La vidéo d’une mère de huit enfants souffrant de troubles mentaux enchaînée dans une cabane suscite l’indignation en Chine

Par Rita Li
15 février 2022 00:47 Mis à jour: 15 février 2022 00:47

En Chine, une vidéo montrant une mère de huit enfants souffrant de troubles mentaux, enfermée dans une cabane de village et enchaînée par le cou, a suscité l’indignation dans le pays.

La vidéo, publiée la semaine dernière sur Douyin, la version chinoise de TikTok, montre la femme portant des vêtements légers alors que les températures hivernales sont glaciales. L’homme qui lui rend visite lui donne alors une doudoune, de la nourriture, et lui pose quelques questions. Elle acquiesce ou secoue la tête en réponse, mais ses réponses sont floues et à peine compréhensibles.

La vidéo virale a suscité la colère sur les réseaux sociaux chinois, de nombreux internautes demandant aux autorités d’intervenir pour aider cette femme. Ce tollé a incité Weibo, un site de type Twitter, à retirer temporairement le hashtag #MotherOfEight des résultats de recherche populaires afin de minimiser les commentaires négatifs.

L’affaire a également suscité de vives spéculations selon lesquelles la femme serait une victime de la traite des êtres humains et aurait subi un mariage forcé.

« C’est de l’exploitation, du viol et de la captivité », a écrit un internaute sur Weibo le 28 janvier.

Cependant, le mari de la femme et les autorités locales ont démenti cette allégation, affirmant qu’elle souffre d’une maladie mentale qui l’a rendue violente envers ses enfants.

Les autorités locales de la ville de Xuzhou, dans la province de Jiangsu, ont publié un bref avis le 28 janvier indiquant que la femme, dont le nom de famille est Yang, a épousé son mari en 1998 et qu’elle n’est pas victime de la traite des êtres humains. Il a ajouté que la femme souffrait d’une maladie mentale et qu’elle avait reçu un traitement.

Mais la réponse officielle n’a fait que susciter un nouveau tollé, les internautes reprochant aux fonctionnaires de ne pas s’occuper du traitement de la femme ni de son bien-être général. Beaucoup se sont demandé si elle avait consenti à porter huit enfants, un internaute suggérant qu’elle avait été exploitée comme une « machine à fabriquer des bébés ».

Des décennies de politique de l’enfant unique du Parti communiste chinois (PCC) ont entraîné une pénurie de femmes – il y a près de 34 millions d’hommes de plus que de femmes dans ce pays de 1,4 milliard d’habitants – en raison de la vision traditionnelle qui favorise les enfants de sexe masculin. Cette situation a donné naissance au trafic d’épouses.

Une petite fille chinoise en train de manger au-dessus d’une poubelle dans un village de la province de Guizhou, en Chine, le 7 février 2017. (Kevin Frayer/Getty Images)

Une enquête menée en 2019 par Human Rights Watch a découvert un réseau de trafic de fiancées du nord de la Birmanie vers la Chine. Elle a révélé que les femmes et les filles birmanes étaient piégées par des courtiers et vendues pour environ 2 700 à 11 500 € à des familles chinoises.

Une fois achetées, les femmes étaient retenues prisonnières et soumises à des pressions pour produire des bébés le plus rapidement possible, a déclaré l’ONG.

« Il s’agit clairement d’un crime – un trafic de femmes présumé… et l’utilisation de femmes comme esclaves sexuelles ou des esclaves à enfanter », a écrit le 29 janvier la bloggeuse nommée Financial Lady Yingying, qui compte plus d’un million d’abonnés.

Dans des vidéos distinctes publiées sur les médias sociaux l’année dernière, le mari de la femme, Dong Zhimin, 56 ans, se vante d’avoir huit enfants, dont sept garçons.

« Quelques-uns de plus ne me dérangeraient pas », a-t-il déclaré. « Tant qu’elle peut donner naissance, je peux tous les élever. »

Dans une vidéo, Dong Zhimin a déclaré s’être marié après avoir ressenti une pression sociale liée à son statut de célibataire au début de la trentaine.

« Les villageois me regardaient de haut », a-t-il déclaré à un vlogger.

Selon les habitants, Yang est arrivée dans la famille de Dong Zhimin en tant qu’étudiante bien éduquée et pouvait parler anglais, ce qui est rare dans la région, ont rapporté les médias chinois.

En réaction à la controverse croissante, les autorités chinoises ont publié le 30 janvier une déclaration plus longue contenant des informations supplémentaires sur la famille.

Selon la déclaration, le père de Dong Zhimin a initialement accueilli Yang en 1998 après l’avoir trouvée en train de mendier dans la rue. Lorsque Yang et Dong Zhimin ont enregistré leur mariage, les autorités locales « n’ont pas vérifié de manière rigoureuse les informations relatives à leur identité », ajoute le communiqué.

Au fil du temps, Yang a montré des signes de déficience mentale, mais elle pouvait encore prendre soin d’elle-même, selon la déclaration. Dong Zhimin a commencé à enfermer Mme Yang à la mi-2021 lorsque son état s’est aggravé, poursuite le communiqué.

Les autorités ont ajouté qu’elles enquêtent actuellement sur Dong Zhimin pour ses actions.

Yang, qui a été hospitalisée pour être soignée, a récemment été diagnostiquée schizophrène, ont indiqué les autorités, ajoutant que ses enfants avaient été pris en charge par l’État.

Cependant, les internautes n’ont pas été rassurés, certains estimant que ces mesures étaient trop faibles et trop tardives.

« Honteux », a déclaré un utilisateur de Weibo.

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