ANALYSE : Les alliés et les ennemis d’Israël se révèlent au lendemain du pire massacre de Juifs depuis l’Holocauste

Les attitudes à l'égard d'Israël, au lendemain des attentats, traduisent l'opposition entre les camps de la liberté et de l'autoritarisme.

Par Jenny Li & Michael Zhuang
7 novembre 2023 00:28 Mis à jour: 7 novembre 2023 00:28

L’horrible attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre a été qualifiée de jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l’Holocauste. Les États-Unis ont fermement soutenu le droit d’Israël à se défendre contre l’organisation terroriste, tandis que la Chine a accusé Israël d’avoir eu une « réponse disproportionnée » dans sa riposte au Hamas. Ces positions très différentes à l’égard d’Israël reflètent le fossé qui sépare les camps de la liberté et de l’autoritarisme dans le monde d’aujourd’hui.

L’attaque du Hamas a tué au moins 1400 Israéliens. Eylon Levy, ancien porte-parole du président israélien Isaac Herzog, a déclaré : « Il n’est pas exagéré de dire qu’hier a été le jour le plus sombre de l’histoire juive depuis la fin de l’Holocauste ». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié le 7 octobre de « jour le plus horrible pour le peuple juif depuis l’Holocauste ». Lazar Berman, correspondant diplomatique du Times of Israel, a fait la même référence en déclarant que « le 7 octobre 2023 a vu le plus grand nombre de Juifs massacrés en une seule journée depuis l’Holocauste ».

Les États-Unis ont rapidement pris la défense d’Israël. Le 10 octobre, le président américain Joe Biden a qualifié l’attaque de « mal absolu » et a déclaré : « Qu’il n’y ait aucun doute à avoir : les États-Unis soutiennent Israël ».

Le 20 octobre, Biden a prononcé un discours national dans lequel il a déclaré : « Nous allons nous assurer que le Dôme de fer continue de protéger le ciel d’Israël. Nous allons faire en sorte que les autres acteurs hostiles de la région sachent qu’Israël est plus fort que jamais et empêcher que ce conflit ne s’étende ».

Suite à l’attaque du Hamas contre Israël, les Etats-Unis ont envoyé des navires de guerre et des avions au Moyen-Orient. Le porte-avions américain USS Gerald R. Ford et son groupe d’attaque sont arrivés en Méditerranée orientale, et le groupe du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower est également en route. En outre, des dizaines d’avions ont été envoyés sur les bases militaires américaines au Moyen-Orient, et les forces spéciales américaines coopèrent avec l’armée israélienne pour le partage et la collecte de renseignements.

Les États-Unis ont également augmenté leur aide militaire à Israël, notamment les munitions et les intercepteurs destinés à compléter le système de défense aérienne d’Israël, le Dôme de fer. Au 24 octobre, cinq cargaisons d’armes et d’équipements américains étaient arrivées en Israël. Les États-Unis ont également exprimé leur soutien au projet israélien d’opération terrestre à Gaza pour y éradiquer le Hamas.

Le PCC condamne Israël

Contrairement aux États-Unis, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a condamné Israël pour être allé « au-delà de la légitime défense » et a appelé à mettre fin à la « punition collective » infligée à la population de Gaza. Le régime chinois n’a jamais condamné le Hamas pour le massacre de plus de 1400 Israéliens et l’enlèvement de plus de 200 autres, pour la plupart des civils.

Conformément à la position officielle de la Chine, un grand nombre de commentaires pro-Hamas et antisémites sont apparus sur les médias sociaux chinois fortement censurés. Citons par exemple un commentaire du blogueur ultranationaliste chinois Ziwu Xiashi, qui a écrit : « Dans le passé, l’Allemagne vous a persécutés. Aujourd’hui, vous persécutez les Palestiniens. Dans ce monde, ne poussez pas les autres à bout, car vous ne feriez que creuser votre propre tombe ». Ce blogueur populaire compte un million de followers sur Weibo.

Le blogueur Zhang Tiegen attribue ce qui arrive au peuple juif à leur ‘amour de l’argent’, un argument antisémite classique. Ce commentaire s’inscrit dans la tendance dominante observée en Chine quant à la rhétorique en ligne. Même le film oscarisé « La liste de Schindler », qui dépeint l’Holocauste, a été malicieusement décrié sur les sites chinois de critique de films.

Il est important de noter que le régime communiste contrôle et censure fortement Internet en Chine, de sorte que les commentaires antisémites, lorsqu’ils sont généralisés, peuvent être compris comme une approbation tacite des autorités.

Démocratie contre autoritarisme

Les positions adoptées par les États-Unis et la Chine à l’égard de l’attaque terroriste du Hamas sont à l’opposé l’une de l’autre, tout comme leurs positions face au conflit russo-ukrainien.

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier, les États-Unis ont fourni plus de 75 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine et imposé des sanctions économiques à la Russie.

Le Parti communiste chinois (PCC), quant à lui, a apporté un soutien financier à la Russie et est l’un des principaux importateurs de pétrole russe, contribuant ainsi à son invasion de l’Ukraine. Les importations de brut russe par la Chine après l’invasion de l’Ukraine par Moscou ont presque doublé, selon un article publié en juin par Voice of America.

Le président Joe Biden a récemment déclaré : « Le Hamas et Poutine représentent des menaces différentes, mais ils ont un point commun : ils veulent tous deux annihiler complètement une démocratie voisine – l’anéantir complètement ».

Ce n’est pas la première fois que Biden parle du duel entre la démocratie et l’autoritarisme. En mars 2021, lors de sa première conférence de presse en tant que président, il a fait référence à la rivalité entre les États-Unis et la Chine en déclarant : « Il s’agit d’une bataille entre l’utilité des démocraties au XXIe siècle et les autocraties. Nous devons prouver que les démocraties fonctionnent ».

Soutien indéfectible de la Chine à l’Iran

Au lendemain des attaques menées à plusieurs reprises contre les troupes américaines au Moyen-Orient par des militants soutenus par l’Iran – très probablement en représailles au soutien apporté par les États-Unis à Israël – Biden a déclaré le 25 octobre que les États-Unis se réservaient le droit à l’autodéfense et n’excluaient pas des représailles. Le 31 octobre, le Pentagone a chiffré le nombre d’attaques à 27.

« Mon avertissement à l’ayatollah est que s’ils continuent à agir contre ces troupes, nous répondrons, et qu’il doit se préparer », a déclaré Biden au chef suprême de l’Iran.

Les groupes terroristes soutenus par l’Iran sont le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le groupe terroriste libanais Hezbollah.

Un homme d’affaires israélien qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat a confié à Epoch Times : « L’Iran utilise différentes organisations terroristes ou groupes militants pour déstabiliser le Moyen-Orient : le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen et les groupes militants iraniens en Syrie et en Irak. Ils ont tous le même objectif, qui est d’étendre l’influence de l’Iran et de déstabiliser le Moyen-Orient afin de compromettre la normalisation des relations entre Israël et les États arabes modérés. »

Le Hamas reçoit depuis longtemps un soutien financier et logistique de Téhéran. Quelques jours après l’attaque du Hamas, il a même été suggéré que des responsables iraniens de la sécurité avaient aidé à planifier l’assaut surprise. Selon un article du Wall Street Journal, « des responsables iraniens de la sécurité ont aidé à planifier » l’attaque surprise et l’Iran « a donné le feu vert à l’assaut lors d’une réunion à Beyrouth ». L’article du Journal cite comme sources « des membres importants du Hamas et du Hezbollah », ainsi qu’un conseiller pour la Syrie.

Un responsable du Hamas a toutefois démenti cette allégation, de même qu’un porte-parole de la mission iranienne auprès des Nations unies, qui a déclaré : « Nous ne sommes pas impliqués dans la réponse palestinienne, car elle incombe uniquement à la Palestine ».

Depuis des années, les États-Unis et d’autres pays occidentaux imposent des sanctions commerciales et économiques à l’Iran pour son développement d’armes nucléaires. Depuis 2018, l’Iran n’a plus accès au service de messagerie financière SWIFT, ce qui le coupe des banques internationales.

Le régime chinois a fait le contraire. Depuis cette année, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Iran, et ce pour la dixième année consécutive. En 2022, les échanges commerciaux entre l’Iran et la Chine se sont élevés à près de 16 milliards de dollars, soit une augmentation de 7% par rapport à 2021. En décembre 2022, les importations chinoises de pétrole brut en provenance d’Iran auraient atteint un nouveau record.

En février 2023, le président iranien Ebrahim Raisi s’est rendu à Pékin. Les deux pays ont signé 20 accords, d’une valeur potentielle de plusieurs milliards de dollars, relatifs au commerce, aux transports, aux technologies de l’information, au tourisme, à l’agriculture et à la réponse aux crises.

La Chine est également la principale source d’armes de l’Iran. Ainsi, pendant la guerre Iran-Irak, qui a duré de 1980 à 1988, le régime chinois a fourni à l’Iran 22% de son équipement militaire, à savoir des missiles antinavires, des missiles sol-air, des pièces d’artillerie, des chars, des radars, des armes légères et des munitions. À la fin de cette guerre étalée sur huit ans, le régime chinois avait vendu pour 2 milliards de dollars d’armes à l’Iran.

La Syrie et Israël en conflit

La Syrie considère également Israël comme un ennemi. Quelques jours seulement après l’attaque du Hamas contre Israël, la Syrie et Israël ont échangé des tirs. Dans la nuit du 24 octobre, la Syrie a tiré deux roquettes sur le nord d’Israël, déclenchant des alarmes sur le plateau du Golan, selon les Forces de défense israéliennes (FDI). Les FDI ont réagi en attaquant les infrastructures militaires et les sites de mortiers de l’armée syrienne.

La Syrie et Israël sont en conflit depuis plus d’un demi-siècle. Le conflit entre les deux pays a été exacerbé depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011 lorsque l’Iran a profité du chaos qui régnait en Syrie pour mettre en place des organisations extrémistes chargées de former des militants dans le pays. La Syrie est la ligne de vie stratégique de l’Iran, car elle constitue un corridor terrestre entre l’Irak et le Liban.

En mars, un drone auto-détonant a attaqué une base militaire américaine dans le nord-est de la Syrie. Des centaines de soldats américains y étaient stationnés pour une mission contre le terrorisme entamée il y a plusieurs années. L’attaque a tué un contractant et blessé cinq membres des forces armées américaines ainsi qu’un autre contractant. Les autorités américaines affirment que l’attaque a été perpétrée par des milices soutenues par l’Iran.

En 1979, les États-Unis ont placé la Syrie sur la liste des États qui soutiennent le terrorisme pour son occupation militaire du Liban et le soutien qu’elle apporte au Hezbollah et à d’autres organisations terroristes.

En 2004, les États-Unis ont pris de nouvelles sanctions contre la Syrie, estimant que ce pays développait des armes non conventionnelles, occupait le Liban, déstabilisait l’Irak et soutenait des organisations terroristes telles que le Hezbollah et le Hamas.

Depuis 2011, l’Union européenne, les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Suisse ont imposé une série de sanctions économiques à la Syrie suite à l’oppression des civils pendant la guerre civile syrienne.

Toutefois, en septembre de cette année, le président syrien Bachar el-Assad, considéré par beaucoup comme un criminel de guerre, s’est rendu en Chine et a été accueilli comme il se doit, avec un tapis rouge, une berline arborant un drapeau rouge et des gardes d’honneur militaires. Cette réception ressemblait à celle offerte au président français.

Lorsque M. Assad a visité le temple Lingyin à Hangzhou, le PCC a ordonné au temple bouddhiste historique d’enfreindre sa règle millénaire et d’ouvrir la porte principale pour accueillir les invités. Tout au long de l’histoire, la porte principale du monastère ne s’est ouverte que pour un empereur – elle n’avait pas été ouverte depuis des centaines d’années.

Les vrais amis

Ces dernières années, les relations entre Israël et la Chine ont semblé se réchauffer. Les présidents et premiers ministres israéliens ont organisé des visites diplomatiques et commerciales à Pékin. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a considérablement augmenté et les deux pays ont développé des liens militaires, Israël fournissant à la Chine une expertise et une technologie militaires.

Selon un article publié mercredi dans la revue Jewish Insider, « Israël a également renforcé ses liens économiques avec la Chine, récoltant d’énormes investissements auprès des Chinois ».

L’article cite Len Khodorkovsky, secrétaire d’État adjoint de l’administration Trump : « Israël a essayé de jouer sur les deux tableaux : récolter les bénéfices de ses amitiés avec les États-Unis et l’Occident tout en flirtant avec la Russie et la Chine. »

M. Khodorkovsky a ajouté : « Mais quand vous êtes au plus bas, vous découvrez qui sont vos vrais amis. Les démocraties sont aux côtés d’Israël. Les autocraties soutiennent les ennemis d’Israël ».

L’Iran et la Syrie sont des ennemis d’Israël mais des alliés proches de la Chine. Selon Anders Corr, éditeur du Journal of Political Risk et collaborateur d’Epoch Times, « Israël devrait se rendre compte que la Chine n’est pas un véritable ami ».

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