Entre pavillons dorés, geishas, trains légendaires et temples millénaires, l’ancienne capitale impériale du Japon condense plus de mille ans de culture et d’harmonie. Visite guidée d’une journée à Kyoto, entre or, vapeur et sérénité.
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Le temple Kiyomizu-dera, fondé en 778, est l'un des temples bouddhistes les plus anciens et les plus célèbres de Kyoto.
Spirituelle, d’une beauté presque mystique, Kyoto enchante comme peu d’autres destinations. Cette ville d’un million et demi d’habitants fut, durant plus d’un millénaire, le cœur du Japon impérial. Cette histoire de richesse et de pouvoir se lit à chaque pas, jusque dans ses dix-sept sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ses sanctuaires et temples, colorés, raffinés et chargés d’histoire, voisinent avec des jardins verdoyants, conçus et entretenus avec une minutie extrême, parfaits pour une promenade paisible. Les palais, eux, semblent toujours dignes d’un empereur. Ce n’est pas un hasard si Kyoto a hérité de multiples surnoms, tous évocateurs de ses merveilles : « la cité éternelle », « la ville des fleurs » ou encore, sans doute le plus poétique, « la ville aux dix mille sanctuaires ».
Mais Kyoto ne vit pas que de son passé. Ses musées insolites, ses geishas perpétuant un art ancien et sa gastronomie renommée dans tout le Japon témoignent d’une vitalité toujours présente. Incontournable de tout séjour nippon, elle mérite le détour, même pour vingt-quatre heures.
Arrivée à Kyoto
Kyoto n’a pas d’aéroport international. Deux options s’offrent donc aux voyageurs. La plus proche : Itami Airport (ITM), à Osaka, à 45 ou 50 minutes de trajet en « limousine bus ». Cet aéroport n’accueille cependant que des vols domestiques. Les visiteurs venant d’Amérique du Nord doivent transiter par Haneda ou Narita, à Tokyo.
L’autre possibilité : Kansai International Airport (KIX), construit sur deux îles artificielles. Principal point d’entrée pour Osaka, Kyoto et Kobe, il dessert l’Asie, l’Europe et plusieurs villes américaines. Depuis la gare attenante, le train express Haruka rejoint Kyoto en environ soixante-dix minutes, pour moins de vingt euros.
La gare de Kyoto est un arrêt majeur du réseau Shinkansen (train à grande vitesse) japonais, qui relie Kyoto à d’autres grandes villes comme Tokyo et Osaka. (D. Lentz/Getty Images)
Matinée : les torii de Fushimi Inari
La gare de Kyoto, parmi les plus fréquentées du Japon, concentre cafés et restaurants à profusion. On y croise des voyageurs pressés savourant un bol d’udon fumant ou un tamago sando, ce sandwich moelleux aux œufs et à la mayonnaise Kewpie sur pain de mie, ou un onigiri, boule de riz collante garnie de prune salée ou d’œufs de morue, disponible jusque dans les innombrables 7-Eleven du pays.
À la gare de Kyoto, des présentoirs alimentaires élaborés mettent en valeur une grande variété de mets, des bentos aux restaurants haut de gamme. Nombre de ces présentoirs sont des répliques en cire réalisées avec soin. (Caio Lima Netto/Shutterstock)
Dans une ville qui compte littéralement des milliers de temples et de sanctuaires, il faut faire des choix. L’un des plus célèbres – et sans doute le plus photographié – se trouve tout près. Prenez la ligne JR Nara et, cinq minutes plus tard, descendez à la station Fushimi Inari Taisha.
La visite occupe facilement toute la matinée, voire la journée entière. Ce haut lieu du shintoïsme, fondé au VIIIᵉ siècle, séduit par ses sentiers qui serpentent sur le mont Inari, bordés d’autels de pierre, d’étangs et de petites maisons de thé. Les plus de dix mille portiques vermillon, les célèbres torii, y forment un tunnel hypnotique où l’on pourrait marcher des heures.
Le grand torii vermillon de Fushimi Inari marque l’entrée du mont sacré Inari. (fluke samed/Shutterstock)
Les sentiers du sanctuaire sont bordés de milliers de portes torii rouges, offertes par des particuliers ou des entreprises en quête de prospérité auprès d’Inari, la divinité shintoïste du riz et de la richesse. (Nathan Guan/Unsplash)
Après deux à trois heures de marche, les calories dépensées appellent une pause déjeuner. Entre les poses photo et la montée du mont Inari, l’appétit revient vite. Comme le petit déjeuner ne remonte pas à longtemps, un repas léger suffit. Essayez l’aburaage, tofu frit souvent servi dans les maisons de thé. Parmi les plats emblématiques : l’inari sushi, riz enveloppé dans du tofu frit, ou le kitsune udon, bol de bouillon chaud garni de nouilles et de fines tranches d’aburaage.
Des vendeurs ambulants près du sanctuaire Fushimi Inari proposent des spécialités de la cuisine de rue japonaise comme le yakitori, le taiyaki et l’inari sushi. (Mei Yi/Shutterstock)
Les mitarashi dango, boulettes de riz enfilées sur une brochette et glacées à la sauce soja sucrée, sont une spécialité de rue courante à Kyoto. (SAHACHATZ/Shutterstock)
Après-midi : entre trains et pavillon d’or
Pour changer complètement d’atmosphère, reprenez ensuite le train pour le Kyoto Railway Museum. Pour les passionnés de chemins de fer, c’est une véritable Mecque ; pour les autres, une fascinante plongée dans l’histoire du Japon moderne.
Après la Seconde Guerre mondiale en 1945, alors que nombre de pays construisaient des autoroutes, le Japon a misé sur le rail, édifiant le réseau ferroviaire le plus dense et le plus ponctuel du monde. Près de neuf milliards de passagers empruntent chaque année ses quelque 30 000 kilomètres de voies. Le musée, sur 30.000 m², expose plus de cinquante locomotives et trains, dont plusieurs à vapeur, dans une halle lumineuse et interactive. On peut y essayer un simulateur de conduite, ou embarquer pour un court trajet à vapeur depuis la rotonde de 1914.
Les musées ferroviaires du Japon présentent la riche histoire du réseau Shinkansen, qui a précédé sa création. (THANACHAI SRISAI/Shutterstock)
Le musée ferroviaire de Kyoto expose d’anciennes locomotives aux côtés de modèles plus récents. (Apple Express Japan/Shutterstock)
Avant la fin de l’après-midi, prenez un taxi — expérience japonaise à part entière avec chauffeur ganté de blanc — vers le Kinkaku-ji, le célèbre Pavillon d’Or. Construit à l’origine comme villa de retraite d’un shogun, reconstruit à plusieurs reprises, le temple se dresse au bord d’un étang, entouré de jardins d’une perfection séculaire. Ses deux étages supérieurs, recouverts de feuilles d’or, scintillent dans la lumière du couchant.
Le Kinkaku-ji, également connu sous le nom de Pavillon d’or, est l’un des sites les plus photographiés de Kyoto. L’étang Kyoko-chi, ou étang miroir, reflète parfaitement l’image du temple. (CALIN STAN/Unsplash)
Soirée : dans le monde des geishas
Un séjour à Kyoto ne serait pas complet sans une immersion dans la culture des geishas. Ces artistes, formées durant des années à la danse, à la musique et à l’art de la conversation, trouvent leurs origines dans les grandes cités de l’époque Edo. On dit souvent que c’est à Kyoto, l’ancienne capitale, que cette tradition s’est le mieux préservée.
Les visiteurs peuvent découvrir cet univers au cours d’un dîner-spectacle dans le quartier de Gion. L’expérience dure environ deux heures : danse traditionnelle, échanges avec les geishas — ou plutôt geiko, selon le terme local — et possibilité de poser des questions. Un maître de cérémonie explique la symbolique de leurs vêtements et commente les performances.
Dans le quartier de Gion à Kyoto, les geishas continuent de se produire et d’organiser des cérémonies du thé traditionnelles. (Kyoto Gion District/Getty Images)
Le kaiseki ryori, un repas composé de plusieurs plats, est issu des en-cas servis avant la cérémonie du thé traditionnelle. (TheNUshutter/Shutterstock)
Le repas, un kaiseki, comprend du poisson, des légumes frits et du riz, servis avec un soin tout japonais.
En sortant, laissez-vous happer par la magie de Gion. Sous les lanternes, les ruelles bordées de maisons en bois plongent dans une atmosphère intemporelle. Le sanctuaire Yasaka, magnifiquement illuminé, clôt la promenade. Pour finir la soirée, un bar discret propose une version kyotoïte du martini, mêlant gin, vermouth sec et liqueur de citron — une touche élégante pour conclure la journée.
Le temple To-ji de Kyoto est la plus haute pagode en bois du Japon, culminant à 55 mètres. Ses cinq étages symbolisent les cinq éléments du bouddhisme : la terre, l’eau, le feu, le vent et le vide. (Krikkiat/Shutterstock)
La Japan Rail Pass
Pour parcourir le Japon à moindre coût, la Japan Rail Pass reste imbattable. Réservé aux visiteurs, elle offre un accès illimité au réseau JR pour 7, 14 ou 21 jours, en classe standard ou « green ». Il faut toutefois commander un bon d’échange avant le départ et le valider sur place. Une fois activé, il suffit de monter à bord d’un Shinkansen, de laisser filer le paysage et de s’arrêter où bon vous semble.
Monnaie et paiements
Avec un yen faible, environ 156 pour un euro – le Japon n’a jamais été aussi abordable. Les distributeurs automatiques sont omniprésents, mais mieux vaut garder de l’argent liquide pour les petites dépenses : un yakitori dans une gargote ou un taxi sans terminal de carte.