Une caravane de 3.000 migrants se dirige vers la frontière entre les États-Unis et le Mexique

Par Tom Ozimek
26 avril 2023 02:09 Mis à jour: 26 avril 2023 02:09

Une caravane d’environ 3.000 migrants est partie du sud du Mexique le 23 avril en direction du nord. Selon les organisateurs, il s’agit d’une manifestation visant à mettre fin aux centres de détention comme celui qui a brûlé le mois dernier, tuant des dizaines de personnes.

Les migrants, pour la plupart des Vénézuéliens, ont commencé leur marche vers le nord le 23 avril au petit matin au départ de Tapachula, une ville mexicaine proche de la frontière avec le Guatemala.

L’objectif déclaré des migrants est d’atteindre Mexico City en une dizaine de jours et obtenir du gouvernement la fermeture des centres de détention des migrants.

La plupart des caravanes qui sont parties du sud du Mexique par le passé suivent une progression sud-nord, en direction des États-Unis, les migrants voyant souvent dans ces marches de masse une opportunité d’atteindre la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

« Nous avons rejoint la caravane pour être davantage en sécurité et ne pas être détenus », a déclaré Yoani, un migrant vénézuélien qui n’a donné que son prénom, lors d’un entretien avec Reuters.

Yoani a expliqué qu’une fois à Mexico City, lui et sa famille espéraient accélérer la procédure légale pour la suite de leur voyage.

On ne sait pas combien de manifestants ont l’intention de poursuivre leur route vers les États-Unis.

Epoch Times Photo
Des migrants d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud participent à une caravane se dirigeant vers la frontière américano-mexicaine, tout en portant des pancartes protestant contre la mort de 40 migrants dans un incendie dans un centre de détention mexicain, à Tapachula, au Mexique, le 23 avril 2023. (AFP via Getty Images)

Incendie meurtrier

Irineo Mújica, une des organisatrices de la marche, a indiqué à Associated Press que les revendications des migrants portaient sur la fermeture de l’agence mexicaine de l’immigration, que certains accusent d’être responsable de l’incendie survenu le 27 mars dans un centre de détention à Ciudad Juárez, tuant 40 personnes et en blessant des dizaines d’autres.

« Cela aurait pu être n’importe lequel d’entre nous », a déclaré Miriam Argueta, une migrante salvadorienne, selon l’agence AP. « En fait, beaucoup de nos compatriotes sont morts. La seule chose que nous demandons, c’est la justice et d’être traités comme n’importe qui d’autre ».

Selon le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, l’incendie du 27 mars a commencé lorsque des migrants ont mis le feu à des matelas en mousse après avoir appris qu’ils allaient être expulsés.

La vidéo de l’incendie montre trois fonctionnaires en uniforme qui quittent une pièce et semblent laisser les migrants dans des cellules fermées à clé alors que le feu se propage.

Cinq personnes sont accusées d’homicide à la suite de cet incendie meurtrier, dont trois agents d’immigration et un agent de sécurité privé, ainsi qu’un Vénézuélien soupçonné d’avoir déclenché l’incendie.

Mújica, l’un des dirigeants du groupe militant Pueblos Sin Fronteras, a qualifié les centres de détention de « prisons ».

« Nous demandons au gouvernement que justice soit faite pour les assassins, qu’ils cessent de cacher des fonctionnaires de haut rang », a déclaré M. Mújica à l’agence AP à Tapachula avant que la caravane n’entame sa marche vers le nord. « Nous demandons également la fin de ces prisons et la dissolution de l’Institut national de l’immigration. »

Certains participants à la caravane portaient des croix ou des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Le gouvernement les a tués », en référence à ceux qui sont morts dans l’incendie.

Partis à l’aube, les migrants ont atteint une ville située à environ quinze kilomètres au nord de Tapachula, à la fin de la journée, et s’y sont installés pour la nuit.

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Des migrants d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud participent à une caravane se dirigeant vers la frontière entre les États-Unis et le Mexique, tout en portant des pancartes protestant contre la mort de 40 migrants dans un incendie dans un centre de détention mexicain, à Tapachula, au Mexique, le 23 avril 2023. (AFP via Getty Images)

Titre 42

Cette décision intervient alors que l’administration Biden prévoit d’annuler le Titre 42 à partir du 11 mai, bien que des actions en justice tentent de s’y opposer.

Cette politique de l’ère Trump, adoptée lors de la pandémie de Covid-19, permet aux agents frontaliers d’expulser immédiatement les clandestins ayant franchi la frontière américaine avec le Mexique

Les illégaux traités en vertu des pouvoirs du titre 42 ne sont pas autorisés à rester aux États-Unis lors de l’étude de leur demande d’asile et sont expulsés du pays. Le programme du titre 42 a permis de bloquer plus de 2,5 millions demandeurs d’asile.

Le ministère américain de la sécurité intérieure (DHS) se prépare à un afflux d’immigrants clandestins lorsque le titre 42 sera abrogé. Initialement, le programme devait prendre fin le 21 décembre 2022, mais il a été prolongé par une décision de la Cour suprême des États-Unis.

En janvier, le ministère de la sécurité intérieure a publié un plan à six points (pdf) pour faire face aux défis posés par la fin programmée du titre 42 et le changement majeur de politique que cela représente.

Le plan du ministère prévoit l’accélération du traitement des immigrants illégaux détenus à la frontière, l’augmentation du nombre de tentes de détention temporaire, des renforts de personnel, le renforcement de la capacité des ONG à accueillir les personnes après leur traitement et l’augmentation des poursuites pénales à l’encontre des passeurs.

Le DHS a estimé que 9.000 à 14.000 migrants par jour pourraient tenter d’entrer illégalement dans le pays lorsque le titre 42 prendra fin.

Le Congrès nord-américain sur l’Amérique latine, qui défend les intérêts des migrants, a attribué la surpopulation du centre de détention de Ciudad Juárez aux ordres d’arrêter les migrants dans la ville. Il a également pointé du doigt la politique d’immigration des États-Unis, et notamment le titre 42.

« Sans le titre 42, ces personnes ne seraient probablement pas restées au Mexique pendant cette longue période qui a conduit à leur arrestation dans les rues de Juárez et à leur détention dans le ‘refuge' », a déclaré le groupe dans un communiqué.

Outre les actions en justice visant à conserver le titre 42, des sénateurs républicains ont récemment présenté la loi « Stop Fentanyl Border Crossings Act », qui ajouterait la contrebande de stupéfiants à la liste des motifs d’application du titre 42.

Le fentanyl est aujourd’hui la principale cause de décès chez les Américains âgés de 18 à 45 ans.

« Il faut mettre un terme au flux incontrôlé de fentanyl en provenance de la frontière avec le Mexique qui se répand dans nos quartiers et nos communautés », a déclaré le sénateur Mike Crapo (Parti républicain-Idaho), l’un des coauteurs de cette proposition de loi.

« La hausse vertigineuse du nombre de décès par overdose constitue une crise sanitaire [pour le pays], et le gouvernement fédéral devrait avoir tous les moyens à sa disposition pour lutter contre la contrebande de drogues et les franchissements illégaux à la frontière avec le Mexique ».

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