Coronavirus à Montpellier : les propriétaires qui avaient chassé une infirmière de son logement seront jugés

Par Paul Tourège
16 avril 2020 12:32 Mis à jour: 16 avril 2020 12:32

Quelques semaines après les faits, le parquet de Montpellier a annoncé que le couple de retraités ayant mis à la porte une infirmière et ses proches par crainte d’être contaminés par le virus de Wuhan serait jugé au mois de juin.

Il y a quelques semaines, Mélina Florès, une infirmière de 37 ans qui travaille au service réanimation de l’hôpital Lapeyronie à Montpellier, avait été contrainte de quitter le logement qu’elle occupait avec son compagnon depuis le mois de juillet.

« Nous occupions le rez-de-chaussée d’une maison située à Montarnaud. Les propriétaires habitent au-dessus », avait expliqué l’infirmière dans les colonnes de La Gazette de Montpellier.

Dès le début de la crise sanitaire, la jeune femme décide de réunir toute sa famille dans la maison de Montarnaud qu’elle occupe avec son compagnon. Elle y rapatrie d’abord sa mère, pensionnaire dans un Ehpad, puis sa fille de 20 ans et sa petite fille de 3 ans, qui résident dans un appartement proche de la clinique Clémentville, à Montpellier.

« J’ai décidé de confiner ma mère, ma fille, ma petite-fille et mon compagnon dans la maison de Montarnaud. Comme ça, ma mère était à l’abri, ma fille et mon compagnon pouvaient s’occuper d’elle », expliquait Mélina Florès.

Elle s’installe pour sa part dans l’appartement de sa fille, plus proche de son lieu de travail. « J’étais loin de mes proches, mais près de l’hôpital. J’ai des horaires impossibles », confiait l’infirmière.

Mme Florès prévient les propriétaires qui lui louent le rez-de-chaussée de la maison de Montarnaud et leur explique la situation. Si ces derniers ne s’opposent pas immédiatement à l’installation des proches de l’infirmière, ils finissent par la rappeler pour se plaindre.

« Pour nous, ce sont des étrangers, on n’en veut pas chez nous », lui expliquent-ils.

L’infirmière tient bon et ne s’inquiète d’abord pas outre mesure : « Ma mère ne sortait pas. Ma fille et mon compagnon faisaient les courses. Moi, je pouvais m’occuper des patients l’esprit serein. »

La situation se dégrade toutefois rapidement et les propriétaires se font de plus en plus pressants. Âgés de 75 et 80 ans, ils craignent d’être contaminés par le virus du Parti communiste chinois (PCC) et décident de rendre la vie insupportable aux nouveaux occupants afin de leur faire quitter les lieux.

Les tensions deviennent de plus en plus vives et le couple de retraités finit par couper l’eau chaude, le chauffage ainsi que la télévision à ses locataires. Ils font également du bruit très tôt le matin pour réveiller la famille de l’infirmière.

« Ils m’ont dit: ‘On s’en fout que vous attrapiez le virus et que vous mourriez avec. Du moment que vous ne mourrez pas chez nous. Le pire, c’est qu’au début du confinement, on leur faisait leurs courses pour qu’ils ne sortent pas de chez eux », souligne la jeune femme.

Excédée, Mélina décide de mettre un terme à la location : « C’était devenu invivable. Ma mère et ma fille pleuraient tous les jours. J’ai décidé de mettre un terme à cette situation. »

Les propriétaires poursuivis en justice

Le 31 mars, la trentenaire sera contrainte de demander l’assistance des gendarmes de la brigade de Castelnau-le-Lez pour que les propriétaires acceptent de faire l’état des lieux de sortie.

Contacté par les journalistes de la Gazette de Montpellier quelques jours après le départ de Mme Florès et de ses proches, le couple de propriétaires avait assumé sa décision : « Ces gens n’avaient pas à venir chez nous. Le bail était pour deux personnes, mais là, c’était une invasion! Et il y avait cette grand-mère qui était dans un établissement pour personnes âgées. On sait bien que ce sont des endroits à risque, ces établissements  ! Nous ne voulions pas de ça chez nous. »

Alerté de la situation, le parquet de Montpellier avait ouvert une enquête préliminaire afin « d’établir si les conditions dans lesquelles cette [infirmière] amenée à quitter son domicile étaient susceptibles de recevoir une ou plusieurs qualifications pénales ».

À l’issue de l’enquête préliminaire, les propriétaires de la maison de Montarnaud avaient été placés en garde à vue. Le mercredi 15 avril, ils ont été présentés au parquet et se sont vu notifier une convocation par procès-verbal à l’audience du tribunal correctionnel de Montpellier du 29 juin.

Ils devront notamment répondre des chefs d’emploi de voies de fait ou contrainte pour forcer des personnes à quitter leur lieu d’habitation, de harcèlement moral, d’atteintes à l’intimité de la vie privée et de dégradations volontaires légères.

Contactée par les journalistes de France Bleu, Mélina Florès a fait part de son soulagement : « Il faut que ces gens là se rendent compte de la gravité de leurs actes. »

L’infirmière a également été très touchée par les nombreux messages de soutien qu’elle a reçus depuis la médiatisation de l’affaire. « Ça permet d’aller de l’avant », confie la jeune femme.

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