Confinement dans le Yunnan: la police chinoise armée de mitrailleuses bloque les touristes à l’aéroport

Par Sophia Lam
9 octobre 2022 13:58 Mis à jour: 9 octobre 2022 13:58

Des images de la police chinoise tenant des mitrailleuses à l’aéroport de la préfecture de Xishuangbanna  pour empêcher les touristes d’embarquer dans leurs avions sont devenues virales en Chine et à l’étranger.

Les touristes ont été pris au piège à l’aéroport après que les autorités locales de Banna ont soudainement confiné la ville de Jinghong, le 4 octobre. Ils criaient : « On veut rentrer ! »

Des policiers portant des équipements de protection individuelle complets et des armes à feu sont alors apparus à l’aéroport. Il n’est pas clair si leurs armes étaient chargées de balles réelles. On peut entendre un touriste s’indigner : « Vous allez tous nous tuer ? »

Le Xishuangbanna est une préfecture du Yunnan (sud-ouest) partageant des frontières avec la Birmanie et le Laos. La région est connue pour sa forêt tropicale humide, l’une des plus vastes d’Asie, où vivent des éléphants d’Asie, des tigres indochinois et des paons verts. De ce fait, le Xishuangbanna constitue une attraction populaire pour les touristes chinois.

Le chef-lieu de la préfecture est la ville de Jinghong. Elle aurait connu une reprise épidémique le 2 octobre en enregistrant un cas asymptomatique, et, le 4 octobre deux cas symptomatiques.

La ville de Jinghong, qui compte 642.737 habitants, a été confinée le 4 octobre. À partir de 14 heures, les vols et les trains à grande vitesse ont été suspendus, les autoroutes ont été fermées et un grand nombre de passagers se sont retrouvés pris au piège.

L’édition en langue chinoise d’Epoch Times a contacté plusieurs passagers qui se trouvaient à l’aéroport le 4 octobre.

La police venue réprimer les manifestants

M. Song (pseudonyme), en visite à Jinghong, a déclaré à Epoch Times le 5 octobre qu’il se trouvait à l’aéroport lorsque la police armée est venue mettre fin à la protestation des touristes qui n’avaient pas le droit d’embarquer dans leur avion.

Les touristes se trouvaient dans le hall de départ de l’aéroport de Banna. « Nous avons vu des avions atterrir puis décoller sans laisser les passagers monter à bord, alors certaines personnes se sont précipitées aux portes d’embarquement, espérant avoir l’occasion de partir. », a déclaré M. Song, ajoutant que la police est venue avec des armes à feu pour réprimer la protestation.

Selon lui, tous les avions ont été annulés après 14 heures sans préavis. « Certains avions ont atterri puis se sont envolés sans prendre de passagers. »

« Nous avons protesté jusqu’à minuit, et nous n’avons reçu aucune réponse des autorités sur le moment où nous pourrions partir. »

M. Song est toujours hébergé dans un hôtel à Jinghong.

« Personne ne sait combien de temps la ville de Jinghong va être confinée, et nous constatons que les futurs tarifs aériens ont considérablement augmenté. »

L’hébergement à l’hôtel est aux frais des touristes.

« Nous avons quitté l’aéroport après minuit, et l’hôtel où nous étions descendus nous fait payer 260 yuans (37 dollars) par nuit. Certains touristes ont été facturés 300 yuans (42 dollars) par nuit. » L’hôtel avait augmenté ses tarifs pour les nouveaux arrivants.

« Maintenant que tous les vols ont été annulés et que les trains à grande vitesse ont été suspendus, nous ne pouvons aller nulle part. » Certains touristes voulaient changer d’hôtel mais ne pouvaient pas quitter l’hôtel car les transports publics locaux et les taxis sont interdits de fonctionnement.

Mme Lin (pseudonyme) est une touriste de Shenzhen. Son souhait est de rentrer chez elle le plus rapidement possible.

« Le gouvernement local nous a dit que la ville serait fermée jusqu’au 6 octobre, mais il a prolongé cette période jusqu’au 9 octobre. Les autorités nous ont également demandé d’effectuer trois tests PCR au cours de la période de confinement de cinq jours », a déclaré Mme Lin à Epoch Times.

Elle a précisé qu’environ 1000 voyageurs de Shenzhen sont bloqués à Jinghong.

Certains sont restés à l’aéroport, selon Mme Lin.

« Nous avons appelé le gouvernement de Shenzhen pour lui faire part de notre situation. Nous leur avons demandé s’ils [les responsables du gouvernement de Shenzhen] pouvaient nous aider à affréter des avions pour nous ramener à Shenzhen à nos propres frais. » Elle n’a pas précisé si la municipalité de Shenzhen allait les aider ou non.

Elle ajoute que des touristes ont manifesté le 4 octobre sur un marché de nuit local et que la police est venue pour les frapper.

« Les manifestants sont des touristes parce que nous sommes enfermés ici, mais les trois patients du Covid sont des locaux, pas des touristes. Mais les locaux peuvent se déplacer, alors que les touristes doivent être isolés. » Il y a eu d’autres conflits physiques entre les touristes protestataires et la police locale.

Selon un avis du 4 octobre, le commandement de la prévention et du contrôle de la pandémie de Jinghong a indiqué que toutes les personnes devaient être mises en quarantaine pendant cinq jours et soumises à des tests PCR à trois reprises pendant la période de quarantaine. Seules les personnes ayant obtenu trois résultats négatifs et ne présentant aucun symptôme de Covid sont autorisées à quitter la préfecture, indique l’avis.

La Central News Agency (CNA) de Taïwan pense que les autorités locales chinoises renforcent encore leur politique zéro Covid  déjà très stricte pour empêcher la propagation du Covid à Pékin, à l’approche du XXe Congrès national du PCC. Selon l’ANC, plus de 1000 passagers étaient bloqués à l’aéroport de Banna le 4 octobre lorsque la police, vêtue d’une combinaison de protection personnelle, armée de fusils et de boucliers, a affronté les manifestants à l’aéroport.

Le PCC convoque son XXe Congrès national à la mi-octobre à Pékin, un événement majeur pour le remaniement politique et l’orientation des cinq prochaines années.

Le gouvernement provincial du Yunnan a déclaré le 6 octobre que la ville de Jinghong avait signalé un cas asymptomatique et trois cas symptomatiques à minuit le 5 octobre.

Epoch Times a contacté la municipalité de Jinghong et son bureau de prévention et de contrôle de la pandémie pour une demande de commentaires le 6 octobre, mais n’a reçu aucune réponse à l’heure de la mise sous presse.

Gu Xiaohua et Zhao Fenghua ont contribué à cet article.

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