Ce qu’implique la nomination de Rachida Dati à la culture et pour la Mairie de Paris en 2026

Par Julian Herrero
16 janvier 2024 17:23 Mis à jour: 16 janvier 2024 17:23

À la surprise générale, l’ancienne garde des Sceaux Rachida Dati a été nommée le 11 janvier, ministre de la Culture. L’arrivée de la désormais ex-LR au gouvernement annonce de nombreux changements politiques.

Le ministère de la rue de Valois accueille une nouvelle ministre dont la personnalité semble bien différente de celle de Rima Abdul-Malak, et le scénario des élections municipales à Paris en 2026 n’est plus le même.

La nomination de Rachida Dati résonne également comme un énième coup de massue pour LR, cinq mois avant les élections européennes.

Une nouvelle personnalité pour le monde de la culture

Le franc-parler et le style de Rachida Dati peuvent laisser penser que sa nomination au ministère de la Culture incarne une certaine rupture avec ses prédécesseurs. On ne compte plus les nombreux « coups de gueule » qui ont fait sa réputation, aussi bien il y a une dizaine d’années quand elle était membre du gouvernement de François Fillon que plus récemment au sein du Conseil de Paris, où elle n’a pas hésité à se moquer ouvertement et à plusieurs reprises du score d’Anne Hidalgo lors de la dernière élection présidentielle. Dans le magazine Elle en 2022, l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy la décrivait comme une « écorchée vive pouvant passer de l’amour à la détestation avec une facilité déconcertante et qui parfois, mord la ligne avec son tempérament de félin ».

Le milieu de la culture va donc devoir composer avec une personnalité forte. Il n’a d’ailleurs pas très bien accueilli la nouvelle de sa nomination la semaine dernière. « La culture a été bien détruite, mais elle est vivante et sa fonction est aussi de résister », avait réagi le jour même l’actrice de la série Baron noir, Anna Mouglalis. « Pour Rima Abdul-Malak la culture, c’est la vie, pour d’autres, c’est un coup et c’est une manœuvre », avait déclaré de son côté l’académicien Érik Orsenna.

Le secteur craint peut être son ADN politique. À l’inverse de sa prédécesseure, Rachida Dati est issue des rangs de la droite, et même s’il est, par définition, trop tôt pour juger la politique culturelle qu’elle compte mettre en œuvre, nous pouvons nous interroger, par exemple, sur la manière dont vont être distribuées les subventions à la presse.

« L’année dernière, Libération a touché 11 millions d’euros de subventions, mais pas Valeurs actuelles par exemple. Cela dépend du ministère de la Culture : nous allons bien voir si Rachida Dati va rééquilibrer tout cela ! », s’interrogeait il y a quelques jours sur l’antenne de Cnews le directeur de la rédaction de Livre Noir, Erik Tegnér.

Le tremplin pour Paris

L’entrée de la maire du VIIe arrondissement de Paris dans le gouvernement de Gabriel Attal bouscule également le rendez-vous électoral des municipales parisiennes prévu dans deux ans. Initialement, elles auraient dû être, sur la forme, assez semblables à celles de 2020, avec un candidat PS, LR et un issu du bloc centriste d’Emmanuel Macron. Pour le candidat macroniste, les noms de l’ancien ministre délégué des Transports non reconduit dans le nouveau gouvernement, Clément Beaune et du conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel circulaient, mais il est fort probable que l’exécutif en est décidé autrement.

« Ça me semblerait fou que la nomination de Rachida Dati au Gouvernement ne soit pas dictée par un accord avec le Président pour obtenir la Mairie de Paris en 2026. En-tout-cas c’est ce qu’il se dit dans nos groupes militants notamment du côté des soutiens de Clément Beaune où la pilule est très mal passée voir vue comme une punition à sa fronde lors du PJL immigration », confie à Epoch Times, une source proche de Renaissance.

Emmanuel Macron s’est possiblement remémoré la difficile campagne des municipales pour son parti en 2020 à Paris, et le score décevant qu’avait obtenu Agnès Buzyn au second tour (13,04 %), loin devant Rachida Dati (34,31 %) et Anne Hidalgo (48,49 %) et a conclu qu’il fallait unir la droite et le centre pour battre la gauche.

« On voit bien aussi avec la communication agressive de Pierre-Yves Bournazel que cette nomination est vue comme un adoubement de Rachida Dati par le Président. Je pense que dans la tête d’Emmanuel Macron, l’objectif est avant tout d’avoir Paris quel que soient les alliances et le candidat », poursuit cette même source.

Un affaiblissement de LR ?

Pour les Républicains, c’est un nouveau débauchage et pas des moindres. Rachida Dati était appréciée des militants LR et son arrivée en macronie pourrait affaiblir la droite en vue des élections européennes, qui est pour l’heure créditée de 7 à 8 % des intentions selon les derniers sondages. « Ce n’est jamais un plaisir de voir des élus quitter le parti, mais pour les élections européennes, maintenant que François-Xavier Bellamy est lancé, la dynamique va s’installer dans les semaines à venir », nous assure avec optimisme un proche de LR.

Les autres partis en ont profité pour tirer à boulets rouges sur les Républicains et espèrent attirer de nombreux électeurs de la droite traditionnelle dans leur rang, Éric Zemmour (Reconquête !) les qualifiant de « traîtres » et Jordan Bardella (RN) parlant de « droite soluble dans le macronisme ».

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