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Enquête sur les campagnes électorales RN: des saisies importantes chez des imprimeurs soupçonnés de surfacturation

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Le président du Rassemblement national et membre du Parlement européen Jordan Bardella et la présidente du groupe parlementaire Rassemblement national Marine Le Pen, à l'hôtel Matignon à Paris, le 16 décembre 2024.

Photo: LOU BENOIST/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Les juges d’instruction chargés de l’enquête sur de possibles surfacturations lors des récentes campagnes électorales du Rassemblement national (RN) ont procédé, en juillet, à d’importantes saisies pénales chez plusieurs imprimeurs réputés proches du RN.

Ces saisies, révélées mardi par l’AFP de source proche du dossier et sur lesquelles le parquet de Paris n’a pas souhaité commenter, sont vigoureusement contestées par les intéressés, a indiqué une source judiciaire.

Des saisies dans le sillage des perquisitions au siège du RN

Ordonnées le 11 juillet, ces mesures sont intervenues deux jours après des perquisitions spectaculaires au siège du RN, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juillet 2024. Cette enquête porte sur des soupçons de financement illégal de plusieurs campagnes électorales – présidentielle et législatives de 2022, européennes de 2024, entre autres.

Elle se décline en deux volets : d’une part, d’éventuels prêts illégaux consentis par des particuliers au bénéfice du parti ou de ses candidats ; d’autre part, la facturation de prestations jugées fictives ou surfacturées, intégrées ensuite aux demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne. C’est ce second volet qui est directement visé par les saisies de juillet.

Selon une autre source proche du dossier, la justice tente d’établir si certains imprimeurs ont volontairement gonflé leurs tarifs afin d’atteindre le plafond des remboursements publics, et si l’éventuelle surfacturation a uniquement profité aux prestataires ou a, en partie, été reversée au RN. Tous les protagonistes bénéficient, à ce stade, de la présomption d’innocence et aucun n’a été mis en examen.

Trois sociétés visées, dont le principal imprimeur du RN

Toujours selon les mêmes sources, les comptes de la société Roto Presse du Centre (RPC) ont été saisis à hauteur d’environ un million d’euros. D’après un document européen public, cette entreprise est, pour un montant de 150 000 euros au second semestre 2024, le premier prestataire du groupe « Patriotes pour l’Europe » rassemblant les eurodéputés RN.

La maison-mère de RPC, Imprimatur, dirigée par Jean‑Philippe Tauran, a également fait l’objet d’une saisie – pour un montant non précisé. Basée en Haute‑Vienne, cette imprimerie serait, selon Mediapart et Le Monde, le principal partenaire du RN depuis 2019.

Une troisième société a été visée : le Groupement des imprimeurs français (GIF), détenu par Paul‑Alexandre Martin, ancien candidat RN et compagnon de route du parti, proche des réseaux GUD, un mouvement d’ultradroite dont plusieurs anciens dirigeants ont collaboré avec le RN. MM. Tauran et Martin, ainsi que leurs conseils, n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

Le RN dénonce des accusations « abusives »

Wallerand de Saint‑Just, délégué RN aux affaires juridiques, a confirmé à l’AFP avoir « cru comprendre que des saisies et des perquisitions ont visé des imprimeurs qui avaient travaillé », « peut-être bien pour les dernières régionales » de 2021, sur la fourniture de prestations liées au « R39 ».

Ce sigle désigne le matériel de propagande électorale (bulletins, affiches, etc.) dont le remboursement est prévu par l’État. « L’administration, à chaque élection, fixe un tarif maximum de remboursement de ce matériel », tarif « toujours » choisi par les imprimeurs, rappelle l’ancien trésorier du RN.

Selon lui, « reprocher au titre de la surfacturation, donc de l’escroquerie, à un imprimeur d’utiliser le tarif officiel pour se faire payer le matériel officiel, c’est totalement abusif, surtout après l’arrêt Jeanne ».

En mars 2023, le RN avait en effet été relaxé en appel, après avoir été accusé d’escroquerie à l’occasion des élections de 2012 concernant ses frais d’impression. La cour avait alors relevé que l’ensemble des candidats sollicitait « un tarif identique » et estimé que « l’État ne peut être victime d’une pratique qu’il admet sciemment pour tous ».