Faites ce que nous disons, pas ce que nous faisons

Par Kevin Andrews
23 janvier 2023 17:44 Mis à jour: 23 janvier 2023 18:03

« Faites ce que nous disons, pas ce que nous faisons », telle est clairement la tactique du Parti communiste chinois (PCC). Lors de sa récente apparition devant les médias, Xiao Qian, le nouvel ambassadeur chinois en Australie, a indiqué que l’obtention par ce pays de sous-marins à propulsion nucléaire dans le cadre du traité AUKUS ne serait pas constructive. Cela ne serait pas utile, a-t-il ajouté, en précisant que cela donnerait un mauvais exemple.

Ces remarques pourraient amener les personnes non informées à conclure que le PCC décourage activement l’équipement militaire à propulsion nucléaire. Pourtant, les restrictions qu’il veut voir appliquer à l’Australie sont totalement violées par le régime chinois lui-même.

Considérez seulement l’utilisation de l’énergie nucléaire par la marine de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise. Sur ses 56 sous-marins, 12 sont à propulsion nucléaire, et d’autres sont en cours de construction. La marine chinoise est en pleine expansion. Non seulement ses sous-marins sont à propulsion nucléaire, mais six d’entre eux transportent des missiles nucléaires intercontinentaux.

Leur marine possède également quelque 400 ogives nucléaires, un nombre qui devrait passer à environ 1500 dans les prochaines années. De vastes silos nucléaires ont été construits dans l’ouest du pays.

Pourtant, Pékin a le culot de demander à l’Australie de ne pas acquérir de sous-marins à propulsion nucléaire !

Les missiles balistiques intercontinentaux chinois à capacité nucléaire DF-41 lors du défilé militaire tenu à la place Tiananmen à Pékin, le 1er octobre 2019. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Peter Jennings, ancien directeur de l’Institut australien de politique stratégique, a récemment écrit : « Pékin déteste le traité AUKUS [qui vise à contrebalancer la présence militaire chinoise croissante dans l’Indo-Pacifique] parce qu’il complique ses plans de domination dans l’Indo-Pacifique. La technologie sous-marine américaine a un avantage que l’APL n’a pas pu neutraliser. »

Peter Jennings a raison. Les observateurs qui pensent que l’État-parti chinois a changé parce qu’il a laissé entendre qu’il allait lever ses interdictions commerciales ou qu’il a muté à de nouveaux postes certains de ses porte-parole de type « loup combattant », ne comprennent pas que Pékin joue un jeu à long terme. Les espoirs d’un nouveau nirvana économique sont au moins naïfs.

Au fond, le CCP reste pourri

Actuellement, le Parti emploie la technique du « bon flic/mauvais flic ». « Soyez gentil envers nous, et nous rétablirons un peu de commerce » avec l’Australie qui a, d’ailleurs, été capricieusement limité par Pékin. « Mais ne sortez pas du lot en défiant nos ambitions mondiales. »

L’image de l’ambassadeur qui jouait avec un verre de vin rouge australien a renforcé le message : « Soyez bons, et nous reprendrons votre vin et vos homards. »

De toute façon, la Chine importera les ressources minérales australiennes quand elle en aura besoin.

« Nous devons abandonner la mentalité de la guerre froide, essayer de comprendre la nature des choses du point de vue de la dualité matérielle, nous efforcer de construire une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et nous donner la main pour répondre aux défis mondiaux », a déclaré le vice-premier ministre chinois Liu He au Forum économique mondial de Davos le 17 janvier. « Nous pensons qu’un ordre économique international équitable doit être préservé par tous. »

Il a ajouté que Pékin s’opposait à l’unilatéralisme et au protectionnisme. Pourtant, le dirigeant chinois Xi Jinping proclame que le régime totalitaire est supérieur à la démocratie libérale et qu’il la remplacera dans le monde entier.

L’ire actuelle du PCC est dirigée contre le Japon. Son porte-parole international, le journal Global Times, a récemment lancé un avertissement : « Le Japon risque de se transformer en ‘Ukraine de l’Asie’ s’il suit la ligne stratégique des États-Unis. »

« Les États-Unis et le Japon continueront à marcher sur la ligne rouge tracée par la Chine pour provoquer la Chine continentale à utiliser la force en premier », poursuit l’éditorial du journal.

Il cite Lian Degui, directeur du département des Études japonaises de l’Université des études internationales de Shanghai : « Ils veulent mettre la Chine dans un dilemme où elle devra recourir à la force, puis rejeter la responsabilité sur la Chine continentale et lui reprocher d’avoir déclenché une guerre. »

Ces propos sont faux. C’est la marine chinoise qui harcèle les navires japonais en mer de Chine orientale. Ce sont les Chinois qui ont tiré des missiles au-dessus de Taïwan, dans les eaux japonaises.

Des pilotes de l’armée de l’air taïwanaise courent vers l’avion de chasse F-16V de fabrication américaine à la base aérienne à Chiayi, au sud de Taïwan, le 5 janvier 2022. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)

Le gouvernement australien actuel devrait se rappeler que Pékin a d’abord accueilli à bras ouverts les nouveaux Premiers ministres pour ensuite les condamner pour avoir défendu les intérêts de l’Australie ou soutenu les normes internationales.

La condamnation par Bob Hawke du massacre de la place Tiananmen a mis fin à l’idylle sino-australienne de l’époque. La référence de Kevin Rudd aux droits de l’homme dans son discours à l’université de Pékin a marqué le début d’une brouille plus récente. Elle s’est poursuivie sous les Premiers ministres libéraux suivants : le dernier, Scott Morrison, a été rejeté pour avoir demandé une enquête indépendante sur les origines du Covid.

L’État-parti chinois change peut-être de tactique, mais sa stratégie à long terme de domination mondiale reste toujours la même.

Kevin Andrews a siégé au Parlement australien de 1991 à 2022 et a occupé divers postes ministériels, dont celui de ministre de la Défense de l’Australie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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