Une Iranienne de 22 ans meurt après son arrestation par la police parce que son voile était mal mis

Par Epoch Times avec AFP
16 septembre 2022 21:53 Mis à jour: 17 septembre 2022 14:16

Une jeune Iranienne, dans le coma après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, est décédée vendredi, ont annoncé la télévision d’Etat et sa famille, des activistes exhortant à traduire en justice les responsables de sa mort jugée « suspecte ».

Mahsa Amini, âgé de 22 ans, était en visite à Téhéran avec sa famille quand elle a été arrêtée mardi par l’unité spéciale de la police chargée d’appliquer les règles vestimentaires strictes pour les femmes, dont l’obligation de se couvrir les cheveux.

La police de Téhéran avait indiqué jeudi que Mahsa Amini avait été arrêtée avec d’autres femmes pour recevoir des « instructions » sur les règles vestimentaires. « Elle a soudainement souffert d’un problème cardiaque (…) elle a été immédiatement transportée à l’hôpital », avait ajouté la police.

« Malheureusement, elle est morte et son corps a été transféré à l’institut médicolégal », a indiqué vendredi la télévision d’Etat.

Dans un communiqué, la police de Téhéran a confirmé le décès, affirmant « qu’il n’y avait pas eu de contact physique » entre les agents de police et la jeune femme.

Mardi, Mahsa Amini « ainsi qu’un certain nombre de personnes, en raison du port de vêtements inappropriés, ont été conduites vers l’un des quartiers généraux de la police », mais « elle s’est soudainement évanouie alors qu’elle était avec d’autres personnes dans une salle de réunion », selon la même source.

La télévision d’Etat a diffusé de son côté des extraits d’une vidéo montrant une salle, visiblement au commissariat, où l’on peut voir de nombreuses femmes. L’une d’elle, présentée comme Mahsa Amini, se lève pour discuter avec une « instructrice » au sujet de sa tenue vestimentaire, puis elle s’effondre. Dans un autre extrait, le service d’urgence transporte le corps de la femme vers une ambulance.

Des médias en langue persane, dont le site internet IranWire et le journal Shargh Daily, ont rapporté des déclarations de sa famille affirmant qu’elle avait été transportée à l’hôpital dans le coma quelques heures après son arrestation et qu’elle était désormais décédée.

Un drame à éclaircir

« Les circonstances qui ont conduit au décès suspect durant sa détention de la jeune femme de 22 ans Mahsa Amini, dont des accusations de torture et d’autres mauvais traitements, doivent faire l’objet d’une enquête criminelle », a réagi l’ONG Amnesty International. « La prétendue police des moeurs à Téhéran l’a arrêtée arbitrairement trois jours avant sa mort en vertu des lois abusives, discriminatoires et dégradantes du pays sur le port du voile. Tous les agents et fonctionnaires responsables doivent répondre de leurs actes ».

Hadi Ghaemi, le directeur du Centre pour les droits humains en Iran, basé à New York (Etats-Unis), a décrit ce décès comme une « tragédie qui aurait pu être évitée ». « Le gouvernement en Iran est responsable. Elle a été arrêtée en vertu de la loi discriminatoire de l’Etat sur le voile et est décédée alors qu’elle était dans un centre de détention de l’Etat », a-t-il ajouté.

Une police des moeurs critiquée

Avant l’annonce du décès, la présidence iranienne avait indiqué dans un communiqué que le président Ebrahim Raïssi avait chargé le ministre de l’Intérieur d’enquêter sur cette affaire.

L’autorité judiciaire du pays avait également annoncé via son agence de presse Mizan Online la formation d’un groupe spécial pour ouvrir une enquête.

L’incident survient alors que la controverse enfle sur la conduite de cette police des moeurs, qui patrouille dans les rues pour vérifier l’application dans les lieux publics de la loi sur le foulard et d’autres règles islamiques.

Depuis la Révolution islamique de 1979, la loi exige que toutes les femmes, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, portent un voile qui recouvre la tête et le cou tout en dissimulant les cheveux.

Cependant, ces deux dernières décennies, de plus en plus de femmes à Téhéran, et dans d’autres grandes villes, laissent des mèches de cheveux, voire plus, dépasser de leur voile.

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