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Éoliennes et mortalité des chauves-souris

Éoliennes : les balises lumineuses aggravent l’hécatombe de chauves-souris

Une étude franco-allemande démontre que les balises rouges des éoliennes allumées en continu attirent les chauves-souris vers les pales, provoquant des collisions mortelles. Un système activé uniquement à l'approche d'avions réduirait significativement ce risque.

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Les éoliennes d'un parc éolien à Aumelas, près de Montpellier, le 12 mars 2025.

Photo: GABRIEL BOUYS/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Les éoliennes tuent 200.000 chauves-souris chaque année en Allemagne. En France, le parc éolien de Lanouée en Bretagne a tué plusieurs centaines de ces mammifères protégés en quelques mois seulement. Une étude publiée mercredi 10 décembre dans la revue Journal of Applied Ecology révèle que les balises lumineuses rouges des éoliennes allumées en continu attirent dangereusement les chauves-souris vers les pales en rotation, selon France Info.

La Bretagne durement touchée

Le parc éolien de la forêt de Lanouée illustre dramatiquement l’ampleur du problème. Des suivis de mortalité ont permis de retrouver 48 cadavres de chiroptères entre le 12 juin et le 25 septembre 2023, d’après un communiqué de presse de Bretagne Vivante et du Groupe Mammalogique Breton. Ce bilan place ce parc au deuxième rang des parcs éoliens bretons les plus mortifères dès sa première année d’exploitation. Le parc a ouvert en avril 2023.
La mortalité réelle est probablement bien supérieure. Les charognards emportent les cadavres. La végétation forestière dense limite leur découverte. Ces cadavres ne pèsent que quelques grammes. Bretagne Vivante et le Groupe Mammalogique Breton affirment qu’il est « certain que ce parc a déjà tué plusieurs centaines de chauves-souris ». Les Pipistrelles constituent les victimes les plus régulières. Quatre espèces sont recensées en Bretagne.

Une incompatibilité avec les milieux forestiers

Les associations naturalistes bretonnes déplorent que « l’implantation d’éoliennes en forêt est incompatible avec les enjeux de préservation de la Biodiversité ».
Ces niveaux de mortalité impacteront durablement les populations locales de chauves-souris. Ces animaux se reproduisent lentement. Leurs populations sont peu abondantes. Les espèces de Pipistrelles présentent des tendances d’évolution de populations à la baisse. Leurs statuts de conservation ne cessent de se dégrader.

Un balisage lumineux moins nocif pour les chauves-souris

Une étude du Muséum national d’histoire naturelle et du bureau d’études Auddicé biodiversité, publiée dans le Journal of Applied Ecology, révèle que modifier l’éclairage nocturne des éoliennes réduit considérablement le risque de collision des chauves-souris. Le « balisage aéronautique nocturne des éoliennes » utilisant des « feux rouges clignotants, lorsqu’il est activé en continu, est plus nocif pour les chauves-souris que lorsqu’il est activé uniquement à l’approche d’un aéronef », souligne l’étude consultée par France Info.

Les chercheurs ont mené ces travaux en Allemagne, avant que ce balisage adaptatif ne devienne obligatoire. Selon eux, cette mesure « pourrait à la fois réduire l’impact des éoliennes sur la biodiversité et limiter les nuisances visuelles pour les riverains ». Fabien Verniest, chercheur au Muséum, rappelle que les pales en rotation constituent « un piège mortel » pour ces mammifères protégés. En Allemagne, environ 200.000 chauves-souris seraient tuées chaque année par des collisions avec les éoliennes.

Un comportement encore mal compris

Les feux rouges permanents attirent certaines espèces, déjà enclines à s’approcher des structures. « Ce risque est accentué par leur tendance à s’approcher des éoliennes, un comportement qui reste encore largement incompris », selon les auteurs. Fabien Verniest précise que les chauves-souris sont « plus attirées par les éoliennes quand il y a un balisage activé toute la nuit, contrairement à un balisage qui est mis en place une partie de la nuit uniquement ».

Le chercheur recommande de désactiver les balises lumineuses la majeure partie du temps, pour ne les activer qu’à l’approche d’un avion : « Dans notre étude, cela a représenté 12 % de la nuit. » Une adaptation que l’Allemagne a déjà appliquée.

La justice se saisit du problème

Les tribunaux commencent à sanctionner les exploitants. Le tribunal de Montpellier a ordonné le 7 avril 2025 l’arrêt pendant quatre mois des 31 éoliennes du parc d’Aumelas. Cette période correspond à la présence du faucon crécerellettes. Les juges ont reconnu EDF Renouvelables et neuf de ses filiales responsables de la mort de 160 individus d’oiseaux et chauve-souris, nomment de faucons crécerellettes.
Ce jugement représente une première au niveau pénal. Les juges ont condamné chaque société à 500.000 euros d’amende dont 250.000 avec sursis. Bruno Bensasson, ancien PDG d’EDF Renouvelables, a écopé de six mois de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende. France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée estime que ces éoliennes ont causé la mort de 150 à 300 faucons crécerellettes. Cette espèce migratoire est menacée de disparition.

Vers une évolution de la réglementation française ?

Kévin Barré est coauteur de l’étude. Il assure que « quand on identifie le facteur responsable d’un comportement à risque, derrière, ce sont des recommandations concrètes pour les politiques à mettre en œuvre ». L’Allemagne a rendu le balisage adapté obligatoire depuis janvier dernier. En France, la réglementation l’interdit pour l’instant. Pourtant, l’étude souligne l’intérêt de cette mesure. Elle pourrait concilier développement éolien et protection de la biodiversité.