Les États-Unis s’efforcent d’empêcher la Russie de s’emparer des « installations de recherche biologique » en Ukraine insistent les responsables américains

Par Mimi Nguyen-ly
11 mars 2022 01:58 Mis à jour: 11 mars 2022 01:58

Les États‑Unis s’efforcent d’empêcher la Russie de prendre le contrôle des « installations de recherche biologique » ukrainiennes, selon un responsable américain.

Lors d’une audition de la commission des Affaires étrangères du Sénat le 8 mars, le sénateur Marco Rubio (Parti républicain‑Floride) a demandé à Victoria Nuland, sous‑secrétaire d’État aux Affaires politiques, si l’Ukraine possédait des armes chimiques ou biologiques.

« L’Ukraine dispose d’installations de recherche biologique, et nous craignons que les forces russes cherchent à en prendre le contrôle. Nous travaillons donc avec les Ukrainiens afin d’empêcher que ces équipements de recherche ne tombent entre les mains des forces russes si elles s’en approchent », a déclaré Mme Nuland.

Marco Rubio d’interroger : « Je suis sûr que vous savez que les groupes de propagande russes mettent déjà toutes sortes d’informations sur la façon dont ils ont découvert un projet ukrainien destiné à libérer des armes biologiques dans le pays en coordination avec l’OTAN. »

« S’il y a un incident ou une attaque à l’arme biologique ou chimique en Ukraine, seriez‑vous convaincue à 100 % que les Russes en sont les instigateurs ? »

Victoria Nuland : «  Il n’y a aucun doute dans mon esprit, sénateur. »

« C’est une technique russe classique de rejeter sur l’autre ce qu’ils prévoient de faire eux‑mêmes. »

La Russie réitère régulièrement l’accusation selon laquelle des laboratoires financés par les États‑Unis en Ukraine développent des armes de guerre biologique, mais les États‑Unis et l’Ukraine maintiennent que ces laboratoires ont pour objectif de prévenir les armes biologiques et les agents pathogènes.

Accusations russes

Le ministère russe de la Défense a publié une déclaration sur Telegram accusant l’Ukraine d’avoir détruit des agents pathogènes étudiés dans un laboratoire ukrainien financé par le département américain de la Défense.

« Au cours d’une opération militaire spéciale, les faits relatifs au nettoyage d’urgence par le régime de Kiev des traces d’un programme biologique militaire financé par le département américain [de la Défense] mis en œuvre en Ukraine ont été révélés », a déclaré le ministère russe de la Défense dans son communiqué du 6 mars.

Selon cette déclaration, le ministère russe a reçu des documents montrant comment le ministère ukrainien de la Santé aurait « envoyé des instructions à tous les laboratoires biologiques » au 24 février pour détruire d’urgence les « stocks d’agents pathogènes dangereux », notamment la peste, l’anthrax, la tularémie et le choléra.

Dans une déclaration distincte, publiée le 7 mars, le ministère russe a affirmé que l’Ukraine « a réuni une chaîne de plus de 30 laboratoires biologiques » commandée par la Defense Threat Reduction Agency (DTRA).

Le même jour, le régime chinois a répété les allégations russes. Un porte‑parole du département d’État américain a déclaré à Epoch Times que tout cela était « de la propagande russe et un non‑sens total ».

« De telles affirmations russes ont été démenties à plusieurs reprises et de manière irréfutable depuis de nombreuses années. Comme nous l’avons toujours dit, la Russie invente de faux prétextes pour justifier ses actions odieuses en Ukraine. »

Ces allégations russes ont été diffusées par les médias d’État plusieurs semaines avant l’invasion de l’Ukraine du 24 février.

Selon le ministère de la Défense britannique dans un communiqué du 8 mars : « Depuis la fin du mois de février, les accusations russes selon lesquelles l’Ukraine développe des armes nucléaires ou biologiques se sont nettement intensifiées. »

« Ces narratifs existent depuis longtemps, mais il semble qu’ils soient amplifiés actuellement pour permettre de justifier rétrospectivement l’invasion de l’Ukraine par la Russie. »

Les États‑Unis et l’Ukraine affirment que leurs laboratoires se consacrent à la prévention des armes biologiques

Le DTRA a précédemment déclaré dans une vidéo publiée en janvier que le Programme de réduction des menaces coopératives (CTR) « ne développe pas d’armes biologiques ».

Dans la même vidéo, Chris Park, un fonctionnaire du département d’État, a déclaré aux Nations unies que les allégations formulées par la Russie et la Chine concernant des « activités suspectes » dans des laboratoires ukrainiens relèvent de la « pure désinformation ».

L’une des composantes du CTR est le Biological Threat Reduction Program (BTRP). [Programme de réduction de la menace biologique, ndt.] En avril 2020, l’ambassade des États‑Unis en Ukraine a publié une déclaration expliquant que le BTRP « œuvre avec le gouvernement ukrainien à consolider et sécuriser les agents pathogènes et les toxines présentant un risque pour la sécurité dans les installations du gouvernement ukrainien, tout en permettant des recherches à des fins pacifiques et le développement de vaccins. »

Le programme vise également à « garantir que l’Ukraine puisse détecter et signaler les épidémies causées par des agents pathogènes dangereux avant qu’elles ne constituent une menace pour la sécurité ou la stabilité. »

« Nos efforts conjoints contribuent à garantir que les agents pathogènes dangereux ne puissent pas tomber entre de mauvaises mains », peut‑on lire.

L’ambassade des États‑Unis en Ukraine indique que le BTRP « a mis à niveau de nombreux laboratoires pour le ministère de la Santé et le service national de sécurité alimentaire et de protection des consommateurs ukrainiens, atteignant le niveau de biosécurité 2 ».

Les bulletins d’information figurant sur le site Web de l’ambassade des États‑Unis en Ukraine, trouvées via Internet Archive, renvoient à plusieurs documents détaillant des investissements effectués par le gouvernement américain pour certains laboratoires ukrainiens.

Le feuillet de renseignements (pdf) pour le centre des laboratoires de l’Oblast de Kharkiv, par exemple, comporte un paragraphe qui se lit comme suit : « Investissement du gouvernement américain – Coût total du laboratoire : 1 638 375 $ (1 195 398 $ pour la conception et la construction, 442 977 $ pour l’équipement et le mobilier du laboratoire). » Une autre ligne indique : « Donateur – le Département de la Défense des États‑Unis d’Amérique ».

Les feuillets de renseignements des 10 autres laboratoires comportent des paragraphes similaires.

Le Pentagone n’a pas répondu à une demande de commentaires avant la mise sous presse.

Le CTR a été lancé peu après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. L’un de ses objectifs était de réduire la menace des programmes d’armes de destruction massive existants dans les anciennes républiques soviétiques.

Dans le cadre de ce programme, l’Ukraine et les États‑Unis ont conclu deux accords : l’un en 1993 et l’autre en 2005. La principale agence de sécurité ukrainienne, le Service de sécurité de l’Ukraine (SBU), a donné des précisions sur ces accords dans un message publié sur Facebook en mai 2020 :

« Depuis 1993, il existe un accord qui prévoit d’aider notre État à éliminer les armes nucléaires stratégiques et à prévenir la prolifération des armes de destruction massive. L’un des points est la détection et la prévention à temps des épidémies causées par des agents pathogènes dangereux. »

En 2005, le ministère ukrainien de la Santé et le département américain de la Défense ont signé un accord (pdf) visant à prévenir la « prolifération des technologies, des agents pathogènes et des connaissances susceptibles d’être utilisés pour la mise au point d’armes biologiques », selon les termes du SBU.

Dans le cadre de l’accord conclu en 2005, un certain nombre de laboratoires d’État situés dans les villes ukrainiennes d’Odessa, de Kharkiv, de Lviv, de Kiev, de Vinnytsia, de Kherson et de Dnipropetrovsk « ont été modernisés » grâce à des projets de rénovation ou le renouvellement des équipements, a précisé le SBU.

Il n’y a « aucun laboratoire biologique étranger en Ukraine », a également insisté le SBU, ajoutant que les laboratoires concernés appartiennent au gouvernement ukrainien et sont financés par ce dernier. « Nous précisons que ces laboratoires sont financés par le budget de l’État subordonné au ministère de la Santé et au Service d’État ukrainien sur la sécurité alimentaire et la protection des consommateurs. »

Entre‑temps, le document de 2005 indique que « le coût total pour le département de la Défense des États‑Unis de l’ensemble du matériel, de la formation et des services fournis en vertu du présent accord et des dépenses associées s’élèvera à quinze millions de dollars américains. » Le document précise que l’assistance du Pentagone au ministère ukrainien de la Santé comprend « une coopération dans la recherche biologique, l’identification d’une réponse aux agents de menace biologique, l’amélioration de la protection, de la surveillance du matériel biologique et de la responsabilisation. »

Andrew Weber, chargé de mission au Council on Strategic Risks et membre du conseil d’administration de l’Arms Control Association, a également affirmé à l’AFP le 3 mars que le Pentagone « n’a jamais eu de laboratoire biologique en Ukraine ».

Andrew Weber a déclaré à PolitiFact que le CTR « fournit un soutien technique au ministère ukrainien de la Santé depuis 2005 afin d’améliorer les laboratoires de santé publique » et que la mission des laboratoires de santé « est analogue à celle des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies » et ils « ont récemment joué un rôle important dans l’arrêt de la propagation du Covid‑19. »

Michael Washburn a contribué à cet article.

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