Un ancien directeur de L’Express agent du KGB pendant 35 ans

Par Vincent Solacroup
14 février 2024 22:40 Mis à jour: 15 février 2024 22:55

Philippe Grumbach, directeur dans les années 70 du magazine L’Express, était aussi un espion qui a travaillé pendant 35 ans pour les services secrets de l’URSS.

Le magazine L’Express a révélé jeudi que son directeur dans les années 70, Philippe Grumbach, a travaillé pour le KGB : « Un journaliste brillant. Mais aussi un traître à la France qui, pendant trente-cinq ans, a émargé au KGB. »

Un des plus grands espions soviétiques de la Ve République

« Son entourage intime a confirmé cette relation occulte à L’Express. Proche de Mitterrand et de Giscard, il a été, à l’insu de tous, un des plus grands espions soviétiques de la Ve République », affirme le rédacteur en chef société Étienne Girard, qui signe avec Anne Marion une enquête de longue haleine, menée dans les archives du KGB.

La DST française n’a jamais soupçonné Philippe Grumbach, révèle Étienne Girard dans l’émission C à vous. La surprise est importante lorsque ses agents découvrent son nom dans une liste constituée par Vassili Mitrokhine, un employé des archives du KGB qui a compilé dans un document des informations sur les noms des agents qui travaillent à l’étranger pour le KGB, transmises par les services secrets britanniques. Mais alors, « étrangement, la consigne qui va être passée au contre-espionnage français, c’est de ne pas enquêter ».

Sur franceinfo, Étienne Girard a révélé jeudi que Philippe Grumbach avait comme mission du KGB de faire chuter Valéry Giscard d’Estaing à la présidentielle de 1974 afin que François Mitterrand, allié des communistes, soit élu.

M. Grumbach, qui se cachait derrière l’alias « Brok », est décédé en 2003, à 79 ans.

« Il était impossible de ne pas dévoiler cette zone d’ombre au sein d’un journal qui, de Jean-Jacques Servan-Schreiber à Jean-François Revel, de François Mauriac à Raymond Aron, s’est toujours attaché à combattre les utopies totalitaires et les ravages du communisme », écrivent Étienne Girard et Éric Chol, directeur de la rédaction, dans l’édito du magazine.

Philippe Grumbach y a occupé des fonctions de rédacteur en chef de 1956 à 1960, avant de devenir le directeur de la rédaction en 1974.

Il a aussi été secrétaire de rédaction à l’Agence française de presse (l’ancienne AFP) de 1946 à 1948. Après un détour à Libération puis Paris-Presse-l’Intransigeant, il était entré à l’Express en 1954 comme rédacteur. Il fonde Pariscope en 1965, puis dirige le Crapouillot. Il retourne ensuite à L’Express où il occupe, à partir de 1971, les fonctions notamment de directeur politique, puis rédacteur en chef, directeur de la rédaction.

Membre du Haut conseil de l’audiovisuel (1977-1981), il était devenu ensuite producteur de cinéma puis était revenu à la presse en 1984, au Figaro.

Était-il espion « par idéologie » puis « par goût de l’argent ? », questionne l’actuel directeur de la rédaction de L’Express. Au départ par idéologie car proche du PC mais les raisons financières l’ont motivé à rester 35 ans au service du KGB explique Étienne Girard sur Franceinfo. Néanmoins, sa veuve lui a confié qu’il souhait arrêter mais qu’il se sentait menacé, lui et sa famille.

« Sur le champ du déshonneur, le nom de Philippe Grumbach rejoint ainsi celui d’autres agents de l’Est infiltrés dans les plus hautes sphères de l’État ou dans les médias, et désormais démasqués », assène-t-il, rappelant en particulier que, « dès 1996, L’Express avait révélé comment l’ancien ministre Charles Hernu travaillait pour le compte du KGB et de ses satellites ».

Naïveté

« Cette pénétration soviétique dans les sphères du pouvoir durant la guerre froide doit en permanence nous appeler à un devoir de vigilance », souligne Éric Chol, évoquant les récentes tentatives d’ingérences étrangères en France.

La délégation parlementaire au renseignement qui a rendu public son rapport annuel le 2 novembre 2023, relate le manque de protection de la France contre ces ingérences, des vulnérabilités persistantes et n’hésite pas à parler de la naïveté comme pour qualifier les attitudes de certains acteurs économiques ou politiques vis-à-vis des intrusions étrangères, selon Epoch Times. Un des moyen pour se prémunir de cette naïveté consiste à former les décideurs publics, les entreprises et les acteurs des milieux scientifiques et universitaires aux risques d’ingérences.

La Russie et la Chine communiste sont  les pays les plus actifs en matière d’ingérence. La Russie opère via l’infiltration « d’officiers de renseignement sous couverture diplomatique, bénéficiant à ce titre d’une immunité ». Les ingérences du Parti communiste chinois ont gagné en intensité ces dernières années avec le renforcement de la stratégie politique du « front uni » déployant des réseaux directement sous le contrôle du Parti communiste chinois (diaspora, universités, instituts Confucius…).

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