Une commission du Congrès américain exhorte la Chine à libérer un journaliste citoyen ayant couvert les débuts du Covid

Par Dorothy Li
20 février 2023 19:13 Mis à jour: 21 février 2023 20:15

Un journaliste citoyen ayant fait la chronique de scènes désespérées à Wuhan au début de la pandémie est maintenant en prison depuis plus de trois ans.

Le 9 février, la Commission exécutive du Congrès sur la Chine (CECC) a appelé le régime chinois à libérer immédiatement cet homme, Fang Bin.

« #FangBin, journaliste citoyen et pratiquant de #FalunGong, a été placé en détention il y a trois ans aujourd’hui pour avoir fait un reportage sur l’épidémie de #COVID19. Les présidents demandent sa libération immédiate et la libération de toutes les personnes détenues pour avoir rendu compte de l’épidémie de Covid‑19 en Chine », a écrit le groupe sur Twitter.

Le régime communiste a tout fait pour supprimer les informations liées au Covid et minimiser la gravité des épidémies depuis que la première infection est apparue dans la ville de Wuhan, dans le centre de la Chine, fin 2019.

De nombreux citoyens chinois qui ont cherché à révéler la situation réelle des épidémies – qu’il s’agisse de médecins, de journalistes citoyens, d’universitaires ou d’hommes d’affaires – ont été pris pour cible par le régime et se sont retrouvés dans des cellules de prison.

Fang Bin, vendeur de vêtements traditionnels à Wuhan, a commencé à filmer ses déplacements dans les hôpitaux de la ville confinée et à mettre les vidéos en ligne fin janvier 2020. Les scènes montrent de longues files d’attente à l’extérieur des hôpitaux, des patients s’accrochant à la vie et des proches désemparés.

Dans une vidéo largement diffusée, Fang Bin compte huit sacs mortuaires dans une camionnette garée devant un hôpital. « Tant de morts », dit‑il avec un soupir. « C’est trop. » Fang Bin entre ensuite dans une pièce de l’hôpital, où l’on voit des médecins travailler autour d’un patient qui vient apparemment de mourir.

« Qui est‑ce ? » demande Fang Bin à l’homme.

« Mon père », pleure l’homme.

« Il est parti », dit Fang Bin, après avoir parlé aux médecins.

Ce soir‑là, une demi‑dizaine d’hommes masqués en combinaison blanche frappent à sa porte, exigeant de prendre sa température. Fang Bin, qui enregistre l’incident, déclare que sa température est normale et leur demande de revenir avec un mandat d’inspection. Les hommes entrent de force dans sa maison, confisquent ses appareils électroniques et l’emmenent au poste de police. Là, la police l’a interrogé sur ses vidéos, racontera‑t‑il plus tard.

Moins de deux semaines plus tard, Fang Bin est porté disparu. Ses amis ont déclaré à Epoch Times que Fang Bin avait été arrêté.

Protestation devant le bureau de liaison chinois à Hong Kong, le 19 février 2020. (Isaac Lawrence/AFP via Getty Images)

Depuis lors, il n’y a eu aucune information sur sa situation.

Cela a suscité des inquiétudes, notamment en raison de sa pratique du Falun Gong. Ce mouvement fait l’objet d’une campagne de persécution brutale de la part du régime communiste. Au cours des vingt dernières années, des millions de pratiquants de cette pratique ancienne – qui met l’accent sur la vérité, la compassion et la tolérance – ont été envoyés dans divers centres de détention, où ils ont subi un lavage de cerveau, ont été torturés, voire tués pour leurs organes.

On ne sait pas où se trouve actuellement Fang Bin. En novembre 2021, un responsable local a déclaré à Epoch Times que Fang Bin était au centre de détention de Jiang’an, à Wuhan. Mais en janvier, un membre du personnel du centre de détention qui a répondu au téléphone a déclaré que personne de ce nom n’était détenu dans l’établissement.

Journalistes citoyens détenus

Fang Bin n’est pas le seul citoyen chinois qui reste dans des centres de détention après avoir offert au monde extérieur un aperçu de première main de la situation du Covid‑19 dans le pays.

Zhang Zhan, une ancienne avocate devenue journaliste, purge une peine de quatre ans d’emprisonnement. Au début de l’année 2020, Zhang Zhan s’est rendue à Wuhan depuis Shanghai et a enregistré la vie des citoyens à l’épicentre de la pandémie pendant un premier confinement. Elle a détaillé ses visites et ses entretiens dans les hôpitaux, les centres de quarantaine et l’Institut de virologie de Wuhan dans des dizaines de vidéos téléchargées sur YouTube. Ces vidéos, réalisées à l’aide de téléphones portables, remettent en question les récits des autorités.

Xu Na, sur une photo non datée prise en Chine. (Epoch Times).

Elle a ensuite été reconnue coupable de « provocations et troubles », une accusation souvent utilisée pour poursuivre les dissidents et les lanceurs d’alerte, et a été condamnée à quatre ans de prison.

L’affaire la plus récente est celle de Xu Na, peintre de natures mortes et pratiquante de Falun Gong. Elle avait photographié les effets de la pandémie à ses débuts et partagé ces images avec l’édition en langue chinoise d’Epoch Times. Xu Na a été condamnée à huit ans de prison en janvier dernier.

Eva Fu et Cathy He ont contribué à cet article.

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