A Genève, l’automobile face à des vents politiques contraires

5 mars 2019 14:25 Mis à jour: 5 mars 2019 14:28

Le salon automobile de Genève s’est ouvert à la presse mardi avec quantité de nouveaux modèles électriques, mais les constructeurs regardent l’avenir avec pessimisme, s’estimant menacés par les contraintes écologiques en Europe et les guerres commerciales à l’échelle mondiale.

La filière s’engage à marche forcée dans l’électrification des motorisations, contrainte de réduire rapidement ses émissions de CO2 pour respecter des limites imposées par l’Union européenne à partir de 2020, et encore durcies à l’horizon 2030, sous peine de pénalités financières.

Les voitures électriques sont « une bonne solution », « il faut qu’on accélère, mais comme toute accélération, il y a une limite et je pense qu’on l’a franchie », a déclaré le patron du constructeur français PSA, Carlos Tavares, lors d’une table ronde avec des journalistes à Genève.

En 2020, « l’exclusion du marché des voitures les moins performantes en CO2 va se traduire par des arrêts d’usines, tous les constructeurs européens y réfléchissent », a-t-il mis en garde, épinglant « l’amateurisme » de décisions politiques qui prennent « le risque majeur d’amener toute l’industrie dans une impasse ».

Harald Krüger, le patron de BMW, a qualifié les objectifs pour 2030 fixés en décembre par l’UE de « défi dramatique » pour la filière automobile.  Les constructeurs ont développé des modèles 100% électriques mais ils craignent une demande insuffisante en raison du prix trop élevé des batteries, d’origine asiatique, du manque d’infrastructures de recharge et d’une fiscalité insuffisamment incitative dans certains pays.

Une étude récente du cabinet de conseil BCG prévoit jusqu’à un milliard d’euros d’amende pour un constructeur qui ne respecterait pas dès l’an prochain un plafond moyen de 95 grammes de CO2 par kilomètre et par véhicule sur leur gamme. Ces discussions n’empêchent pas le salon de Genève de rester le lieu d’exposition favori des marques de luxe et des véhicules de sport ultra-performants fabriqués en petite série.

Bentley a présenté mardi matin sa Bentayga Speed, qui revendique le titre de SUV de série le plus rapide du monde, avec une vitesse de pointe à plus de 300 km/h. Tandis que Ferrari a levé le voile sur sa nouvelle F8 Tributo, dotée d’un moteur essence de 720 chevaux.

Dans un autre registre, celui des citadines de grande diffusion, deux nouveautés françaises tenaient mardi le haut de l’affiche à Genève: la cinquième génération de la Renault Clio, voiture française la plus vendue au monde, et la nouvelle Peugeot 208, avec une déclinaison électrique inédite.

Le salon est cette année dominé par de très nombreux concepts de voitures électriques, comme le SUV compact Q4 e-tron de la marque Audi, qui préfigure un modèle de série. Après des années de croissance et de profits record, la conjoncture automobile s’est brutalement retournée depuis l’été 2018 sous l’effet d’une baisse inattendue du marché chinois, de loin le premier mondial avec près d’une immatriculation sur trois.

Et à trois semaines de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, programmée en principe pour le 29 mars, les constructeurs redoutent un éventuel divorce sans accord négocié, synonyme de cataclysme pour leur industrie. Le patron du géant Volkswagen, Herbert Diess, a dit redouter ce scénario mais a aussi déploré le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, qui a durement touché les constructeurs allemands, et les menaces de barrières douanières brandies par Washington contre les importations européennes.

« Si tout va dans le mauvais sens, ce sera très dur à encaisser, même pour nous », a-t-il déclaré lundi soir à des journalistes. Sur les menaces du président Donald Trump visant l’Europe, mais en fait surtout l’Allemagne, le patron de Daimler Dieter Zetsche, a affirmé avoir « des discussions bonnes et très constructives » avec l’administration américaine, « qui réduisent la probabilité de nouveaux droits de douane ».

Après les journées réservées à la presse, le salon ouvrira ses portes jeudi au public. Plus de 660.000 visiteurs sont attendus pour contempler les plus de 900 voitures exposées du 7 au 17 mars.

D.C avec AFP

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