Attaque au Qatar : les dirigeants arabes unanimes pour « revoir » leurs liens avec Israël

Cette vue fournie par le ministère des affaires étrangères du Qatar montre une réunion préparatoire à Doha le 14 septembre 2025, en amont d'un sommet arabo-islamique.
Photo: QATARI MINISTRY OF FOREIGN AFFAIRS/AFP via Getty Images
Un sommet extraordinaire réunissant les dirigeants de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique s’est tenu lundi à Doha, marquant une réaction ferme face à l’attaque israélienne qui a visé des cadres du Hamas sur le territoire qatari la semaine précédente.
Cette frappe, sans précédent dans la capitale qatarie, a provoqué une onde de choc diplomatique qui résonne bien au-delà des frontières du Golfe.
Une déclaration aux conséquences diplomatiques majeures
La déclaration finale adoptée par les participants constitue un tournant significatif dans les relations régionales. Le document, consulté par l’AFP, appelle explicitement l’ensemble des États à « revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël » et à initier des poursuites judiciaires contre l’État hébreu. Plus radical encore, le texte préconise une coordination des efforts pour obtenir la suspension d’Israël des Nations unies.
Cette position revêt une importance particulière compte tenu de la présence au sommet de plusieurs pays ayant normalisé leurs relations avec Israël. L’Égypte, la Jordanie, le Maroc, ainsi que les voisins du Qatar – les Émirats arabes unis et Bahreïn – figuraient parmi les participants. Toutefois, les dirigeants émiratis, bahreïnis et marocains ont choisi de déléguer leur représentation à des responsables de haut rang plutôt que de participer personnellement.
Un contexte géopolitique tendu
L’attaque israélienne, qui a coûté la vie à cinq membres du Hamas et à un agent de sécurité qatari, intervient dans un contexte déjà explosif. Le Qatar joue un rôle crucial de médiateur dans les négociations visant à instaurer un cessez-le-feu à Gaza, et cette frappe sur son territoire est perçue comme une tentative délibérée de saboter ces efforts diplomatiques.
L’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, n’a pas mâché ses mots dans son discours d’ouverture. Il a directement accusé Israël de chercher à « faire échouer les négociations » et a dénoncé les ambitions de Benjamin Netanyahu qu’il qualifie d' »illusion dangereuse » visant à transformer la région arabe en zone d’influence israélienne.

Cette photo fournie par le ministère des Affaires étrangères du Qatar montre le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, présidant une réunion préparatoire à Doha le 14 septembre 2025, (QATARI MINISTRY OF FOREIGN AFFAIRS/AFP via Getty Images)
Des réactions internationales contrastées
Pendant que se déroulait le sommet à Doha, le secrétaire d’État américain Marco Rubio se trouvait à Jérusalem, réaffirmant le soutien « indéfectible » de Washington à Israël dans sa campagne contre le Hamas. Cette visite, programmée avant les événements du Qatar, souligne les tensions croissantes entre les positions américaine et arabe sur la gestion du conflit.
Les dirigeants présents à Doha ont exprimé des préoccupations variées mais convergentes. Le président iranien Massoud Pezeshkian a lancé un avertissement inquiétant, suggérant que « demain, ce pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou islamique ». Cette déclaration prend une résonance particulière alors que l’Iran avait lui-même mené des attaques contre une base américaine au Qatar lors de son récent conflit avec Israël.
L’impact sur les accords d’Abraham
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a souligné les répercussions potentielles de cette crise sur l’architecture diplomatique régionale. Il a averti que l’attaque qatarie « érige des obstacles devant toute perspective de nouveaux accords de paix » et pourrait même compromettre les arrangements existants.
Cette mise en garde touche directement aux ambitions israélo-américaines d’élargir les accords d’Abraham, conclus en 2020 avec les Émirats, Bahreïn et le Maroc. L’Arabie saoudite, considérée comme la prise diplomatique la plus précieuse de la région, observe désormais ces développements avec une attention particulière.
Un appel à l’action américaine
Les monarchies du Conseil de coopération du Golfe, réunies en marge du sommet, ont directement interpellé Washington. Leur secrétaire général, Jassem Al-Budaiwi, a réclamé que les États-Unis « usent de leur influence sur Israël » pour mettre fin à de telles actions, soulignant la nature stratégique du partenariat américano-golfique.
Ce sommet de Doha marque potentiellement un point d’inflexion dans les relations régionales, remettant en question l’architecture diplomatique patiemment construite ces dernières années.

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