Le directeur d’un hôpital de Wuhan meurt d’une infection par le coronavirus

Le chef d’un hôpital de premier plan dans l’épicentre de la nouvelle épidémie de coronavirus de Wuhan est mort de cette maladie mortelle.

Le Dr Liu Zhiming, 51 ans, était neurologue et directeur de l’hôpital de Wuchang. Les médias d’État ont confirmé qu’il est décédé le matin du 18 février. Il est le plus haut responsable de la santé à avoir succombé au virus, également connu à ce jour sous le nom de COVID-19.

Le directeur et secrétaire du centre de communications au sein de la Commission de la santé de Hubei a d’abord rapporté que le Dr Liu était mort vers 22 heures, heure locale, le 17 février, par le biais de Weibo, une plateforme chinoise de médias sociaux populaire, semblable à Twitter.

Dans la publication, qui a ensuite été supprimée, le directeur et secrétaire du centre de communications décrit le Dr Liu comme le premier directeur d’hôpital à avoir « sacrifié » sa vie pour combattre le virus et a exprimé ses « plus sincères condoléances ».

Red Star News, une filiale du média chinois Chengdu Economic Daily, a confirmé la nouvelle par de multiples sources de l’hôpital Wuchang.

Le Dr Liu était en bonne santé depuis des années alors qu’il travaillait à l’hôpital et lors de son précédent poste de directeur adjoint au troisième hôpital de Wuhan, a déclaré à la rédaction un médecin qui le connaissait.

Les médias d’État ont annoncé sa mort le 18 février, disant qu’il était mort après que les soins d’urgence se sont avérés inefficaces.

La dernière apparition publique du Dr Liu a eu lieu à la mi-décembre, lors de la visite très médiatisée d’un spécialiste cardio-vasculaire, où il a prononcé un discours pour présenter l’hôpital.

Trois jours plus tôt, une infirmière du même hôpital, Liu Fan (sans lien de parenté avec le Dr Liu Zhiming), était également morte du virus à l’âge de 59 ans. D’après le compte-rendu de l’hôpital à Weibo, Liu Fan n’avait pas été affectée à un travail de première ligne comme le service de la fièvre en raison de son âge avancé. Son frère et ses parents ont également été diagnostiqués avec le virus.

Deux professeurs de l’Université des sciences et technologies de Huazhong à Wuhan, dont un chirurgien de transplantation à l’hôpital de Tongji, sont également morts de la maladie au cours des deux dernières semaines.

Au moins six autres travailleurs médicaux sont morts du virus, selon la Commission nationale de la santé.

Selon un rapport médical du 17 février, pas moins de 3 019 travailleurs de la santé ont contracté le virus entre le 8 décembre et le 11 février, bien que seulement 1 716 d’entre eux aient été officiellement diagnostiqués.

Confusion

La confusion est apparue quelques heures seulement après la publication du message du secrétaire du Parti sur Weibo, lorsque la femme du Dr Liu aurait dit à Pear Video, une importante plateforme chinoise de courts métrages, qu’il était dans un état critique et qu’il comptait sur une machine ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle) pour soutenir sa respiration. Elle a ajouté que sa maladie avait persisté pendant plus de 20 jours. Le Dr Liu a été transféré à l’hôpital de Wuhan Tongji le 14 février et est sous intubation depuis, dit-elle.

La voix dans la vidéo a été altérée électroniquement. Epoch Times n’est pas en mesure de vérifier de façon indépendante l’authenticité de la vidéo.

Epoch Times a contacté l’hôpital vers 10 heures du matin, heure locale, et un membre du personnel a confirmé qu’« il était soigné », mais n’a pas fourni plus d’informations. Un autre employé de l’hôpital a déclaré qu’il n’était pas plus au courant de la question que les discussions en ligne.

Le China Daily et plusieurs autres médias publics avaient également publié des articles sur la mort du Dr Liu, mais ont ensuite supprimé leurs articles et leurs messages sur les médias sociaux, d’une manière qui rappelle la mort du médecin et dénonciateur de Wuhan, le Dr Li Wenliang, il y a moins de deux semaines.

L’heure de la mort du Dr Liu était 10 h 30, selon les médias d’État chinois, citant une équipe médicale envoyée de Pékin.

Mort du lanceur d’alerte

Le Dr Li, l’un des huit professionnels de la santé de la ville qui a dénoncé une épidémie de type « SRAS » fin décembre, avait été réprimandé par la police chinoise pour avoir « lancé des rumeurs » avant de mourir du virus.

Ophtalmologiste, il a été infecté à son insu alors qu’il soignait un patient porteur du virus. Peu après, ses parents sont également tombés malades. Le Dr Li est décédé le matin du 7 février à l’âge de 34 ans, laissant son fils de 5 ans et sa femme enceinte.

Les rapports contradictoires et le retour en arrière sur la mort du Dr Li ont cependant suscité la colère sur Internet.

Les médias d’État ont d’abord rapporté que le Dr Li était mort d’une défaillance d’organe dans la soirée du 6 février, ce qui a rapidement déclenché une vague de chagrin dans tout le pays. Cependant, vers minuit, l’hôpital a déclaré sur Weibo qu’ils essayaient toujours de le réanimer. Ils l’ont également mis sous respirateur artificiel.

Les heures suivantes ont vu les censeurs en ligne commencer à effacer d’Internet les nouvelles et les articles concernant la mort du Dr Li. À 4 heures du matin, le porte-parole de l’État, le People’s Daily, a finalement confirmé sa mort dans un message sur les médias sociaux.

Sur les médias sociaux chinois, les gens ont fait le deuil du Dr Li et ont accusé les fonctionnaires de faire un spectacle politique pour contrôler l’opinion publique.

« Ils ne le laisseront même pas mourir dans la dignité », a commenté une personne.

Une autre personne a fait remarquer : « Ne voyez-vous pas que vous ne pouvez mourir que s’ils le veulent ? »

Le 11 février, quatre sénateurs américains ont présenté une résolution en l’honneur du Dr Li.

« Les autorités ont réduit au silence le Dr Li en tant que professionnel médical, mais le Dr Li en tant que citoyen a lancé un appel à une plus grande ouverture et transparence qui se répercutera longtemps après sa mort », avait déclaré à l’époque le sénateur Tom Cotton (R-Arkansas).