Classes moyennes : non, monsieur Macron, la hausse des dépenses publiques n’est pas la solution !

Par Nicolas Lecaussin
27 février 2020 09:06 Mis à jour: 27 février 2020 09:06

Lors de la conférence sur la sécurité de Munich, Emmanuel Macron a critiqué la gestion de la crise financière de 2008 et a préconisé une hausse de la dépense publique en Europe pour « réconcilier les classes moyennes avec l’avenir ». Il a estimé que la zone euro avait beaucoup trop donné la priorité à la réduction des dépenses publiques, qui a abouti à “désespérer les classes moyennes européennes”. Le président français a tort. Il suffirait de prendre l’exemple de son propre pays, qui contredit parfaitement ses propos.

Si l’on suit son analyse à la lettre, la classe moyenne française devrait être la plus heureuse au monde. Les dépenses publiques sont passées de 1 020,5 milliards d’euros en 2007 à 1318,6 en 2018. Elles sont de 20% supérieures à la moyenne de la zone euro et devraient continuer de progresser de 0,5% en volume (hors inflation) en 2020 (fin 2019, elles atteignaient 54 % du PIB). En Europe, de nombreux pays ont beaucoup baissé leurs dépenses publiques ces dernières années : l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède… Et la création d’emplois ainsi que la réduction du taux de chômage ont suivi cette baisse. La plupart de ces pays connaissent le plein emploi et les classes moyennes s’y portent mieux qu’en France.

Regardons aussi les dernières données Eurostat sur les dépenses publiques. Contrairement à ce que soutient le président Macron, les dépenses totales brutes des administrations publiques des pays européens ont globalement augmenté depuis la crise de 2009 : de 846 milliards d’euros entre 2010 et 2018 dans l’UE-28 et de 590 milliards d’euros dans la zone euro pour la même période (voir le graphique).

Eurostat

Macron se trompe de diagnostic. Les classes moyennes soufrent de trop d’Etat et de trop de pression fiscale. Selon l’OCDE (décembre 2019), la France était en 2018 le pays qui avait le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé des pays membres : 46,09 %, un niveau de 35% supérieur à la moyenne de ces pays. Elle élargit même l’écart avec le Danemark (44,86 %). Dans un pays où plus de 50 % de la population ne paye pas d’impôt sur le revenu, la pression repose surtout sur les classes moyennes. Elles ne souffrent pas d’un manque de dépenses publiques mais de trop de dépenses publiques et de trop d’Etat. Monsieur Macron, baissez les impôts, baissez les dépenses publiques et les classes moyennes ne seront plus “désespérées” !

Directeur de l’IREF, Nicolas Lecaussin est diplômé de Sciences-po Paris, ancien président de l’iFRAP (Institut Français de Recherche sur les Administrations Publiques), fondateur de l’association Entrepreneur Junior et auteur de plusieurs ouvrages sur le capitalisme, l’Etat et les politiques publiques.

Auteur de plusieurs ouvrages dont : Cet Etat qui tue la France (Plon, 2005), L’absolutisme efficace (Plon, 2008), Au secours, ils veulent la peau du capitalisme ! (First Editions, 2009), A quoi servent les riches, coauteur (Lattès, 2012), L’obsession antilibérale française, Anti-Piketty, coauteur (libréchange, 2015).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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