Un ancien millionnaire chinois: «Dès qu’on devient riche en travaillant dur, le PCC vient tout prendre»

Par Sophia Lam
20 septembre 2022 22:04 Mis à jour: 20 septembre 2022 22:15

Feng Zhenguo était autrefois le propriétaire d’une usine rentable de meubles en bois dans la province centrale du Hebei. Il a finalement été victime d’une extorsion orchestrée par les autorités environnementales de pair avec la police. Finalement, il a été contraint de vendre son usine à la police chinoise pour un prix dérisoire.

« La prétendue réforme et ouverture du régime communiste ne sert qu’à desserrer un peu les chaînes qui enserrent le cou des Chinois. Le pouvoir et l’économie sont au bord de l’effondrement », explique le 14 septembre M. Feng à l’édition chinoise d’Epoch Times.

« Ce système nous permet de nous sentir un peu libres. Il nous permet de travailler dur pour gagner de l’argent. Ensuite, le Parti communiste chinois (PCC) arrive pour récupérer tout cet argent. »

L’usine de meubles en bois massif de M. Feng se trouve à Qinhuangdao, une ville portuaire située à 300 km à l’est de Pékin. Il y a investi plus de 3 millions de yuans (env. 430.000 euros). Il employait une quarantaine de personnes dans son usine. Il personnalisait des meubles en bois massif haut de gamme. Il a été contraint de vendre son usine à la police pour seulement 400.000 yuans (env. 60.000 euros).

« Je pensais que je pouvais bien faire une chose si j’appréciais vraiment de la faire et que je devais y mettre tout mon cœur. » M. Feng a décidé de créer cette entreprise. Il a toujours aimé la menuiserie et l’artisanat traditionnel.

Meubles en bois massif personnalisés fabriqués dans l’usine de Feng Zhenguo. (Avec l’aimable autorisation de Feng Zhenguo)

Cependant, le régime communiste a transformé le rêve de sa vie en un cauchemar. Le régime réclamait régulièrement de l’argent en invoquant diverses excuses.

« J’ai compris que, sous le règne du PCC, nous, Chinois de base, sommes insignifiants et vulnérables comme des fourmis, quels que soient les efforts que nous déployons. »

Protection de l’environnement en Chine : une « opération d’extorsion »

Les autorités environnementales et la police ont ensuite commencé à lui extorquer de l’argent.

En 2016, M. Feng a engagé les différentes procédures prévues pour créer une usine, notamment une demande d’évaluation de l’impact sur l’environnement (EIE). La procédure la plus pénible de toutes.

Le pouvoir législatif chargé de l’approbation affirme sur son site officiel : l’EIE est « un système juridique incontournable qui détermine si un projet peut être mis en œuvre ». C’est le « bureau local de l’écologie et de l’environnement » qui procède à l’évaluation du projet. Un rapport est ensuite soumis à l’approbation des autorités concernant le choix du site pour ce projet, son impact sur l’environnement et les mesures préventives à prendre. Une entreprise ne peut pas exister sans l’approbation du fameux bureau de l’écologie et de l’environnement.

Mais en réalité, avant toute chose, l’EIE permet aux services de l’environnement qui supervisent le processus d’évaluation de se livrer à des extorsions permanentes.

« Par exemple, le bureau de l’écologie et de l’environnement désigne un certain fournisseur de produits destinés à la protection de l’environnement. On est obligé de s’approvisionner auprès de ce fournisseur. Pour une pièce d’équipement de protection de l’environnement qui vaut un peu plus de 100.000 yuans (20.000 euros), ce fournisseur nous la vendra entre 400.000 yuans (60.000 euros) et 500.000 yuans (70.000 euros). »

Selon lui, le bureau gagne de l’argent sur le dos des entreprises qui ont besoin des EIE.

« Ils désignent également un entrepreneur pour la réalisation des travaux et une société chargée de les vérifier. »

Dans sa ville, le patron de la société chargée des autorisations était auparavant directeur adjoint du bureau de l’écologie et de l’environnement.

« Le directeur adjoint annonce qu’il est en congé sans solde, ce qui est un faux‑fuyant. »

Le bureau et la société en charge de l’admission se sont entendus afin d’obliger les propriétaires des entreprises à payer davantage pour obtenir les équipements nécessaires. Les sommes supplémentaires doivent garantir la réussite de l’évaluation.

M. Feng confie s’être senti chanceux, après avoir dépensé plusieurs centaines de milliers de yuans, de satisfaire à l’évaluation pour lancer sa production.

« De nombreuses personnes ont été contraintes de démolir leurs usines dans la mesure où elles ne satisfaisaient pas à l’évaluation. Elles ont fait faillite. Certains se sont suicidés par la suite. »

Après avoir passé l’évaluation, des agents du bureau de l’écologie et de l’environnement sont venus plusieurs fois par mois dans son usine. « Ils envoyaient différentes personnes nous présenter des allégations. Nous n’avons jamais été en mesure de répondre à leurs exigences parce qu’ils voulaient récupérer notre argent. »

Un jour, le patron de la société d’admission, lui a dit : « Notre quota d’amendes pour cette année est de 3 millions de yuans (430.000 euros), que nous devons honorer. »

En plus des paiements réguliers, M. Feng devait prévoir des dépenses imprévues.

Ainsi, quelques mois après le début de sa production, il a dû installer un nouvel équipement destiné à la protection de l’environnement, car le bureau de l’écologie et de l’environnement avait changé de directeur. Le bureau a estimé que son équipement était inadapté et devait être remplacé.

Il ne pouvait qu’obéir, car il devait poursuivre son activité, pour laquelle il avait déjà investi des millions de yuans.

Photo non datée de l’usine de meubles de Feng Zhenguo dans la ville de Qinhuangdao, province de Hebei, Chine. (Avec l’aimable autorisation de Feng Zhenguo)

« La protection de l’environnement proposée par le PCC permet d’obtenir de l’argent. Elle n’est pas destinée à la protection à long terme des entreprises ou de l’environnement. »

Persécuté pour sa croyance

M. Feng et sa femme, Han Yanjing, ont accompagné leur fille à Vancouver pour y étudier en 2019. Là‑bas, un ami originaire de leur ville natale a invité Mme Han dans son église.

Mme Han est ensuite retournée en Chine au début de l’année 2020, juste avant le début de la pandémie à Wuhan, pour s’occuper du fonctionnement quotidien de l’usine, tandis que M. Feng est resté au Canada avec sa fille.

Photo non datée de la famille Feng. De dt. à g. : Feng Zhenguo, sa fille, et sa femme Han Yanjing (avec l’aimable autorisation de Feng Zhenguo).

Mme Han s’est rendue plusieurs fois dans une église familiale de la ville de Qinhuangdao avec un employé. Depuis, elle a été prise pour cible par la police locale.

Zheng Shiyong, un policier de Haiyang à Qinhuangdao, s’est rendu au domicile de M. Feng pour rencontrer Mme Han et lui dire que quelqu’un l’avait dénoncée pour avoir participé à un « rassemblement illégal ». Le chef de la police ne comptait pas la dénoncer aux autorités supérieures aussi longtemps qu’elle accepterait de payer.

Mme Han lui a donné 5.000 yuans (715 euros).

Quelques jours plus tard, M. Zheng, accompagné du chef de la police, s’est à nouveau rendu chez Mme Han. Cette fois, un belvédère en bois fabriqué à la main et placé dans sa cour a attiré l’attention du chef de la police. Il a demandé à Mme Han de lui en fabriquer un au prix coûtant.

Mme Han savait ce qu’il voulait dire, alors elle lui a répondu : « Si vous l’aimez, prenez‑le. » Le chef de la police a fait enlever le belvédère quelques jours plus tard.

Une activité rentable

M. Feng avait loué un terrain de 6400 m2 sur lequel il avait construit un atelier d’une superficie de 3000 m2.

« Je considérais cette usine comme mon bébé. J’avais un désir ardent d’un avenir brillant. »

Il s’est occupé de l’exploitation, de la fabrication et de la planification avec beaucoup de soin. Chaque année, il établissait un nouveau programme relatif aux objectifs de vente, au nombre d’employés et à la production.

Il a fait valoir que ses produits étaient uniques, en bois massif pur, haut de gamme, conçus et fabriqués selon les exigences des clients.

« En fait, mon usine était très rentable. Nous personnalisions des meubles en bois massif de haute qualité pour ceux qui envisageaient d’améliorer la décoration de leur maison. Dans la ville de Qinhuangdao, ma marque ‘Mu Jia’ était en mesure de fixer les prix des meubles haut de gamme. Je ne voulais pas entrer en concurrence avec les produits bas de gamme » explique‑t‑il avec fierté.

Ses produits ont été bien accueillis sur le marché. Lors d’une exposition de matériaux de construction et de décoration intérieure, ses produits étaient si populaires que ses vendeurs étaient occupés à répondre aux appels des clients et à passer des commandes. Ses clients venaient de régions aussi éloignées que le Xinjiang, dans l’ouest de la Chine.

En évoquant cette période, le visage de M. Feng s’illumine : « Je me sentais très fier car j’ai pu offrir des opportunités d’emploi à une quarantaine de personnes. »

L’entreprise bradée à 57.000 euros

Après les visites répétées de la police, M. Feng a estimé ne plus pouvoir gérer l’entreprise en toute sécurité. Il a demandé à sa femme de vendre son usine.

Un acheteur potentiel leur a proposé 2,8 millions de yuans (400.000 euros). M. Feng hésitait à la vendre à ce prix, car son investissement avait dépassé les 3 millions de yuans et l’usine faisait de bons bénéfices.

Après cette offre, personne ne les a contactés pour leur soumettre une nouvelle proposition.

Ils ont décidé de contacter la personne qui avait fait cette offre, mais l’homme leur a répondu : « Nous ne pouvons plus acheter votre usine. Un membre du commissariat de police la veut. »

Au bout d’un certain temps, un homme nommé Zhang Jian leur a proposé 400.000 yuans (57.000 euros) pour racheter l’usine. Il les a menacés de baisser encore le prix s’ils n’acceptaient pas son offre.

M. Feng et sa femme ont décidé de vendre l’usine à M. Zhang. Mais les 57.000 euros ne couvraient en rien l’investissement initial.

Mme. Zhang représentait Han Jiajun, un officier de police du poste de Haiyang.

La police réclamait de l’argent encore et encore

Après avoir vendu l’usine, Mme Han a trouvé un emploi chez un ami. Elle ne s’attendait pas à ce que la police l’appelle à nouveau pour lui demander de l’argent.

Zheng Shiyong, le policier qui avait accompagné son supérieur pour obtenir le belvédère installé dans sa cour, l’a contacté avant le Nouvel An chinois 2021 en lui disant : « Nous ne pouvons plus dissimuler la question que vous avez soulevée la dernière fois lorsque vous vous êtes rendue dans l’église familiale. Nous devons faire un rapport à nos supérieurs. »

Cette fois, Mme Han n’avait pas de quoi les payer. Elle a fui au Canada pour rejoindre son mari et sa fille quand la Chine a levé les restrictions de voyage.

Epoch Times a appelé le poste de police de Haiyang pour obtenir des commentaires le 15 septembre, mais la police s’est refusée à tout commentaire.

Mettre fin au PCC

Aujourd’hui, M. Feng profite de sa vie de menuisier au Canada, où il se sent très heureux.

« Je me sens plus à l’aise en travaillant comme menuisier au Canada qu’en étant patron en Chine. »

« La main de fer du PCC me frappait quasiment tous les jours. Je ne pouvais pas dormir tranquillement quand j’avais ma propre usine en Chine. »

« Les entreprises privées de Chine sont comme la ‘ciboulette’ », un terme utilisé par les Chinois pour décrire des choses faciles à cultiver mais sujettes « aux coupes ou aux récoltes ».

« Une fois enrichis par notre dur labeur, le PCC vient faire la récolte. »

Le PCC traite le peuple chinois de cette façon depuis longtemps, ajoute M. Feng. Dès l’origine, alors que le PCC a vu le jour, il a dépouillé les riches fermiers de leurs ressources, puis les a tués. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, le PCC a tué de nombreux citoyens chinois tout au long de son règne.

Liberté de croyance

M. Feng déclare que sa famille jouit désormais de la liberté de croyance ici au Canada. Il espère que les Chinois de Chine connaîtront un jour cette même liberté.

« Mon grand‑père me répétait quand j’étais jeune : ‘Le PCC est très mauvais. C’est une bande organisée de bandits.’ »

M. Feng a participé au rassemblement organisé le 20 août à Vancouver pour demander la fin du PCC. Il portait un T‑shirt sur lequel était imprimée la phrase suivante, en chinois et en anglais : « Détruire le PCC, construire un nouveau pays démocratique. »

Lin Cenxin et Chang Chun ont contribué à cet article.

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