Comptes publics français
Alerte rouge du gouverneur de la Banque de France : un « étouffement progressif » menace notre économie
Dans un entretien accordé au quotidien La Croix ce samedi, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a exprimé de vives inquiétudes concernant l'état des comptes publics français. Selon lui, la dégradation continue de la situation budgétaire expose le pays à un danger réel : celui d'un "étouffement progressif" de son économie.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 23 mai 2022.
Photo: FABRICE COFFRINI/AFP via Getty Images
Ces déclarations interviennent au lendemain d’une décision importante de l’agence de notation Moody’s, qui a certes confirmé la note souveraine de la France, mais en dégradant sa perspective de « stable » à « négative ». Un signal d’alarme supplémentaire pour l’Hexagone.
Les agences de notation tirent la sonnette d’alarme
Le gouverneur de la Banque de France souligne que l’ensemble des agences de notation manifestent leur préoccupation face à deux facteurs majeurs : l’instabilité politique chronique qui paralyse le pays et les difficultés budgétaires structurelles qui s’accumulent. François Villeroy de Galhau tient néanmoins à rassurer : la France n’est pas au bord de la banqueroute, mais elle risque de subir une asphyxie lente et progressive, notamment à cause du poids grandissant des charges liées au remboursement de la dette publique.
Moody’s justifie sa décision en pointant du doigt les « risques croissants d’un affaiblissement des institutions et de la gouvernance » dans le pays, ainsi qu’un possible « recul partiel des réformes structurelles » engagées ces dernières années. L’agence met également en lumière le danger d’une « fragmentation durable du paysage politique français », susceptible de perturber gravement le fonctionnement des institutions. Les gouvernements successifs peinent à rassembler une majorité parlementaire solide, ce qui complique considérablement l’adoption de mesures courageuses.
Des conséquences directes pour les citoyens et les entreprises
Au-delà des considérations techniques, François Villeroy de Galhau met en garde contre les répercussions concrètes de cette situation sur le quotidien des Français. Par un effet de contagion, les emprunts pourraient devenir significativement plus onéreux, tant pour les ménages – notamment en matière de crédit immobilier – que pour les entreprises cherchant à financer leur développement.
Malgré ce tableau préoccupant, le gouverneur identifie des raisons d’espérer. Le maintien de la note Aa3 par Moody’s, qui correspond à une dette de bonne qualité, démontre que le pays conserve des atouts solides. Les prévisions économiques tablent sur une croissance d’au moins 0,7% pour l’année en cours, un signe de résilience de l’économie française.
Vers une fiscalité plus équitable pour les hauts patrimoines
Alors que le Parlement examine actuellement le projet de budget 2026, François Villeroy de Galhau prend position sur la question sensible de la taxation des plus fortunés, communément appelée « taxe Zucman ». Il plaide fermement pour que « ceux qui ont le plus » contribuent à hauteur de « leur juste part d’impôt ».
Le gouverneur dénonce explicitement les stratégies d’optimisation fiscale actuellement en vigueur : « Aujourd’hui, il n’est pas juste que les plus aisés minorent leur impôt via des mécanismes comme les holdings patrimoniales, ou diverses niches fiscales. Ceci doit changer », affirme-t-il sans détour.
Toutefois, il appelle à la prudence dans la conception de ces nouvelles mesures fiscales. Il met en garde contre les risques d’un « impôt magique » qui pourrait pénaliser les entrepreneurs, les créateurs d’emplois et les innovateurs, ces acteurs essentiels de la vitalité économique du pays.
Cette position n’est pas nouvelle pour François Villeroy de Galhau. Dès mi-septembre, il s’était prononcé favorablement pour « des mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines », insistant sur la nécessité que le redressement des finances publiques soit « ressenti comme juste » par l’ensemble de la population.
Un appel pressant au compromis politique
Il y a une dizaine de jours, le gouverneur exprimait déjà son exaspération face à la situation politique française. Il avait lancé un appel solennel aux différentes formations politiques, les exhortant à faire « des compromis », déclarant en avoir assez du « gâchis politique » qui paralyse le pays et empêche les réformes nécessaires.
Avec AFP

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