif a été sculpté. Forant en diagonale dans la montagne, les marques d’anciens outils témoignent de cet effort : des ciseaux à air comprimé et de la dynamite ont été utilisés pour arracher des morceaux du granit dense, tandis que des outils plus fins l’ont achevé. Le tunnel est irrégulier à l’intérieur, mais il s’égalise à l’approche de l’ouverture, car les ouvriers ont méticuleusement « bosselé » les surfaces brutes pour en faire des parois aussi droites et lisses que du béton fini.

La salle des archives du mont Rushmore. (Rachel.miller727/CC BY-SA 3.0)
L’extérieur et l’intérieur du « Hall of Records » au Mont Rushmore. (Domaine public)
Les murs intérieurs près de l’entrée du « Hall of Records ». (Domaine public)
Des soldats américains observant le Mont Rushmore, vers 1942. (Fotosearch/Getty Images)

La voûte

Au fil des ans, de nombreuses personnes, dont les enfants du sculpteur, ont manifesté leur intérêt pour l’achèvement de la salle. En 1998, sa fille l’a vu honoré dans une certaine mesure.

Conformément à son souhait, les responsables ont fait percer une cavité dans le sol, à l’intérieur du seuil, où une boîte en titane résistante à la corrosion a été insérée. Cette boîte contient à son tour un coffret en teck renfermant 16 tablettes en céramique résistantes à l’épreuve du temps. Les tablettes sont ornées des documents fondateurs de la nation, des profils des quatre portraits présidentiels, de la signification du monument et de la biographie de l’artiste. Une pierre de granit poli portant une inscription a été glissée sur le tout, pour le protéger de l’usure. Les mots de l’artiste sont inscrits sur la pierre : « … plaçons là, gravés en hauteur, aussi près du ciel que nous le pouvons, les mots de nos dirigeants, leurs visages, pour montrer à la postérité quel genre d’hommes ils étaient. Puis prions pour que ces documents perdurent jusqu’à ce que le vent et la pluie les fassent disparaître. »

Les autorités jugeront peut-être un jour opportun de terminer le grand hall de M. Borglum et le tunnel secret qui n’est pas si secret que cela après tout. Pour l’instant, il faut une autorisation spéciale pour y accéder, bien que le « Hall of Records » (salle des archives) ait été reproduit numériquement si vous souhaitez vous y promener depuis le confort de votre maison.

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