Un conducteur de métro qui refuse de faire grève dénonce les pressions exercées par ses collègues : « On nous fera la misère si on vient travailler »

Par Paul Tourège
11 décembre 2019 10:37 Mis à jour: 11 décembre 2019 10:40

Si la grève contre la réforme des retraites est particulièrement suivie à la Ratp, certains agents ne souhaitent pourtant pas prendre part au mouvement. Un comportement qui n’a pas l’heur de plaire aux grévistes et aux syndicats.

Interrogé par Europe 1, un conducteur de métro parisien qui refuse de faire grève n’a pas hésité à dénoncer les pressions dont il affirme être victime de la part de ses collègues grévistes et des syndicats.

« Il y a des menaces, parfois des insultes, on nous fera la misère si on vient travailler. On m’a prévenu que pour mon bien, il ne fallait pas venir travailler. J’étais venu travailler lors du premier jour, on m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas que je continue comme ça », explique-t-il.

Afin d’éviter d’être étiqueté comme non-gréviste et de s’exposer à des représailles, il a préféré se mettre en arrêt maladie : « Je ne suis pas gréviste, j’ai été contraint de me mettre en arrêt maladie. C’est plus simple d’aller voir son médecin que de se mettre en grève. »

« Une partie des grévistes sont sur les quais pour vous insulter, vous menacer et vous dire d’arrêter de travailler sous peine de représailles. Pour d’autres, c’était des menaces d’aller leur crever les pneus. Il y a aussi des listes de diffusion sur les réseaux sociaux avec les noms des gens qui ne font pas grève, comme sur Whatsapp, Facebook et autres », poursuit le machiniste.

Un climat délétère sur lequel les syndicats seraient prêts à fermer les yeux, voire à encourager.

« [Des responsables syndicaux] sont au courant, mais je n’ai eu aucun retour pour l’instant. Il n’y a eu aucune protection fiable pour ceux qui veulent travailler. [Les syndicats] nous font bien comprendre que ce n’est pas bien de travailler, qu’on casse la grève et que c’est à cause de nous si on perd les acquis sociaux. Et que pour notre confort dans les mois et années à venir, il vaut mieux se mettre en grève pour ne pas subir de pression de leur part », souligne le conducteur.

Les non-grévistes « fichés » et signalés « comme étant de mauvais éléments »

S’il affirme comprendre les raisons qui ont poussé ses collègues à faire grève, il confie ne pas pouvoir se permettre de participer au mouvement pour des raisons financières.

« Je suis d’accord avec le mouvement, mais personnellement je ne peux pas me permettre de perdre autant d’argent sur une grève. Ils n’arrivent pas à comprendre qu’il y a des cas particuliers, que tout le monde est différent et que tout le monde ne peut pas se permettre de faire grève. »

« Dans notre travail, on se fait fréquemment insulter par des voyageurs, mais là c’est avec des collègues, au sein de l’entreprise. C’est quelque chose de vraiment difficile. Je leur dis bonjour tous les jours, on est comme une famille, c’est ça qui est d’autant plus choquant. Ce sont des gens qu’on apprécie. Ça va être difficile pour tous ceux qui n’ont pas fait grève dès le début, ils ont été clairement fichés et dénoncés comme étant de mauvais éléments », soupire le machiniste.

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